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BODRUM – Le Kabbak, ou l’art de transformer les courges en lampes

Écrit par Lepetitjournal Istanbul
Publié le 28 décembre 2014, mis à jour le 28 décembre 2014

A Bodrum, dans un village nommé Dereköy, se trouve un petit atelier où, il y a une vingtaine d'années, Erkin Özgür a commencé à magnifier un légume peu consommé...

LepetitjournalIstanbul: Pouvez-vous vous présenter?

Erkin Özgür (photo GL): Je viens de Milas. Je suis diplômé en comptabilité mais je n'ai jamais exercé. Cela ne me plaisait pas, c'était le choix de mon père et je n'ai d'ailleurs jamais récupéré mon diplôme. Nous sommes trois frères. A Milas, nous avions une usine où nous fabriquions de l'huile d'olive.

Il y a 22 ans, je me suis installé à Gümü?lük et je me suis mis à vendre de vieux objets et produits sur les marchés, que je recueillais dans les villages, sur les bateaux... A partir d'objets non utilisés, j'ai commencé à fabriquer des gris-gris, notamment contre le mauvais oeil, pour la chance, pour faire fuir la belle-mère (sourire)... J'en ai créé plus de 50 et je continue à en créer un ou deux par an. Je fais essentiellement des petits objets de décoration et des lampes à partir de courges. J'ai travaillé 12 ans avec mon petit frère et depuis 10 ans, je travaille seul.

D'où vous est venue cette idée?

Il y a des années, quand je me trouvais chez ma grand-mère, je me souviens qu'à partir des branches de l'oranger, je fabriquais des porte-manteaux. J'aime beaucoup la nature et travailler à partir de matières naturelles. Je ne voulais pas vendre des choses prêtes à la vente ou bien entrer en concurrence avec les autres vendeurs sur le marché, mais plutôt faire des choses moi-même. A ce moment-là, la seule chose authentique qui se vendait était le textile de Denizli.

Malheureusement, une semaine plus tard, un vendeur me copiait déjà. Cela m'a beaucoup peiné même si j'ai pu servir d'inspiration. Le fait de copier freine la création et le développement des idées et des richesses.

Comment procédez-vous?

D'abord, il faut que les courges sèchent. Cela prend entre un et trois mois. On doit retirer ce qui s'est déposé sur la courge. Elle ne doit pas être verte mais plutôt tirer vers le blanc. Puis, on peut commencer à dessiner sur la courge. Nous avons une vingtaine de modèles avec des poissons, des étoiles, des fleurs, des soleils... On peut répondre à une commande spéciale, nous le faisons notamment pour illustrer des équipes de football. Je recueille les courges dans quelques jardins appartenant à des amis (généralement au mois de septembre). On peut bien sûr cuisiner cette courge quand elle est verte, mais à l'époque, on utilisait la courge en tant que tasse pour l'eau chaude, l'huile, en faire une salière etc. quand il n'y avait pas de métal. En mer, on fixait les courges au filet, on s'en servait de bouée de sauvetage aussi. Je possède désormais une petite machine qui sert normalement à la fabrication de prothèses dentaires, mais au début j'ai commencé avec des clous, afin de réaliser les petits trous. On peut ensuite passer à la phase de peinture que je réalise au pistolet (2 à 3 couches), puis, nous pouvons ajouter les perles. Beaucoup de poussière se dégage lorsque je travaille.

Combien de temps dure la fabrication?

Parfois, en une journée quand nous sommes quatre à cinq personnes, nous pouvons réaliser quarante lampes et parfois lorsque je suis seul, je ne peux en produire qu'une seule. En moyenne, trois courges peuvent être transformées en un jour.

Quel est le coût moyen d'une lampe?

Le coût peut varier de 40 à 400 TL selon la taille et le modèle. Un message pour vos lecteurs: si nos amis francophones viennent à Bodrum, je les attends avec plaisir!

Gaëlle Loisel (www.lepetitjournal.com/istanbul) lundi 29 décembre 2014

Pour plus d'informations: http://www.lekabbak.com/turkce/main_turkish.html

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Publié le 28 décembre 2014, mis à jour le 28 décembre 2014

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