Pratiqué depuis 5000 ans, l'art des Peintures Kalamkari de Karuppur a été inscrit au Registre des Appellations d'origine contrôlée en 2020 – 2021.
La petite ville de Karuppur et la survie du kalamkari au Tamil Nadu
Le Kalamkari est pratiqué en Inde depuis plus de 5000 ans. Son introduction dans la région remonte au règne du premier roi de la dynastie Nayaka à Thanjavur (Tamil Nadu). Mais le Kalamkari de Karuppur a connu son apogée lorsqu'il a reçu le patronage royal sous le règne Maratha de Thanjavur puis au XVIIIe siècle de Serfoji Ier, mécène de l'art et de la littérature tamouls.
La peinture Kalamkari est réalisée aujourd'hui par des artisans installés autour de Karuppur dans le district de Thanjavur. Environ 300 familles participent à la création de Kalamkaris traditionnels. Peindre le tissu peut prendre de 15 jours à 6 mois, selon la taille et la complexité du motif, ce qui explique la difficulté de garder la tradition vivante. De plus, peu d'acheteurs sont capables de faire la différence entre les peintures à base de colorants naturels et les peintures sérigraphiées ou imprimées au bloc.
Il va sans dire qu'il est très difficile de localiser Karuppur sur la carte, car avec une population d'environ 1 500 habitants, ce n'est pas vraiment une ville, mais plutôt une agglomération comme beaucoup d'autres dans l'Inde rurale. Elle relève de la juridiction de Pudukkottai, ville un peu plus importante, sélectionnée par le gouvernement indien dans le cadre d'un projet de régénération des industries locales, qui dans cette zone concerne l'industrie des dérivés de la noix de coco.
Les types de Kalamkari
Il existe trois styles différents de peintures de Kalamkari, tous les trois inscrits dans le registre des AOC. Les premières à être inscrites en 2005 étaient les peintures Kalamkari de Srikalahasthi, puis, en 2008, les peintures Kalamkari de Machilipatnam, toutes deux issues d'Andhra Pradesh. La technique du Kalamkari n'est donc pas seulement typique du Tamil Nadu, ni unique à cet État.
En réalité, le kalamkari couvre toute une gamme de textiles en coton dont la seule caractéristique commune est la méthode de teinture. Ce qui rend ceux de Karuppur uniques, ce sont les motifs décoratifs, les thèmes dont ils s'inspirent, et l'utilisation exclusive de colorants végétaux naturels, ainsi que le fait qu'à Karuppur, ils sont peints à la main selon des méthodes traditionnelles. L'impression au bloc est quant à elle typique du Kalamkari Machilipatnam.
Où trouve-t-on des kalamkari de Karuppur ?
Historiquement, ces textiles en coton étaient utilisés comme tentures murales décoratives ou fonctionnelles, pour les vêtements et comme matériau d'emballage et de revêtement.
Dans la région de Thanjavur, ils étaient utilisés tout particulièrement pour décorer les palais ainsi que les mathas ou monastères hindous, et notamment comme peinture sur les tapisseries des temples, les housses de parapluies, les panneaux d'encadrement de portes, les auvents et les tapisseries tubulaires.
Des tissus ornementaux appelés kurulams étaient également placés de chaque côté des ratha (chars de cérémonie en bois posés sur roues utilisés dans le sud de l'Inde lors des fêtes hindoues pour le transport des divinités des temples). Les kurulams étaient alors décorés de Kalamkaris qui représentaient dans de nombreux cas les histoires liées aux divinités Murugan, Ayyappa, Shiva et Vishnu. Les rathas ainsi décorés étaient attachés à une corde, et tirés par des chevaux, ou des éléphants pour les plus grands. Par extension, les sanctuaires ou bâtiments qui ont la forme d'un immense char ou qui contiennent une divinité, comme les chars du temple, sont également appelés ratha. Il y en a cinq à Mahabalipuram et également dans le temple du Soleil de Konark, deux sites inscrits sur la liste du Patrimoine Mondial de l'UNESCO.
Étant donné son rôle dans le culte et la décoration des temples, le Kalamkari représente des scènes de la mythologie hindoue, des épopées ou des personnages royaux. On peut y voir les royaumes Pandya et Nayaka, de nombreuses histoires du Ramayana, et on y retrouve les motifs utilisés dans les sculptures en pierre et en bois des temples.
Ce qui rend uniques les Kalamkari de Karuppur
Le dessin est réalisé généralement sur du tissu pur coton, parfois sur soie, avec des pinceaux en bambou, ou en bois de palmier ou de cocotier. Ces pinceaux naturels sont appelés kalams, d'où le nom de la technique. Ils existent de différentes tailles et formes et sont sélectionnés selon les exigences de la peinture. Leur utilisation nécessite un haut niveau de spécialisation.
Le Kalamkari est teint/imprimé avec des colorants naturels extraits des racines, d'écorce, de feuilles ou de tiges des plantes. Traditionnellement, seules trois couleurs sont utilisées : le noir, le rouge et le jaune. Mais dernièrement, le bleu clair a fait son apparition sur la palette des artisans de Karuppur, ce qui est aujourd'hui une des caractéristiques de ces Kalambari.
Où les acheter et à quel prix ?
Les princpaux destinataires des Kalamkaris sont les temples. Et, comme tout objet d'artisanat produit à toute petite échelle, il est très difficile d'en trouver.
On vend désormais des saris kalamkari imprimés numériquement et toutes sortes de nouveautés qui n'ont pas grand rapport avec la technique artisanale.
Pour être sûr d'acheter un produit original, une solution reste le site internet www.giheritage.com. Mais personnellement, je n'achète pas souvent en ligne des produits AOC, j'affectionne les marchés régionaux et les magasins locaux.
Le prix moyen d'un produit Karuppur Kalamkari varie de 10 000 INR (120 €) à 3 Lakh INR (4000 €), selon la taille et le design.