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LA CARICATURE DE LA SEMAINE - "Touche pas à mon olivier!"

caricature oliviercaricature olivier
Écrit par Lepetitjournal Istanbul
Publié le 7 juin 2017, mis à jour le 8 février 2018

Si l’olive est reine du petit-déjeuner en Turquie, ses oliviers sont en danger selon les opposants à un nouveau projet de loi porté par le ministère de la Science, de l’Industrie et de la Technologie. La campagne de contestation a inspiré le caricaturiste Tuncay, pour le journal satirique LeMan.  

"Touche pas à mon olivier." Ce slogan (Zeytin ağacıma dokunma en turc) est en tête des hashtags sur Twitter et en une du journal satirique LeMan, sorti en kiosque hier. La couverture signée Tuncay représente une chaine humaine qui encercle un  olivier pour le protéger. Un clin d’œil à la pétition lancée par l’association des Amis des olives (Zeytindostu Derneği) pour contester un projet de loi proposé par le ministère de la Science, de l’Industrie et de la Technologie, qui mettrait en péril l’avenir des oliviers selon ses opposants.

Au milieu de débats animés, le gouvernement a déjà retiré le 31 mai une motion qui demandait entres autres la suppression de l’appellation "oliveraie" pour une zone qui posséderaient moins de 15 oliviers. Un "Conseil de préservation de l’olivier" a été créé dans la foulée par la commission parlementaire.

Mais cette version révisée du projet de loi n’est pas satisfaisante pour ses nombreux détracteurs, qui pointent surtout du doigt le risque de voir s’implanter des industries, des installations touristiques et même des mines à deux pas d’une oliveraie. "En vertu de la loi existante (article 20 n°3573) sur les oliviers, il est indiqué que : ‘sauf pour une usine d’huile d’olive, toute installation industrielle qui produit des déchets chimiques, des poussières ou de la fumée qui pourrait nuire aux oliviers ne peut être construite à moins de 3 kilomètres des oliveraies", rappelle la pétition qui a déjà récolté près de 30.000 signatures.

Cependant, un article du projet de loi indique que le ministère de l’Alimentation, de l’Agriculture et de l’Elevage pourrait autoriser la construction d’une industrie pour "le bien  public", dans le cas où aucune autre zone n’aurait été trouvée pour installer l’investissement. Si le projet de loi est accepté, le ministère pourra également transférer son autorité au bureau du gouverneur de la province concernée afin de permettre la construction. "Bien sûr, les investissements industriels doivent exister dans notre pays. Mais nous devons faire attention à la nature et maintenir la durabilité. Sinon, nos enfants et les générations futures payeront le prix de ce que nous avons fait", met en garde l’association.

171 millions d’oliviers en Turquie

"Si j’apprends qu’un olivier sera détruit à cause de la loi, je la retirerai", a tenté de rassurer Faruk Özlü, le ministre des Sciences, de l’Industrie et de la Technologie. "Nous avons planté plus de 71 millions d'oliviers au cours des 14 dernières années. Il y avait près de 100 millions d'oliviers en Turquie. Il y en a maintenant 171 millions", a-t-il ajouté, avant de poursuivre : "Pourquoi devrions-nous les détruire? Il n'y aura aucun risque pour les oliviers."

De son côté, Ümmühan Tibet, président du Conseil oléicole national de Turquie (UZZK), a pourtant déploré que le projet de loi ait été préparé sans qu’on ne leur demande leur avis, comme le rapporte Hürriyet Daily News. "Une fois que le projet de loi sera passé, cela causera des dommages irréversibles. Cela portera un coup au secteur de l’oléicole qui a atteint son niveau actuel après avoir surmonté de nombreuses difficultés. Ce projet de loi aura une incidence négative sur les générations futures", s’est-il inquiété.

Ce projet de loi reste incompréhensible selon ses détracteurs pour un pays où l’olive est la reine du petit-déjeuner et qui occupe surtout le deuxième rang mondial, derrière l’Espagne, en nombre d’oliviers. Dans une tribune pour Hürriyet Daily News, Güneş Kömürcüler écrit : "Bien que la Turquie se classe deuxième dans le monde en termes d'oliviers derrière l'Espagne, elle n'est même pas parmi les cinq premiers producteurs en raison d'une faible productivité et d'autres problèmes structurels. La Turquie doit protéger ses arbres anciens ou jeunes, la culture oléicole et augmenter la productivité de l'huile d'olive et de l'huile plutôt que de réduire le nombre de ses oliviers."

Solène Permanne (http://lepetitjournal.com/istanbul) jeudi 8 juin 2017

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Publié le 7 juin 2017, mis à jour le 8 février 2018

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