Le nombre d’étudiants étrangers venus suivre un cursus en Turquie a augmenté de 70 % en cinq ans. Chaque année, plus de 30.000 étudiants étrangers de près de 155 pays différents y posent leurs valises. Éléments d’explication
Nadia, étudiante italienne (photo TQ)
Il y a d’abord une volonté gouvernementale, celle de créer une génération d'étudiants étrangers ayant un lien affectif avec la Turquie pour construire les relations politiques et économiques de demain. Présence sur les salons internationaux, image plutôt positive du pays dans les Balkans, en Afrique et au Moyen-Orient… la Turquie est de plus en plus visible sur la scène mondiale et ses universités, de plus en plus demandées. Au palmarès des étudiants expatriés, l’Azerbaïdjan est le pays le plus représenté, avec 4.200 ressortissants, suivi du Turkménistan. Les pays européens les plus présents sont sans surprise l'Allemagne et la Grèce.
Autre explication : l'accroissement de l’offre dans l’enseignement supérieur, avec notamment 50 universités publiques et 36 autres privées fondées entre 2006 et 2011, lesquelles dispensent en général des cours de qualité et le plus souvent en anglais. Ceux qui viennent y effectuer l’intégralité de leurs études constatent aussi l’intérêt de parler turc pour leur avenir professionnel. Face à la morosité actuelle sur le continent européen, la croissance de l’économie turque laisse miroiter de nouvelles perspectives aux futurs demandeurs d'emploi.
Les effets du bouche-à-oreille
Il faut aussi compter sur des raisons moins pragmatiques. La Turquie fascine beaucoup de jeunes, d’Europe et d’ailleurs. Son patrimoine, son histoire ou encore son climat reviennent comme autant de raisons dans la bouche des expatriés. Antalya, Éphèse ou la Cappadoce sont à quelques heures de bus. Le bouche-à-oreille est de plus en plus efficace. Les étudiants ayant tenté l’expérience vantent à leurs successeurs les mérites de la culture et de l'hospitalité turque.
Louis, étudiant français (photo TQ)
Les problèmes géopolitiques actuels poussent aussi nombre de curieux à venir constater par eux-mêmes la complexité de la région, s’imprégner et comprendre une culture unique au travers d'un pays dont on dit souvent, à tort et à raison, qu’il navigue quelque part entre l’Europe et l’Asie. Paroles d’étudiants…
Nadia Burzotta, 20 ans, Italie. Université de Bogaziçi
J'étais d'abord fascinée par Istanbul. Je voulais voir ça de mes propres yeux et je ne suis pas déçue. Le monde semble à portée de main ici. Au niveau de l'éducation, les professeurs sont en majorité compétents et intéressants. Le seul problème est que certaines parties du cours sont parfois données en turc. Les étudiant locaux me détestent quand le professeur annonce que le cours sera dispensé en anglais, à cause de la présence d'étudiants Erasmus … (rire)
Louis Gilois, 21 ans, France, Université de Marmara
Je voulais découvrir quelque chose qui n'ait rien à voir avec la vie occidentale... Passionné d'histoire, je trouve évidemment mon bonheur ici, dans un passé riche et millénaire. En France, il y a beaucoup de préjugés sur la Turquie. Avant mon départ, beaucoup de gens m'avaient parlé de Burqa, de problèmes d'insécurité. Il n'en est rien. Je profite aussi à fond de la vie nocturne, une autre spécialité stambouliote...
Bastian Schäfer, 23 ans, Munich, Université de Galatasaray (photo TQ)
J'ai eu la chance de partir via le programme Erasmus et je suis actuellement en Master de droit des affaires à Galatasaray. Cette prestigieuse institution a évidement pesé dans la balance au moment du choix de la destination et je ne regrette pas ma décision. Un campus magnifique et des professeurs brillants, je ne pouvais rêver mieux. Pour ce qui est des raisons plus personnelles, il y a beaucoup de lien entre la Turquie et l'Allemagne. Des membres de ma famille ont des origines turques et j'avais envie de découvrir ce pays dont on m'a tant parlé.
Tanguy Quidelleur (www.lepetitjournal.com/istanbul) mardi 9 octobre 2012