

Après le succès de son album ?A l'Autre Bout du Monde?, Emily Loizeau nous invite vers le ?Pays Sauvage?. Rencontre à tire d'aile avec l'artiste franco-anglaise, à l'occasion de son concert à Berlin le 26 février 2010
?Où vous sentez-vous le mieux finalement ? A L'Autre Bout du Monde ou dans le Pays Sauvage ??. Dans un éclat de rire cristallin, Emily réfléchit un instant. ?Je crois que dans le Pays Sauvage, c'est pas mal. A l'Autre Bout Du Monde, c'est en fait une chanson sur un deuil qui n'arrive pas à se faire? A la manière d'un Victor Hugo, Emily part en effet, dans son premier album, par les forêts et les montagnes, écrasant les bruyères en fleurs de son chagrin, ne parvenant pas réellement à surmonter son mal. ?Mais, finalement, quand j'arrive dans Le Pays Sauvage, je trouve une réponse à cette douleur. C'est en réalité un album sur le fait qu'on est en vie?.
?Un album sur le fait qu'on est en vie?
De l'Ardèche à la Réunion et en quinze chansons, Emily écume les plages du pays sauvage en compagnie de Moriarty, Thomas Fersen ou autre Danyel Waro, chanteur et musicien réunionnais. ?Je me suis aperçue que mon français, que j'essayais de simplifier et de tordre me faisait penser au créole, je suis donc allée voir Danyel. Un moment magique pour moi et mes musiciens? Le résultat, un album qu'Emily qualifie souvent, en plaisantant, de disque hippie. ?Mes chansons ont appelé l'idée d'un son collectif. C'est un disque qui a quelque chose de communautaire, un disque émanant d'une grande troupe qui chante ensemble. Pour ça, je suis allée chercher Moriarty, Herman Dune, ou encore Jeanne Cherhal, artistes avec lesquels je partage une certaine communauté de son?.
Justement Emily, comment trouver sa place parmi la tripotée de chanteuses françaises comme Emilie Simon, Jeanne Cherhal, Mademoiselle K, Anaïs ou Zaza Fournier ? ?En n'y réfléchissant pas trop. Je crois que j'essaye avant tout d'être assez proche de ce que je suis. Si on essaye de faire un disque en y gommant toutes les aspérités, on devient finalement personne. Avec les filles, on est finalement toutes très différentes, toutes nous-mêmes?. Même pas une pointe de jalousie ? (?Jalouse? est un de ses titres phares) ?(Rires) Non. Je crois que c'est la méthode Coué, je l'ai assez crié pendant deux ans lors de mes tournées?
D'Ute Lemper à Nina Simone
Faisant parfois fi de ses origines franco-anglaises, la musique d'Emily est surtout mâtinée d'influences américaines. ?J'ai grandi en écoutant Dylan ou Nina Simone, baignant dans le Blues, le Folk ou la Country?. D'éventuelles influences allemandes ? ?Pas réellement, même si je suis touchée par la musique d'Ute Lemper, une artiste allemande aux airs de Marlène Dietrich?. Un Emily méli-mélo d'influences et de sons pour celle à qui la chanson s'est imposée comme une ?évidence?, alors qu'elle débute par le piano et le théâtre. ? Je crois qu'il y avait une liberté, quelque chose de plus explosé, de plus explosif et de plus libre dans la chanson, où j'ai l'impression de faire un lien entre le théâtre et la musique. Dans chaque chanson, on peut mettre un peu de soi?. Le monde de la chanson a donc permis à Emily de déployer ses ailes. A Berlin, vendredi soir, ce sont tous les spectateurs réunis aux Galeries Lafayette pour son concert gratuit qui se sont envolés avec elle vers un univers baigné de vie et de liberté, un monde à la fois fantasque et sauvage.
Suzanne Reichenbach et Grégoire Devaux (www.lepetitjournal. com/berlin), mardi 2 mars 2010


































