Édition internationale

IRAN – Attaquer avant qu'il ne soit trop tard



D'après un rapport à venir de l'Agence internationale de l'énergie atomique (AIEA), l'Iran se munirait d'un arsenal nucléaire à des fins militaires. Israël pourrait attaquer la République islamique préventivement afin de se protéger, au risque de déstabiliser la région


Test de missiles iranien, novembre 2006 (photo AFP)

L'Agence internationale de l'énergie atomique (AIEA) doit publier mercredi son rapport le plus détaillé à ce jour sur le programme nucléaire iranien. La République islamique assure qu'elle ne cherche qu'à développer la technologie nucléaire à des fins énergétiques. Pourtant, cette enquête approfondie révèlerait, d'après le Washington Post, que l'Iran est parvenu à la maîtrise des étapes nécessaires à la fabrication d'une arme nucléaire, notamment grâce à l'aide de la Russie, du Pakistan et de la Corée du Nord.

Rumeurs israéliennes
Les craintes occidentales envers un Iran fanatique possédant la bombe atomique, ont réveillé chez certains des instincts interventionnistes. Selon de nombreux médias hébreux, le gouvernement israélien, sous l'initiative du Premier ministre Benyamin Netanyahou, pourrait attaquer de façon préventive les installations iraniennes. Téhéran menace en effet ouvertement Israël depuis de nombreuses années. "Les sionistes sont voués à disparaître", se plaît à répéter le président iranien, Mahmoud Ahmadinejad. Le chef de l'Etat israélien Shimon Peres a confirmé que "la possibilité d'une attaque militaire contre l'Iran est plus proche qu'une option diplomatique". Mercredi 2 novembre, l'Etat hébreu a procédé à un tir d'essai de missile. Si le ministère de la Défense a réfuté que cela ait un quelconque lien avec la situation iranienne, le ministre Ehud Barak a précisé qu'"il peut se créer des situations au Moyen-Orient dans lesquelles Israël devra défendre ses intérêts vitaux de façon indépendante, sans avoir à s'appuyer sur d'autres forces régionales ou autres". L'ancien chef du Mossad, Meir Dagan, avertit tout de même : "C'est le genre de choses où l'on sait comment ça commence, mais pas comment cela finira".

Réaction iranienne
Le ministre des Affaires étrangères iranien, Ali Akbar Salehi, accuse l'AIEA d'avoir basé son rapport sur de "faux documents". "La propagande (occidentale) commence à dire que le prochain rapport de l'AIEA va présenter des documents sur une activité de l'Iran en matière de missiles, mais l'agence l'a déjà dit auparavant en présentant de tels documents et nous y avons répondu", a déclaré M. Salehi, qui ajoute : "Nous estimons que ces documents sont des faux et nous avons répété qu'ils étaient sans fondement". Téhéran martèle que son programme nucléaire a une visée uniquement civile. "C'est Israël qui possède quelque 300 têtes nucléaires. L'Iran ne cherche des capacités nucléaires que dans un but pacifique", a expliqué le président Mahmoud Ahmadinejad, dans une interview au journal égyptien Al-Akhbar. Quand on évoque la possibilité d'attaques ciblées israéliennes, le ton se fait tout de suite plus menaçant : "Nous avons des capacités militaires différentes de tous les autres pays de la région. L'Iran [?] est capable de tenir tête à Israël et à l'Occident, et particulièrement aux Etats-Unis". "Les Etats-Unis craignent le potentiel iranien. L'Iran ne permettra aucune action [militaire] à son encontre", ajoute-t-il.

Inquiétudes de l'Europe
Le ministre des Affaires étrangères français  a estimé, dimanche, sur Europe 1, qu'une intervention militaire contre l'Iran représenterait "une menace déstabilisant l'ensemble de la région". Alain Juppé a donc appelé à "continuer dans la voie" du dialogue et des sanctions. Il a tout de même précisé que "si Israël est attaqué, la France se rangera à ses côtés". Le Royaume-Uni est également déterminé à maintenir la pression sur l'Iran, a affirmé vendredi le vice-Premier ministre, Nick Clegg. "Un régime doté d'armes nucléaires, en violation du Droit international, serait une très mauvaise chose pour la paix et la sécurité dans notre monde", a-t-il dit. "Le Royaume-Uni n'exclura aucune option pour venir à bout de cette situation, tout en continuant à oeuvrer pour une solution négociée", a-t-il ajouté.
Damien Bouhours (www.lepetitjournal.com) mardi 8 novembre 2011

En savoir plus

Article du Monde, L'Iran se dit prêt à répondre à une attaque contre ses installations nucléaires
Article de France Soir, Nucléaire iranien : La tension monte

 

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