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CULTURE – Pál Breznay, un peintre hongrois à Istanbul

Écrit par Lepetitjournal Istanbul
Publié le 7 juin 2010, mis à jour le 13 novembre 2012

Depuis un mois, Pál Breznay, peintre hongrois francophone vivant entre Paris et Budapest mais qui n'était jamais venu en Turquie, transpose sur toile ses premières impressions d'Istanbul

Pal Breznay ne peint que sur site pour le plus grand plaisir des passants (photo BDB) !

Diplômé des Beaux-arts de Ravenne et de Paris, Pál Breznay expose depuis 1978 dans son pays d'origine mais aussi aux Etat-Unis, en Allemagne, en Belgique, aux Pays-Bas et en France dans des expositions collectives ou personnelles. Pour la première fois, il expose à Istanbul le mardi 8 juin prochain.

Que retenez-vous de ce premier contact avec la Turquie et Istanbul ?

Ce qui est intéressant, c'est que tout le monde fait quelque chose, tout le monde travaille ! On n'a pas l'impression que les gens sont là à ne rien faire. J'ai remarqué aussi une sorte de parallélisme entre les petits et gros bateaux du Bosphore, les petits et gros poissons sur les marchés et les marchands ambulants qui vendent des choses toutes simples comme des briquets et ceux qui ont des chariots.

Les visages des marins, des ouvriers, de certains marchands sont aussi vraiment étonnants! Comme ce bijoutier au grand bazar. Je n'ai jamais vu un visage qui puisse se transformer aussi vite et aussi radicalement. Passer d'un visage de bébé innocent à celui d'un marchand très malicieux voire un peu renard. D'une figure toute ronde, tout est devenu pointu la seconde suivante quand il expliquait quelque chose et souriait. Même les os semblaient se transformer. C'est pour moi l'incarnation de l'excellent marchand !

J'ai aussi été frappé par la gentillesse des passants qui se sont arrêtés pour me voir peindre. Certains m'ont offert des sandwichs, d'autres de l'eau ou alors on me ramassait gentiment ce que je venais de faire tomber.

Quelles sont vos impressions de peintre sur la ville ?

Amorce d'un tableau sur Sainte-Sophie vue d'Ortaköy (photo BDB)

D'abord, ayant traversé une partie de la Turquie en voiture en venant de Budapest, j'ai trouvé que l'architecture dans le paysage est assez harmonieuse. Les maisons et les immeubles sont disposés à peu près comme il faut, en tout cas pour les paysages que j'ai traversé. Je n'ai pas vu d'énormité comme dans les anciens pays de l'Est.

Il y a de l'harmonie dans l'âme des Turcs. Ils ont le sens de la beauté et de l'esthétisme. On le voit chez tous les marchands, dans la manière dont ils disposent leurs marchandises. C'est assez systématique. Je n'ai pas vu un seul marchand dont l'étalage était désordonné.

A propos de la lumière, il y a à Istanbul un voile d'humidité qui rend les couleurs légèrement plus pâles, plus pastels, plus fines que celles du midi de la France ou de l'Italie par exemple qui sont plus vives. La lumière d'Istanbul me rappelle un peu la lumière hongroise mais en plus pâle. Cela change en fonction de la quantité d'humidité dans l'air. La couleur du Bosphore aussi m'a étonné car elle change pratiquement tous les jours. Quand le Bosphore est agité, il  est un peu turquoise à cause du sable qui est remué et reste en suspension dans l'eau. Quand le Bosphore est plus calme en revanche, sa couleur devient plus bleutée voire un peu gris-vert. Cela m'a permis d'employer des tons que je n'avais pas utilisés depuis longtemps ! Et puis il y a les magnifiques lumières de nuit ce qui m'a permis de faire pour la première fois un tableau d'une vue nocturne.

Que retirez-vous de cette expérience à Istanbul ?

Les tableaux que je viens de faire traduisent mes premières impressions sur Istanbul et avec un certain recul puisque c'est la première fois que je venais ici. Mais au fur et à mesure de mon séjour, quand j'ai mieux connu la ville, j'ai vu d'autres tableaux à peindre. Hier, par exemple, j'ai aperçu un vendeur de concombres dont la présentation de la marchandise était absolument extraordinaire. Je n'avais jamais vu ça ! J'aurais voulu pouvoir m'arrêter là tout de suite et faire un tableau !

Tous ces marchands ambulants qui existent encore ici contrairement à d'autres pays comme le France ou la Hongrie me donnent une sensation de liberté dans un monde perdu. Et puis il n'y a pas d'agressivité ici comme dans d'autres pays. Il y a un certain respect de l'autre et beaucoup d'humanité ce qui donne un sentiment de confiance et de confort. C'est très agréable. J'aimerais beaucoup  revenir à Istanbul car il y a pleins de tableaux que je n'ai pas pu peindre notamment dans les quartiers proches de la Corne d'or.

Brigitte di Benedetto (www.lepetitjournal.com Istanbul). Lundi 7 juin 2010

Exposition exceptionnelle ?Lumières d'Istanbul? de Pál Breznay au lycée Sainte Pulchérie (Galerie Ouvroir d'Art) le mardi 8 juin prochain de 18h à 21 h.

lepetitjournal.com istanbul
Publié le 7 juin 2010, mis à jour le 13 novembre 2012

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