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Guerre en Ukraine : reconduction de l’accord céréalier de la mer Noire

Ce samedi 18 mars 2023 expire l’accord prévoyant l’ouverture d’un corridor maritime afin d’exporter les céréales ukrainiennes via la mer Noire. Aussi, lundi 13 mars, le sujet des exportations de céréales ukrainiennes était le point central des débats lors d’une conférence à Genève en Suisse entre hauts responsables russes et des Nations unies. Véritable enjeu concernant la sécurité alimentaire mondiale, cet accord, initié à l’origine par la Turquie, est au cœur des échanges diplomatiques entre les différentes parties prenantes et les pays dépendant de ces exportations pour leur sécurité alimentaire.

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vraquier céréalier en chargement
Écrit par Pauline Sorain
Publié le 14 mars 2023, mis à jour le 24 janvier 2024

Avec le conflit ukrainien, la perspective de famines était à craindre. En effet, avant le début des affrontements, la Russie et l’Ukraine assuraient 40% du marché mondial des céréales dont 30% de celui du blé. Aussi, le 30 mars 2022, devant le Conseil de Sécurité de l’ONU, la Russie avait été accusée d’avoir provoqué "une crise alimentaire mondiale" en attaquant l’Ukraine.

Blocage des ports ukrainiens

Le blocage des ports ukrainiens de la mer Noire et la prise de contrôle du littoral de la mer d’Azov par la Russie dans les premiers mois du conflit ont empêché l’Ukraine d’exporter plusieurs dizaines de millions de tonnes de céréales. Les navires céréaliers ne pouvaient donc plus accéder de façon sécurisée aux ports de Kherson, Nikolaev, Tchernomorsk, Otchakov, Odessa et Ioujny en raison des risques de tirs et de mines posées dans les eaux environnantes.

La Russie a affirmé sa volonté de bloquer les ports ukrainiens, les navires étrangers étant susceptibles de fournir des armes à l’Ukraine. De son côté, l’Ukraine ne souhaitait pas voir de navires russes dans ses ports. Il s’agissait alors de trouver un accord qui octroie des garanties aux deux parties.

La Turquie, médiatrice intéressée des négociations

Le 22 juillet 2022, la Russie et l’Ukraine ont signé, sous l’égide de la Turquie et de l’ONU, un accord prévoyant l’ouverture d’un corridor maritime permettant d’évacuer les céréales ukrainiennes par la mer Noire, afin de permettre la reprise des exportations et de prévenir une crise alimentaire mondiale.

Cet accord dit "Initiative céréalière de la mer Noire", signé pour 120 jours et renouvelé en novembre 2022, aurait permis l'exportation, à ce jour, d’environ 24 millions de tonnes de céréales depuis les ports de la mer Noire malgré la guerre, selon les Nations unies.

La Turquie est le troisième destinataire des exportations réalisées dans le cadre de l'accord qui a ainsi permis l’importation de plus de 2,6 millions de tonnes de produits agricoles ukrainiens dans le pays depuis l'été 2022. Au-delà des intérêts propres à la Turquie, le président Erdoğan s’est positionné en médiateur et s’est affirmé dans la résolution de cette crise alimentaire mondiale (cf la mise en place d’un Centre conjoint de coordination à Istanbul en juillet 2022). Il avait ainsi déclaré : "ensemble, nous allons contribuer à la prévention du risque de famine qui menace des milliards de personnes dans le monde", montrant tout l’enjeu des négociations. Les navires céréaliers passent en effet par le détroit du Bosphore qui relie la mer Noire à la mer de Marmara. Cette mainmise sur ce détroit permet à la Turquie d’affirmer son influence dans les échanges internationaux.

Un accord reconduit pour 60 jours

La durée de la prolongation de cet accord a fait débat. Pourquoi ce délai de 60 jours ? La Russie veut garder la main sur cet accord, dans un contexte où elle subit de plein fouet les sanctions occidentales et un blocage de ses exportations d’engrais, régies dans le cadre d’un accord bilatéral signé avec l’ONU. Aussi, la Russie ne s'est pas opposée à une nouvelle prolongation de l'Initiative céréalière de la mer Noire, mais seulement pour 60 jours, a annoncé le vice-ministre russe des Affaires étrangères Alexandre Grouchko.

60 jours, c’est très court. Aussi les négociations vont devoir se poursuivre. La Chine, principale bénéficiaire de cet accord, fera également partie du jeu diplomatique et pèsera de tout son poids dans les échanges. Les incertitudes quant au devenir du conflit ont un impact certain sur la sécurité alimentaire mondiale, sans parler du manque de main d’œuvre et des dégradations des terres agricoles.

Ce conflit engage donc de nombreux pays sur l’échiquier international et la Turquie se positionne pour tirer son épingle du jeu dans un conflit qui s’enlise et qui cristallise les oppositions.

 

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