Ce lundi 13 mai, après une visite officielle du président Erdoğan en décembre dernier, le premier ministre grec est en déplacement à Ankara dans un contexte de réchauffement des relations gréco-turques depuis plusieurs mois. Cependant, la réouverture de l’ancienne église orthodoxe Saint-Sauveur-in-Chora en tant que mosquée fait grincer des dents la Grèce qui demande l’annulation de cette décision actée en 2020.


La concomitance de la réouverture de Saint-Sauveur-in-Chora avec la visite du premier ministre grec Kyriakos Mitsotakis augure-t-elle un raidissement des relations entre les deux États ?
"Une provocation"
Lundi 6 mai, jour de la célébration de son ouverture au culte musulman après 4 ans de travaux, le ministère des Affaires étrangères grec a en effet déclaré que cette décision était une "provocation" et qu’elle altérait et portait atteinte au caractère de ce site inscrit au patrimoine mondial de l'UNESCO appartenant à l'humanité. Il a également ajouté que "la préservation du caractère universel des monuments et le respect des normes internationales de protection du patrimoine religieux et culturel constituent une obligation internationale claire qui engage tous les États".
Vers un apaisement des relations gréco-turques ?
Une position d'équilibriste pour le premier ministre grec
De son côté, s’il a fait état de son intention de demander l’annulation de cette décision, le premier ministre grec Mitsotakis a déclaré qu’il était important de maintenir les canaux de communication ouverts et que l’affirmation de points de vue divergents, comme au sujet de Saint-Sauveur-in-Chora, n’entravait pas l’atmosphère positive prévalant dans les relations bilatérales entre la Grèce et la Turquie. "C'est mieux que de créer une crise qui détruira les progrès que nous avons réalisés récemment", a-t-il précisé.
Si les progrès réalisés dans les relations entre la Turquie et la Grèce semblent primer, le sujet s’invitera très probablement au menu de cette visite. Une position d’équilibriste qui vient ajouter un niveau de complexité dans les discussions.
Reconvertie en mosquée, Saint-Sauveur-in-Chora va rouvrir ses portes
De son côté, le président Erdoğan qui a récemment estimé que tous les problèmes entre les deux États pouvaient être résolus, affirme quant à lui la position de la Turquie s’agissant de Saint-Sauveur-in-Chora. Devenue mosquée (Kariye Camii), elle est désormais gérée par la Direction générale des fondations pieuses (Vakıflar Genel Müdürlüğü) et par le ministère de la Culture et du Tourisme (Kültür ve Turizm Bakanlığı). Lundi 6 mai, elle a ouvert ses portes aux croyants mais aussi aux visiteurs, dans des conditions qui devraient rapidement se préciser. Contrairement aux inquiétudes exprimées avant son ouverture, les remarquables fresques et mosaïques du XIVe siècle qui ornent l’édifice n’ont, dans leur grande majorité, pas été masquées.
Saint-Sauveur-in-Chora : une mosquée et un musée sur le modèle de Sainte-Sophie ?
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