

Chantal et Jacques Périn, infatigables voyageurs dans l'Istanbul d'hier et d'aujourd'hui, reviennent chaque mardi avec une nouvelle série d'articles. Ils nous font découvrir aujourd'hui la Kariye Camii, ou Saint-Sauveur-in Chora, et vous proposent, à la fin de l'article, une nouvelle photo mystère.
Kariye Camii - Saint-Sauveur-in Chora (hier)
Voici l'un des plus beaux exemples de l'architecture religieuse byzantine.
Construite au Vème siècle en dehors des murailles de Constantin, l'église est alors nommée ?Saint-Sauveur dans la campagne?.
Lorsque Théodose fait ériger en 413 un nouveau système défensif, l'église intègre la partie intérieure des fortifications mais garde toutefois le nom qu'elle porte depuis au moins un siècle.
Photographes Sebah et Joaillier (circa 1890)
Ce que nous connaissons aujourd'hui du bâtiment date de 1077-1081 et est dû à l'initiative de la belle-mère du Basileus Alexis 1er, qui fait construire l'église sur le plan de la croix grecque, style qui apparaît au XIème siècle et qui sera le style de référence des église orthodoxes jusqu'au XVIIIème siècle.
Plusieurs fois détruite en raison de tremblements de terre, Saint-Sauveur est reconstruite de 1315 à 1321 et reçoit, grâce à la générosité de Théodore Métochite, homme d'État byzantin, écrivain, philosophe, protecteur des arts et des sciences, les magnifiques mosaïques et fresques que nous pouvons admirer.
Cette générosité ne lui épargne pas l'exil imposé par l'Empereur Alexis III en 1328, exil qui sera levé deux ans plus tard à la condition qu'il devienne moine de la congrégation de la Chora?
Pendant 58 ans après la prise de Constantinople par Mehmet Fatih, l'église garde son indépendance religieuse, et ce n'est qu'en 1511 qu'elle est transformée en mosquée par At?k Ali Pa?a, grand vizir de Bayezid II.
Un minaret est ajouté à la construction et, en raison de l'interdiction de représenter l'homme dans l'islam, les fresques et les mosaïques ne sont pas détruites mais recouvertes de chaux.
Comme pour Sainte-Sophie et la Fethiye Camii, ce geste sera déterminant pour la préservation de ce précieux patrimoine.

En 1948, grâce au mécénat de Thomas Whittemore et Paul A. Underwood, du Byzantine Institute of America et du Dumbarton Oaks Center for Byzantine Studies, un programme de restauration de l'ensemble de l'édifice est entrepris.
Photo J.P. (2013)
L'église-mosquée est désacralisée, les mosaïques et les fresques jusque là cachées sont mises au jour et, en 1958, le bâtiment est ouvert au public en qualité de musée.
Dès lors, la somptueuse décoration offre toutes ses splendeurs aux visiteurs qui découvrent les ?uvres picturales parmi les plus importantes réalisées par les artistes byzantins.
Etouffée par les maisons et les commerces qui ont envahi l'espace avoisinant, il est difficile d'imaginer aujourd'hui la vue bucolique dont les photographes du XIXème siècle nous ont laissé l'image.
Et même si la terrasse du café frôle la porte de l'édifice et que les taxis sillonnent la rue pour y déposer les touristes, il règne toujours une atmosphère particulière autour de la Kariye, empreinte de calme et de solennité.
Jacques et Chantal Périn (www.lepetitjournal.com/istanbul) mardi 7 janvier 2014
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Chaque semaine, nos auteurs vous proposent un petit jeu: deviner dans quel lieu la "photo de la semaine" a été prise. => Où peut-on trouver la statue de ce ?hammal? ?
Réponse à la dernière photo mystère : À l'extrémité continentale de la Corne d'Or, sur les bords de la rivière Kâ??thane formant avec la rivière Alibey ce que les Occidentaux nommèrent les ?Eaux douces d'Europe?, se dresse une jolie mosquée. Construite concomitamment au palais de Sadabad, en 1722, sous le sultanat d'Ahmet III, elle subit de nombreuses restaurations sous les règnes de Selim III et Mahmut II. En 1863, le Sultan Abdulaziz ordonne sa démolition et confie aux architectes Sarkis et Agop Balyan la construction de la mosquée que l'on peut admirer aujourd'hui. Déjà restaurée en 1997 et, depuis peu de temps, encore en restauration, elle laisse pointer au dessus des échafaudages son exceptionnel minaret couvert, dont les deux escaliers intérieurs permettent, pour l'un d'accéder à la salle de prière et pour l'autre directement au jardin. |
Retrouvez ici notre interview des auteurs de cette chronique. Jacques et Chantal Périn ont aussi créé un site en hommage à la Turquie: Turquieaimée






































