

A l'occasion de la sortie du film Mustang dans les salles obscures turques ce vendredi, le Palais de France d'Istanbul a accueilli hier une partie de l'équipe du film pour une conférence de presse. Mardi soir, l'Institut français d'Istanbul avait projeté en avant-première turque ce long métrage sélectionné pour représenter la France aux Oscars 2016.
Primé à la Quinzaine des réalisateurs du Festival de Cannes, Mustang est le premier long métrage de la réalisatrice Deniz Gamze Ergüven, coscénarisé avec Alice Winocour. Il suit, le temps d'un été, le parcours d'un groupe de cinq s?urs, cinq adolescentes confrontées du jour au lendemain aux violences d'une société patriarcale, obsédée par ?l'honneur?, soucieuse du ?qu'en dira-t-on? mais finalement très hypocrite.
Tourné près d'Inebolu, dans la province de Kastamonu, Mustang a pour décor un village fictif des rives de la mer Noire, à 1.000 km d'Istanbul. Il s'intéresse à la place des femmes en Turquie et au "corps des femmes, qui reste l'enjeu de débats et de violence, ici comme ailleurs", a souligné la consule générale de France à Istanbul, Muriel Domenach.
Applaudie par la critique, Deniz Gamze Ergüven filme des jeunes filles éprises de liberté, auxquelles on fait subir, tour à tour, enfermement, déscolarisation, test de virginité, violence physique, inceste, mariage forcé et même suicide. Une "densité" que revendique la réalisatrice, dont le récit relève d'une "densité de destins" et raconte "diverses trajectoires". C'est à la fois un "choix artistique" et un constat : "La vie est faite de densité", d'autant plus qu'en Turquie, les "changements de route" s'opèrent "très rapidement", a-t-elle regretté.
Pour trouver ses cinq actrices, "il a fallu de longs mois", a expliqué Denir Gamze Ergüven. Mais "le jour où on a réuni les cinq, nous avons vécu un instant magique... Elles ont tout de suite formé un corps qui a commencé à respirer ensemble, à bouger ensemble, à comploter ensemble". La réalisatrice considère les cinq s?urs comme "un même personnage à cinq têtes, comme une hydre". Le choix du titre renvoie "aux petits animaux sauvages que sont pour [elle] ces filles". "Mustang, c'est une âme, une liberté, une résistance" a-t-elle expliqué.
Mustang, un film au "destin incroyable"
Interrogée sur les chances du film aux Oscars, où il représentera la France l'an prochain, la réalisatrice a préféré ne pas s'avancer, "par superstition". Le producteur, Charles Gillibert, a souligné la "qualité de la mise en scène" et "le jeu des actrices". "Il aurait fallu être sourd et aveugle pour ne pas prendre en main ce scénario et donner vie à ce film", a estimé le producteur. Avec plus de 500.000 spectateurs en France, Mustang connaît selon lui "un destin incroyable". ?Mais ce qui est important pour nous, c'est de voir comment le film va être reçu ici, en Turquie" a-t-il ajouté. Citant les critiques élogieuses, il estime que le film a "toutes ses chances" aux Oscars.
Projeté dès aujourd'hui dans les bonnes salles turques, Mustang sera diffusé pendant le mois de novembre à l'Institut français d'Istanbul. "La projection de ce film en avant-première à l'Institut français a une signification particulière pour moi car ce film n'aurait pas vu le jour sans le soutien de la France. C'est grâce à une bourse de l'Institut français que j'ai pu étudier à la Fémis", école de cinéma parisienne, a confié la jeune réalisatrice.
Nolwenn Brossier et Anne Andlauer (www.lepetitjournal.com/istanbul) vendredi 23 octobre 2015











































