

C'est la rentrée aussi dans les internats d'excellence. Apparus l'an dernier, ces établissements scolaires publics d'un nouveau genre accueillent cette année un petit millier d'élèves issus de milieux défavorisés ou de quartiers difficiles avec pour objectif de leurs offrir le meilleur cadre scolaire possible
(photo AFP)
Eloignement géographique, tensions familiales, cadre de vie défavorable, et même phénomène Harry Potter : les raisons du renouveau des internats aussi bien dans le privé que dans le public sont multiples.
Portés par cette vague, les internats d'excellence représentent aujourd'hui une formidable proposition pour des jeunes issus de milieux défavorisés ou de quartiers difficiles qui souhaitent mettre toutes les chances de leur côté pour réussir leurs études.
" Cela concerne 1.000 élèves, essentiellement au collège, qui ne sont ni mauvais ni très bons à l'école mais qui ont des conditions de travail médiocres chez eux", explique-t-on dans l'entourage de Fadela Amara, secrétaire d'Etat à la Ville qui a porté ce projet. Le dispositif qui fait partie du plan Espoir Banlieues, a été expérimenté l'an passé avec l'ouverture du premier internat d'excellence à Sourdun en Seine-et-Marne. Face au succès (100% de réussite au brevet dont la moitié avec mention, et des élèves qui décident de poursuivre dans le même établissement), onze autres internats d'excellence, répartis sur toute la France ouvrent cette année leurs portes.
Une école idéale?
Tous les élèves sont volontaires et soutenus par leurs parents qui ont dû joindre une lettre de motivation au dossier de candidature de leurs enfants. Une assistante sociale est chargée de repérer les profils les plus adaptés au dispositif. Puis c'est au corps enseignant de dresser une liste finale après avoir retenus des " jeunes pas forcément excellents mais qui sont intéressés par leurs études, motivés et curieux", résume Jean-François Bourdon, le proviseur de l'internat d'excellence de Sourdun.
Ensuite, c'est aux collégiens et lycéens sélectionnés de jouer le jeu et de s'adapter au programme et à la vie en communauté sous l'étroite surveillance des professeurs et du personnel d'éducation. Par petite vingtaine d'élèves en classe mixte, ils suivent des cours de 8h à 16 heures basés sur le programme académique. Puis, deux heures sont dédiées aux activités culturelles et sportives obligatoires. Escrime, équitation, tir à l'arc, musique, échecs, yoga : les élèves peuvent tout essayer.
En soirées des études surveillées sont prévues avant l'extinction des feux à 22h15. Pas de télévision, ni de jeux vidéo, un accès contrôlé à Internet et au téléphone portable. L'ambiance est studieuse, et en plus d'une exigence toute scolaire, on attend aussi des élèves une certaine tenue vestimentaire (pas de casquette, ni de survêtement, ou de baskets) ainsi qu'un langage et un comportement corrects.
L'éloignement du cadre familial est difficile pour ces élèves qui sont loin de chez eux 5 jours sur 7. L''idée est non seulement de les faire réussir dans les meilleures conditions possibles mais aussi de leur ouvrir un maximum d'horizons. En plus d'une offre importante en activités socioculturelles, des sorties comme à l'Opéra de Paris, des voyages de classe à l'étranger ou en France sont également au programme.
Un élitisme critiqué par les syndicats
Les élèves qui ont fréquenté l'an passé l'internat d'excellence de Sourdun disent s'y être épanouis, mais certains estiment que la pression y est tout de même trop importante et souhaiteraient plus de souplesse, notamment dans le code vestimentaire. Les résultats scolaires des élèves étaient toutefois au rendez-vous et indiquent que le dispositif est porteur, sans toutefois faire l'unanimité. "Le concept ne sera jamais applicable à grande échelle, pour tous" rappelle un professeur par ailleurs ravi de se retrouver face à une classe réduite . Même écho élitiste du côté des syndicats : "On met de côté ceux qui posent problème et on dégage une élite, en mettant en avant les élèves dits méritants", critique Roland Hubert, secrétaire général du Snes-FSU, qui relève aussi que "l'argent qui est mis dans l'internat d'excellence de Sourdun n'est pas mis à disposition de tous les élèves". Pierre Claustre, secrétaire Snes-FSU de l'académie de Créteil partage cet avis : "Nous sommes défavorables à des mesures qui en sauvent certains pour mieux faire couler les autres".
Siri Ounechay (www.lepetitjournal.com) mardi 7 septembre 2010
En savoir plus:
France Soir : Ile-de-France - Premier bilan pour l'internat d'excellence
Le Parisien: Education : les internats ont le vent en poupe


































