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EXPLOSION À AFYON - Causes mystérieuses, polémique houleuse

Écrit par Lepetitjournal Istanbul
Publié le 1 janvier 1970, mis à jour le 9 février 2018

Afyonkarahisar (“château noir de l’opium”), plus connue sous le nom d’Afyon, ville de l’est de la Turquie, a été le théâtre d’un drame mercredi 5 septembre. Un dépôt de munitions de l’armée turque a explosé, tuant 25 soldats et en blessant quatre autres. Depuis, les causes de l’explosion alimentent la polémique

L'explosion a provoqué un incendie, retransmis en direct par les chaines de télé (ici Euronews)

Au lendemain du drame, le ministre de l'Environnement et des Forêts, Veysel Eroğlu, évoque le scénario d'un "accident" lors de l'entreposage de grenades et exclut la piste d'une "attaque terroriste" du Parti des travailleurs du Kurdistan (PKK). Il insiste :"Je suis convaincu qu'il s'agit d'un accident lorsqu'on manipulait des grenades (...) Ce n'est pas un sabotage", rapporte l’AFP.

Sabotage ?

“L’armée croit qu’il y a une probabilité de 99% pour que l’explosion soit due à un sabotage”, déclare pourtant Kemal Kılıçdaroğlu, le leader du CHP, principale formation d’opposition, le 10 septembre. Il va plus loin : “Les commandants parlent d’un mécanisme qui s’active quand il est manipulé de l’extérieur. Nous devons vérifier cette piste, tout en n’excluant pas les 1 % de possibilité d’absence de sabotage.”

Pour Mehmet Ali Birand, chroniqueur au Hurriyet Daily News, il faut se demander “si cette explosion était réellement un accident, ou si la Syrie ou le PKK sont impliqués”. Il note ainsi dans son billet du 8 septembre qu'il “ne faut pas croire aveuglément les déclarations officielles”. Il exhorte ainsi les autorités à faire preuve de transparence.

Incompétence ?

Le rapport initial d’enquête, effectué par des spécialistes en explosifs et cité par Hürriyet hier, met en cause la négligence des soldats en service. Des grenades et des munitions, censées ne pas se trouver au même endroit, auraient été stockées dans le même dépôt. La chute de l’une d’elles aurait entrainé une série d’explosions. D’après les médias turcs, environ 100.000 grenades ont explosé pendant le premier jet, alors que l’on estime à 15.000 le nombre de celles qui se trouveraient encore sous le sol. Quelques 5.000 grenades ont déjà été récupérées aux alentours.

Une armée en manque de professionnels ?

Il est apparu juste après l’explosion que les 25 soldats sont morts alors qu’ils effectuaient l’inventaire du stock, une tâche normalement réservée à des experts qualifiés et entraînés.  Le drame donne du grain à moudre aux partisans d’une professionnalisation de l’armée turque, lesquels avancent plusieurs arguments: le positionnement vulnérable des bases militaires situées dans le sud-est, le nombre élevé de jeunes conscrits morts au combat et l’échec général de l’armée turque à préserver sa supériorité dans les zones de combat. “L’armée turque a besoin de se restructurer dans tous les domaines”, affirme au quotidien Today’s Zaman Ümit Kardaş, un juge militaire retraité.

La réponse du Premier ministre

Le Premier ministre a annoncé hier que quatre commandants avaient été relevés de leurs fonctions. Il a lourdement critiqué le leader du CHP sur ses récentes allégations et thèses de sabotage, ajoutant que l’armée mènerait des actions légales contre de telles remarques. L’intéressé, Kemal Kılıçdaroğlu a répondu quelques minutes plus tard, accusant le Premier ministre de vouloir “injecter dans les esprits la thèse de l’accident”.

Fanny Fontan (www.lepetitjournal.com/istanbul) mercredi 12 septembre 2012

lepetitjournal.com istanbul
Publié le 12 septembre 2012, mis à jour le 9 février 2018
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