

Ce lundi 6 mars, la principale coalition d’opposition a annoncé que le président du CHP (premier parti d’opposition) serait son candidat conjoint pour l’élection présidentielle qui devrait se tenir le 14 mai prochain en Turquie.
Comme prévu dans un accord du 2 mars signé par les six présidents des partis de la "Table des Six" (Alliance de la Nation), c’est sans surprise que ce 6 mars au soir, sous les acclamations d'une foule de partisans à Ankara (au siège du parti Saadet, qui organisait, dans ses locaux, la 13ème réunion de la "Table des Six" ce lundi), a été annoncée la candidature de Kemal Kılıçdaroğlu pour représenter l’Alliance de la Nation à l'élection présidentielle.
Rebondissements ces trois derniers jours
Le processus n’a pas été mené sans peine : au cours de ces dernières 72 heures il fallait bien se concentrer pour suivre les différents rebondissements de l’actualité politique turque. En effet, si les dirigeants des partis avaient signé un accord jeudi dernier, Meral Akşener, la présidente du parti IYI (Bon), avait finalement décidé de quitter la "Table" vendredi après-midi, n’acceptant pas la désignation de Kemal Kılıçdaroğlu. Elle avait alors appelé Mansur Yavaş (maire d’Ankara) et Ekrem İmamoğlu (maire d’Istanbul) à se présenter.
Finalement, après un week-end de réunions et de négociations dans la capitale turque, une "formule" semblerait avoir été trouvée avec les deux maires des deux grandes villes turques : ces derniers deviendraient vice-présidents en cas de victoire de Kemal Kılıçdaroğlu à l’élection présidentielle.
Lundi soir, Kemal Kılıçdaroğlu a pour sa part annoncé : "Nous dirigerons la Turquie avec consensus. En tant que présidents des partis politiques de l'Alliance, nous nous sommes mis d'accord sur la feuille de route qui changera le système [présidentiel] en un système parlementaire renforcé. Nous nous sommes mis d’accord sur 11 articles. Pendant la période de transition, les dirigeants des partis de l'Alliance de la nation seront vice-présidents".
Feuille de route pour la période de transition vers un système parlementaire renforcé
La "Table des Six" (Altılı masa ou "Alliance de la nation", Millet İttifakı) regroupe, depuis févier 2022, une coalition de six partis*, dont le but initial est de mettre en échec le président Erdoğan, et de revenir au système parlementaire.
Dans la soirée de lundi, à l’issue de son conseil des ministres, le président Erdoğan a réitéré son souhait d’organiser les élections présidentielle et législative le 14 mai prochain. Cette date devrait être officialisée ce vendredi 10 mars.
______________
(*) La "Table des Six" se compose : du Parti républicain du peuple (CHP, le parti kémaliste fondé par Atatürk : républicain, social-démocrate, laïc) présidé par Kemal Kılıçdaroğlu, le Bon Parti (IYI parti : nationaliste, conservateur et laïc - issu d'une scission avec le MHP en 2017) présidé par Meral Akşener, le Parti de la Félicité (SP, Saadet partisi : islamo-conservateur) présidé par Temel Karamollaoğlu, le Parti Démocrate (DP, Demokrat partisi : conservateur et laïc) présidé par Gültekin Uysa, le Parti de l’Avenir (Gelecek partisi : libéral-conservateur) présidé par Ahmet Davutoğlu (ancien membre de l’AKP, ministre des Affaires étrangères de 2009 à 2014, et premier ministre entre 2014 et 2016), et le parti de la Démocratie et du Progrès (DEVA, Demokrasi ve Atılım Partisi : libéral-conservateur) présidé par Ali Babacan (ancien membre de l’AKP, ministre de l’Économie de 2002 à 2007 et de 2009 à 2011).
Sur le même sujet
