Que signifie la République pour les Turcs aujourd’hui ? À l’occasion du 29 octobre, lumière sur les traditions, les symboles et la manière dont cet héritage continue de se transmettre.


1923 : naissance d’une République, repères historiques essentiels
De l’Empire ottoman à l’État-nation moderne
Au lendemain de la guerre d’indépendance, la Turquie s’engage dans un tournant décisif. L’abolition du sultanat, puis la proclamation de la République le 29 octobre 1923, installe un nouveau cadre politique, fondé sur la souveraineté nationale et une modernisation rapide des institutions.
Pourquoi le 29 octobre devient-il jour de fête nationale ?
La date fixe une mémoire commune. Chaque année, elle rappelle l’acte fondateur qui a structuré le récit national : un pays unifié, tourné vers l’avenir, attaché à l’éducation, à la citoyenneté et à l’idée d’un État moderne.
Atatürk, figure fondatrice et mémoire commune
Mustafa Kemal Atatürk demeure au cœur de cette histoire. Son rôle dans la naissance de la République, ses réformes et sa vision d’un État laïque et souverain ont façonné l’imaginaire collectif. Portraits, citations, hommages : la présence d’Atatürk s’inscrit dans la vie publique, à l’école comme dans l’espace civique.
A comme Atatürk, le fondateur de la République de Turquie
Comment la Turquie célèbre aujourd’hui le 29 octobre
Cérémonies officielles
Comme chaque année, les célébrations commencent à Ankara, au mausolée d’Atatürk (Anıtkabir) : dépôt de gerbe, minute de silence, hymne national (İstiklâl Marşı) et discours des autorités. Les édifices officiels arborent le drapeau national, les écoles reprennent ce protocole à leur échelle.
Istanbul, Ankara, Izmir : préparatifs et célébrations
À Istanbul, la municipalité a déjà annoncé des préparatifs pour 2025. Une répétition générale a eu lieu le 19 octobre, avec la fermeture de plusieurs axes de circulation du centre-ville en vue du défilé du 29 octobre. Les théâtres municipaux (Şehir Tiyatroları) proposent également des représentations gratuites pour marquer le 102ᵉ anniversaire de la République.
Dans les grandes villes, les soirées du 29 octobre s’achèvent souvent par des marches aux flambeaux (fener alayı), des concerts ou des illuminations, notamment sur les ponts du Bosphore à Istanbul et la place Gündoğdu à Izmir.
Rouge et blanc dans l’espace public
Dans tout le pays, les rues, les balcons et les vitrines se couvrent de drapeaux. Les écoles décorent leurs cours, les enfants récitent des poèmes et répètent l’hymne national. Les chaînes de télévision diffusent discours, documentaires et films consacrés à Atatürk. Sur les réseaux sociaux, les hashtags liés au #29ekim rassemblent vidéos, chants patriotiques, ou scènes familiales autour du drapeau.
L’İstiklâl Marşı, un hymne national chargé d’histoire et de mémoire
Une célébration qui évolue : générations, formes, émotions
Des symboles partagés, des façons différentes de les vivre
Pour une grande partie de la population, le 29 octobre reste un moment d’unité et de fierté nationale. Les drapeaux, les chants, les marches aux flambeaux et les hommages à Atatürk expriment cet attachement constant à la République et à ses fondateurs. La date figure parmi les commémorations les plus respectées de l’année, aux côtés du 23 avril, Fête nationale de la souveraineté et des enfants, et du 10 novembre, anniversaire de la mort d’Atatürk.
23 avril en Turquie : histoire de la fête de la souveraineté et des enfants
Jeunesse urbaine, réseaux sociaux et nouvelles formes de célébration
Chez les plus jeunes, la célébration peut prendre d’autres chemins. Certains participent aux cérémonies scolaires ou aux concerts organisés par les municipalités ; d’autres préfèrent exprimer leur attachement à la République par des vidéos, des extraits de discours d’Atatürk ou des montages partagés sur TikTok et Instagram. Ce passage du rituel collectif à l’expression numérique ne traduit pas un désintérêt, mais une manière différente de s’approprier les symboles.
Entre héritage et besoin de transmission
La fête de la République est une commémoration, un rappel de ce qui a été construit, mais aussi de ce que certains souhaitent préserver ou transmettre. Si la majorité voit dans cette journée un motif de rassemblement, d’autres y voient aussi une mémoire à protéger : celle d’un pays fondé sur la citoyenneté, la souveraineté nationale et la laïcité. Ces sensibilités ne s’expriment pas toujours publiquement, mais affleurent parfois dans les discours d’universitaires, sur les réseaux sociaux ou dans la sphère privée.
Une histoire partagée, un avenir à transmettre
Plus d’un siècle après sa proclamation, la République turque reste l’un des fondements les plus partagés de l’identité nationale. Le 29 octobre n’est pas seulement un hommage au passé, c’est un moment où se renouent les liens entre histoire, mémoire et vie quotidienne. Des écoles aux places publiques, des foyers aux réseaux sociaux, le pays réaffirme ce qui l’unit.
La fête de la République rappelle un parcours collectif, celui d’un État moderne, fondé sur la souveraineté populaire et la transmission d’un idéal commun. Pour certains, elle exprime aussi le souhait de préserver cet héritage et de continuer à le faire vivre. Entre fierté, respect et souci de préservation, la République demeure un repère partagé, transmis d’une génération à l’autre.
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