Le ministre turc des Affaires étrangères, Mevlüt Çavuşoğlu, a déclaré ce dimanche 27 février que l'opération militaire de la Russie en Ukraine était une "guerre", et que la Turquie agirait en conséquence, conformément à la convention de Montreux.
Dimanche un peu plus tôt, le porte-parole de la présidence turque, Fahrettin Altun, avait appelé sur Twitter la Russie à interrompre son offensive, et à entamer des négociations, faisant référence à la "guerre".
Dans la foulée, ce fut au tour du ministre des affaires étrangères d’utiliser ce terme de "guerre".
Car en effet, depuis jeudi 24 février au matin, début des opérations russes en Ukraine, la Turquie n’avait pas formellement mentionné la "guerre", telle qu’entendue par la convention de Montreux.
"Désormais, ce conflit s'est transformé en 'guerre', dans ce cas, nous appliquerons Montreux pour l'une des parties, la Russie ou l'Ukraine. L'article 19* prévoit une exception. Si le navire du pays en guerre retourne à son port d'attache, une exception est faite. Nous mettrons en œuvre toutes les dispositions de Montreux avec transparence", a déclaré Mevlüt Çavuşoğlu à la chaîne CNN Türk le 27 février, alors qu’il s’exprimait de manière plus générale sur les événements en cours de l’autre côté de la mer Noire.
Le chef de la diplomatie turque a par ailleurs ajouté : "La position de la Turquie est très claire. Notre objectif est d'être en faveur du dialogue".
Mais le 28 février, Mevlüt Çavuşoğlu a déclaré avoir prévenu "tous les pays riverains ou non-riverains de ne pas laisser passer leurs navires de guerre par les détroits" ; nuançant qu'il n'y avait eu à ce jour "aucune demande en ce sens". Ces propos interrogent sur la position turque.
Car si la Turquie soutient l'Ukraine, elle tente en même temps de ménager ses relations avec la Russie.
Dimanche soir, l’Union européenne a déclaré la fermeture de son espace aérien aux avions russes, mais la Turquie n’a pour l’heure fait aucune annonce en ce sens. De même, elle n’a pour le moment pas formulé de sanctions à l’encontre de la Russie.
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(*) L'article 19 de la convention de Montreux (qui régit le régime des détroits turcs : Bosphore et Dardanelles), prévoit en son alinéa 2 : "[En temps de guerre] Il sera interdit aux bâtiments de guerre de toute Puissance belligérante de passer à travers les Détroits", et en son alinéa 4 : "Malgré l’interdiction de passage édictée dans l’alinéa 2, les bâtiments de guerre des Puissances belligérantes riveraines ou non de la mer Noire, séparés de leurs ports d’attache, sont autorisés à rallier ces ports".