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Transfert de l'affaire Khashoggi à l'Arabie saoudite 

Jamal Khashoggi procès Turquie Arabie saouditeJamal Khashoggi procès Turquie Arabie saoudite
Écrit par Albane Akyüz
Publié le 7 avril 2022, mis à jour le 10 janvier 2024

La semaine dernière, le ministère turc de la Justice avait jugé "conforme" un renvoi de l’affaire. Ce dernier est désormais définitif, intervenant dans un contexte de tentative de réchauffement des relations diplomatiques entre la Turquie et l’Arabie saoudite.

Le 31 mars dernier, un procureur turc a demandé l'arrêt du procès par contumace à Istanbul, de 26 suspects saoudiens, et leur transfert aux autorités saoudiennes (suite à la requête officielle de ces dernières de reprendre l'affaire).

Par la suite, dans un avis envoyé aux procureurs, le ministère turc de la Justice avait alors jugé "conforme" que le procès concernant le meurtre du journaliste Jamal Khashoggi (souvent écrit "Cemal Kaşıkçı" dans la presse turque) soit transféré à l’Arabie saoudite.

Ce jeudi 7 avril, la 11ème chambre de la Haute Cour de Justice criminelle d'Istanbul a statué en faveur du transfert.

Un meurtre orchestré au "plus haut niveau" de l’État saoudien

Le meurtre de Jamal Khashoggi dans les locaux du consulat saoudien d’Istanbul, le 2 octobre 2018, avait fait la une des journaux du monde entier, tendant considérablement les relations entre la Turquie et l’Arabie saoudite, et conduisant même à un boycott saoudien plus ou moins officieux des produits turcs.

Des responsables turcs avaient déclaré à l’époque que Jamal Khashoggi, farouche critique du prince héritier, avait été tué, et son corps démembré, lors d'une opération ordonnée au "plus haut niveau" de l’État saoudien.

Une enquête dirigée par l'ONU avait révélé que des responsables saoudiens avaient "planifié et perpétré" le meurtre.

Un rapport des services de renseignement américains, publié en mars 2021, indiquait que le prince héritier saoudien Mohammed ben Salmane avait lui-même approuvé l'opération visant à tuer ou capturer Jamal Khashoggi. 

Le gouvernement saoudien a toujours nié son implication, et rejeté les conclusions de ce rapport.

En 2020, dans un "simulacre de procès" tenu à huis-clos en lien avec le meurtre de Jamal Khashoggi, l'Arabie saoudite avait condamné huit personnes (non identifiées), à des peines allant de 7 à 20 ans de prison.

Erol Önderoğlu, le représentant de Reporters sans frontières (RSF) en Turquie a déclaré : "RSF est profondément choqué par la décision de la 11e chambre de la Haute Cour de Justice criminelle d’Istanbul de transférer le dossier Khashoggi en Arabie saoudite. Les espoirs de justice sont balayés dans cette affaire, mais RSF utilisera toutes les voies possibles pour empêcher une impunité inacceptable."

Pour sa part, Hatice Cengiz, la fiancée de Jamal Khashoggi, a annoncé faire appel du renvoi du dossier à l'Arabie saoudite.

Ces dernières semaines, le président Erdoğan cherche à établir de meilleures relations avec des États devenus rivaux ces dernières années, notamment l'Égypte, Israël, les Émirats arabes unis et l'Arabie saoudite, au sacrifice, donc, d’un procès équitable pour le journaliste saoudien.

 

> Lire le communiqué de RSF relativement à la décision de renvoyer l’affaire à l'Arabie saoudite en cliquant ICI 

Albane Akyüz
Publié le 7 avril 2022, mis à jour le 10 janvier 2024

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