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L’Akçe, histoire d’une petite monnaie turque oubliée

Deux pièces de monnaie ottomane, l'akçeDeux pièces de monnaie ottomane, l'akçe
A g., Akçe de Süleyman 1er, à d., Akçe de Beyazit II      
Écrit par Chantal et Jacques Périn
Publié le 9 avril 2021, mis à jour le 9 avril 2021

L'Akçe, souvent appelé "aspre" dans la littérature française, est une pièce d'argent créée au XIVème siècle. Cette petite pièce d’environ 1 gramme fut l’une des unités monétaires de l’Empire ottoman jusqu’à sa disparition au début du XIXème siècle.

Son apparition est datée de 1326 sous le règne d’Orhan, fils d’Osman 1er auquel il succéda la même année.  

Frappée dans tous les territoires conquis par l’Empire Ottoman à l’exception de l’île de Rhodes, de l’Iran, de l’Arménie et de la Hongrie, cette petite pièce, trop petite, trop légère, et jugée insignifiante, ne fut pas considérée par le monde arabe habitué à des monnaies d’argent plus importantes et donc plus "respectables".

Néanmoins, bien que d’aspect modeste, l’Akçe représente une réserve importante de métal précieux du trésor impérial. C’est avec lui qu’on paye les ouvriers, les soldats, les fonctionnaires, les imams qui, eux-mêmes, le réintroduisent dans le circuit en faisant leurs propres achats.

Dans l’Empire ottoman, comme il ne peut y avoir qu’un Dieu, il ne peut y avoir également qu’un seul Sultan et par voie de conséquence, qu’un seul Akçe.

Aussi, lorsqu’un Sultan disparaît, les Akçe sont repris par le Trésor, fondus et frappés au nom du nouveau Sultan, faisant alors disparaître toute trace de son prédécesseur.

C’est ainsi que le Grand Vizir Ishak Pacha fit frapper des Akçe à titre posthume du Sultan Mehmet II dont il cacha le décès afin de laisser le temps à Beyazit II de regagner Constantinople et de prendre possession du trône au détriment de son frère Cem, prétendant légitime.

Après une période de stabilité, les conquêtes militaires entraînent des dépenses qui amènent des réformes auxquelles la monnaie n’échappe pas.

On commence à procéder à la dépréciation de l’Akçe en diminuant la part d’argent pour la remplacer par du cuivre. C’est ainsi que vers 1618, sous le règne d’Osman II, la petite pièce ne contient plus que 0,306 gramme d’argent soit moins du tiers de la valeur initiale.

Cinquante ans plus tard, le Sultan Süleyman II entreprend de nouvelles réformes monétaires qui génèrent la création de la Piastre ottomane d’un poids de 19,38 grammes d’argent.

Ayant encore perdu de sa valeur, l’Akçe est alors échangé au taux de 100 unités pour une Piastre…

De plus en plus dévalué, l’Akçe résiste encore un siècle et demi et finit par disparaître en 1839, année de la dernière frappe.

’’Amaigri’’ une fois de plus, on ne trouve plus que 0,01 gramme d’argent dans sa composition.

Triste fin pour cette petite pièce qui résista cependant cinq siècles et qui porta et transporta le sceau des Sultans dans tout l’Empire ottoman.

Mis à part les numismates, qui se souvient encore d’elle ? Témoin d’une longue histoire mouvementée, l’Akçe ne mérite-t-il pas qu’on lui consacre ces quelques lignes ?

 

akçe monnaie ottomane
À g., Akçe de Mehmet II, à d., Akçe de Süleyman 1er                                                 

 

Akçe monnaie ottomane
À g., Akçe de Beyazit II, à d., Akçe d’Ibrahim 1er     

 

La mosquée de Soliman le Magnifique aurait coûté 59 millions d'Akçe en 1550. 

 

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