Une légende rapporte que c’est en regardant ses chèvres présenter des signes anormaux d’excitation qu’un jeune berger de l’actuelle Éthiopie aurait remarqué l’effet tonique des fruits du caféier mastiqués par ses bêtes.
À son tour, il en consomma et constata avec surprise qu’il pouvait rester éveillé plus longtemps qu’à l’accoutumée.
Bien d’autres légendes parlent de branches de caféier tombées dans le feu dégageant un agréable parfum ou encore, du soufi Abou Hassan al-Shâdhili (1197-1258) qui ne se serait nourri que de "l’arbre à café".
Si l’on admet que l’histoire du café a bien commencé en Éthiopie, force est de reconnaître que sa diffusion commence rapidement vers le Caire et, du port de Moka où il est livré, vers La Mecque, Damas, Alep et Istanbul qui, en 1554, voit deux Syriens ouvrir la première maison de café.
Vers une popularité du café en Turquie
En moins d’un siècle, le café se répand dans tout le Moyen-Orient mais c’est en Turquie qu’il devient le plus populaire.
Si en Extrême-Orient, la cérémonie du thé est une véritable institution, en Turquie, servir le café est aussi un processus ritualisé.
Le café est cher et mérite les égards qui sont dus à son rang.
Dans les familles aisées, aristocratiques et bourgeoises, dès la fin du XVIII ème siècle et tout le long du XIX ème il est servi dans de petites coupelles appelées fincan (coupe), elles-mêmes placées dans des supports connus sous le nom de zarf (étui).
Différents modèles de zarf
Décoratif et protégeant de la chaleur les doigts du consommateur, le zarf, conçu en matière plus ou moins noble, indique aussi la fortune et le rang social de son propriétaire.
Si les coupelles sont généralement en porcelaine, plus rarement en faïence, les zarf sont réalisés dans des matières aussi différentes que la terre cuite, le bois, la corne, l’ivoire ou l’écaille de tortue mais hélas, il ne reste que très peu d’exemplaires de ces modèles.
Majoritairement on peut encore admirer ceux en cuivre, en argent massif ou filigrané, en vermeil, en or et en or émaillé agrémentés ou non de pierres fines.
Comme toutes les pièces de bijouterie, de joaillerie ou d’orfèvrerie, le zarf n’échappe pas au contrôle du titre de métal précieux et seules les pièces certifiées se trouvent gratifiées du poinçon du Tuğra du Sultan
Pour ce faire, on prélève un peu de métal à l’intérieur de l’objet pour évaluation, après quoi la certification est apposée ostensiblement en façade.
Devenue boisson de luxe, le café est lentement mais inexorablement remplacé par le "çay" dont la culture autochtone rend l’approvisionnement plus facile et moins couteux.
Enfin, les modes changent et la tasse dotée d’une petite anse remplace le zarf qui perd son rôle utilitaire et prend sa "retraite" en qualité d’objet de vitrine...