

Emirhan Gürp?nar a 21 ans, il est né à Istanbul et vient d'être admis à l'école Polytechnique de Paris après deux ans de préparation au sein du non moins célèbre lycée Henri IV. Avant de partir pour la France, Emirhan a étudié au lycée Galatasaray, situé sur l'avenue d'Istiklal à Taksim. Lepetitjournal.com d'Istanbul a rencontré ce jeune homme méritant. Il nous explique son parcours déjà teinté de succès.
Lepetitjournal.com d'Istanbul : Qu'est ce qui vous a poussé à vouloir étudier dans la langue de Molière ?
Emirhan Gürp?nar (photo SH): A vrai dire, quand j'étais au collège, je n'avais pas vraiment conscience de l'importance de parler une langue étrangère. Après le concours national, j'ai obtenu les notes suffisantes pour rentrer à Galatasaray et j'étais très satisfait car c'est l'un des lycées les plus côtés de Turquie. ce n'était donc pas pour le français en particulier. D'ailleurs je ne parlais pas du tout français à l'époque! J'ai suivi une année de classe linguistique. Aujourd'hui, je parle turc, français et anglais, et j'ai compris l'importance de parler une langue étrangère, cela permet de comprendre le monde différemment.
Qu'est-ce qui vous a donné l'envie de venir étudier en France dans les écoles les plus prestigieuses de la capitale ?
C'était en première année de lycée. Nous avions eu une journée ?carrières? où d'anciens étudiants du lycée Galatasaray étaient venus nous rencontrer pour nous parler de leurs études. C'est ainsi que j'ai entendu parler des classes préparatoires et des grandes écoles. Certains professeurs nous en ont parlé aussi et nous ont expliqué les procédures, je pense notamment à Madame Gentric et Monsieur Fourreau. En Turquie, nous n'avons pas ce système des grandes écoles, c'est très spécifique à la France. J'ai été pris aussi à l'université du Bosphore à Istanbul, j'ai longtemps hésité et puis j'ai franchi le pas : je suis allé à Henri IV à Paris. Et aujourd'hui, vu mes résultats, je ne regrette pas!
Comment se sont passées vos deux années de classe prépa ?
Il y avait beaucoup de travail et beaucoup d'heures de cours, environ 40 heures par semaine. Nous avions des devoirs surveillés toutes les semaines. Il y avait beaucoup de pression et beaucoup de concurrence. L'esprit de compétition m'a beaucoup changé de l'atmosphère de Galatasaray, où nous nous étions plutôt solidaires. J'étais interne au lycée Henri IV, je n'ai pas eu beaucoup de temps pour visiter Paris, d'autant plus que l'internat était fermé pendant les vacances, alors je rentrais à Istanbul. Cependant, j'allais courir le week-end au parc du Luxembourg. J'aime bien me promener dans le Quartier latin et j'aime aussi beaucoup les librairies Gilbert Joseph.
Vous avez été admis dans plusieurs écoles, comment avez-vous fait votre choix ?
Oui, j'ai d'abord appris que j'étais admis à l'école polytechnique de Paris. J'ai terminé 27ème sur les 37 candidats étrangers retenus. Puis j'ai appris que j'étais sur liste d'attente pour l'Ecole Normale Supérieure de Lyon, ainsi que celle de Cachan. J'ai longtemps hésité. J'ai demandé à plusieurs anciens élèves et à mes professeurs. Finalement, j'ai choisi Paris car c'était plus sûr et puis il y a une filière mathématique qui me plaisait bien. Mais je suis face à une nouvelle hésitation car le 25 juillet dernier, j'ai appris que j'étais aussi admis à l'Ecole Polytechnique Fédérale de Lausanne. Je pense néanmoins rester à Paris. Un ancien élève m'a expliqué que je pourrais ensuite faire une année ERASMUS à Lausanne si je le souhaite. Et puis Paris dispose d'un enseignement plus généraliste que Lausanne.
A la fin de votre école, quels sont vos projets ?
C'est un peu tôt pour le dire mais je projette de faire un doctorat. Et pour cela, je préfère rester en France, ou ailleurs, mais ne pas retourner en Turquie où la place accordée à la recherche scientifique est moindre qu'en France, en particulier dans le domaine des mathématiques. En France, il y a plus de moyens octroyés à la recherche et plus de places pour les doctorants notamment grâce à de nombreux centres de recherche, comme le CNRS.
Quand vous étiez à Paris, qu'est-ce qui vous a le plus manqué d'Istanbul?
L'atmosphère du lycée m'a beaucoup manqué et notamment ma promotion. Je vois mes amis du lycée pendant les vacances quand je suis à Istanbul et ils me disent la même chose. Après les cours, nous allions souvent boire un thé ici entre amis, dans le Hazopulo Pasaj?. Cela me rappelle l'époque du lycée. C'était très différent mais aujourd'hui je ne regrette pas.
Et quand vous êtes à Istanbul, que vous manque-t-il de votre vie parisienne?
Quand je suis rentré cet été, il me manquait la fraîcheur parisienne. Il faisait très chaud ici. Et puis, j'ai vu à la télévision qu'il faisait aussi très chaud à Paris. Il n'y a pas de parc comme le jardin du Luxembourg à Istanbul, et cela me manque.
Quels conseils donneriez-vous aux nouvelles promotions du lycée Galatasaray qui veulent se lancer dans l'aventure des Grandes écoles en France ?
C'est difficile, je ne sais pas si je peux donner des conseils mais une chose est sûre, s'ils sont admis en classe prépa sur Paris, alors nous pourrons nous voir là-bas. Je pense surtout qu'il faut prévoir un plan B au cas où ça ne marcherait pas en France, que la personne soit admise ou pas. Par exemple, dans mon cas, j'étais pris à l'université du Bosphore ce qui voulait dire que si je voulais rentrer, je pouvais reprendre mes études ici. Ensuite, il ne faut pas avoir peur de viser haut. Le lycée Henri IV a un contrat avec l'université Paris 6 par exemple. Si la classe prépa est difficile à supporter, les élèves peuvent rejoindre l'université. Ensuite, je dirais qu'il faut aimer les sciences car il y a beaucoup de sciences fondamentales. En Turquie, pour être ingénieur, nous n'apprenons pas autant de choses.
Propos recueillis par Sidonie Hadoux (www.lepetitjournal.com/istanbul) lundi 28 juillet 2014











































