Dans l’Empire romain, la région de Safranbolu correspondait à la Paphlagonie et elle a vu se succéder de nombreuses cultures différentes, jusqu’à sa conquête par les Turcs en 1196. A partir du XVIIe siècle, elle revêt une importance croissante comme étape incontournable de la route Istanbul-Sinop, et se pare peu à peu d’une multitude de constructions.
Aujourd’hui, Safranbolu fait partie des villes de Turquie célèbres pour leurs maisons caractéristiques de l’architecture ottomane classique et c’est à ce titre qu’elle a été classée, en 1994, sur la Liste du Patrimoine mondial de l’Unesco.
Les célèbres maisons de Safranbolu
La ville comporte un centre administratif, "Kale", puis, un centre commercial, "çarsi", et enfin, les quartiers d’habitations où les maisons ont été édifiées assez proches les unes des autres, séparées par d’étroites ruelles pavées de pierre. Elles ont été classées en deux groupes, celles appelées "La ville", qui servaient pour l’hiver, et celles qui étaient utilisées comme résidences d’été, "les Vignes", placées sur des plateaux élevés et aérés, car la villégiature estivale faisait partie du mode de vie des Ottomans aisés.
Appelées "konak" en turc, les demeures sont au nombre de deux mille et 1008 d’entre elles sont placées sous protection. Elles datent généralement du XVIIIe et XIXe siècle, et leur conception reflète le mode de vie ottoman. Disposées de façon à ce qu’aucune ne masque la vue de l’autre, mais aussi qu’aucune fenêtre ne donne directement sur le voisin, elles étaient faites en mélange de bois et d’adobe (briques d’argile mélangée avec de la paille), avec un mortier à base de blanc d’œuf résistant aux séismes. Elles sont généralement de grande taille, à deux ou trois étages et comportent entre six et huit chambres équipées chacune de toilettes à la turque et d’une petite salle de bains contenue dans un grand placard. En effet, elles accueillaient plusieurs générations, le couple et ses enfants, mais aussi leurs parents et enfin, les nouveaux foyers, puisque les garçons y amenaient leur épouse lorsqu’ils se mariaient. Généralement, elles étaient divisées en "Haremlik", la partie privée où vivaient les femmes, et "Selamlik", la partie publique où les hommes recevaient les visiteurs, qui comportait souvent, chez les familles aisées, une sorte de bassin autour duquel étaient disposés des sofas, et qui assurait aussi la sécurité en cas d’incendie. Les portes possédaient deux heurtoirs émettant un son différent selon qu’on voulait entrer dans le "Haremlik" ou le "Selamlik" ! Quant au rez-de-chaussée, il comportait l’écurie, la grange à foin, le bois de chauffage et un entrepôt pour les vivres. A l’origine chauffées avec des braseros, les maisons ont été équipées de poêles et de lampes à gaz au XIXe siècle. Une de leurs caractéristiques essentielles est le bois sculpté qui décore l’intérieur, et en particulier leurs plafonds, richement ouvragés.
Safranbolu, la ville du safran
La richesse de Safranbolu a été due à la culture du safran, dont la ville tire son nom. Venu d’Inde et d’Iran, utilisé depuis l’Antiquité dans la médecine, la cuisine, la teinture et la parfumerie, le safran, pistil rouge du Crocus Sativus, était cultivé en de nombreux endroits d’Anatolie jusqu’à la fin du XIXe.
Puis, la production s’est amenuisée en raison du coût de la main-d’œuvre et de la création des colorants chimiques. Mais actuellement, de nombreux jeunes cherchent à relancer cette culture dans sept villages liés à Safranbolu, qui organise chaque année, au début novembre, lors de la récolte, un désormais célèbre "Festival du Safran".
Safranbolu, un lieu magique mais très touristique
Si vous souhaitez passer un week-end à Safranbolu, sachez qu’il s’agit d’un lieu très prisé par les Turcs et donc, très touristique, où il vaut mieux éviter de se rendre en été ; de nombreuses maisons y ont été converties en hôtels ou pensions.
Cependant, par sa beauté, Safranbolu mérite le voyage. Vous pourrez y flâner agréablement dans les ruelles, découvrir les anciennes demeures, prendre un thé sous des charmilles ou y faire des emplettes. Les boutiques des ruelles du centre se sont fait la spécialité des produits parfumé au safran : eau de Cologne, très suave, savons et lokoums… Et aussi des maisons miniatures lumineuses, qui peuvent servir de veilleuse, en souvenir de cette cité que l’on surnomme "la ville-musée"…
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