Édition internationale

ILES GRECQUES – Santorin, patrimoine culturel mondial ?

En réponse à la diminution prévisible du nombre de touristes visitant l'île, le ministre du Développement touristique, Aris Spiliotopoulos, a entrepris le classement de Santorin au Patrimoine culturel mondial de l'UNESCO. Une procédure exigeante

© Photos : Serge MONTVAL

Véritable symbole du tourisme grec, Santorin est chaque été littéralement prise d'assaut. Une haute saison attendue fébrilement par les habitants et commerçants de l'île qui réalisent à cette occasion la quasi-totalité de leur chiffre d'affaires. La saison touristique vient de commencer et souffre déjà de la désaffection des touristes américains et anglais. Une conséquence logique liée à la crise économique traversée par les Etats-Unis et au maintien à un niveau très élevé du taux de change dollar, livre/euro. En réponse à cette crise qui devrait toucher l'ensemble de la Grèce, le ministre du Développement touristique, Aris Spiliotopoulos, a depuis des mois rappelé sa volonté de faire évoluer la Grèce vers une destination haut de gamme dont les recettes seraient ainsi moins liées au tourisme de masse. C'est dans cette optique qu'il a entrepris de classer Santorin comme patrimoine culturel mondial de l'Organisation des Nations Unies pour l'éducation, la science et la culture (UNESCO). Et c'est un véritable marathon diplomatique qui a depuis commencé.

© Photos : Serge MONTVAL

Processus d'inscription
La Convention concernant la protection du patrimoine mondial, culturel et naturel a été adoptée par la Conférence générale de l'UNESCO, le 16 novembre 1972.
Objectifs principaux : encourager l'identification, la protection et la préservation du patrimoine culturel et naturel à travers le monde considéré comme ayant une valeur exceptionnelle pour l'humanité. Seuls les pays qui ont signé la Convention et se sont par-là même engagés à protéger leur patrimoine naturel et culturel - c'est le cas de la Grèce- peuvent soumettre des propositions d'inscription de biens situés sur leur territoire sur la Liste du patrimoine mondial. Mais la procédure d'inscription est exigeante et longue.
La première chose que le pays doit faire est de dresser un inventaire des sites naturels et culturels les plus importants situés à l'intérieur de ses frontières. Cet inventaire est appelé La Liste indicative et constitue un état prévisionnel des biens que l'Etat partie peut décider de proposer pour inscription au cours des cinq à dix années à venir;elle peut être mise à jour à tout moment. C'est une étape importante, car le Comité du patrimoine mondial ne peut étudier une proposition d'inscription sur la Liste du patrimoine mondial si le bien considéré ne figure pas déjà sur la Liste indicative de l'Etat partie.
Les biens proposés pour inscription sur la Liste du patrimoine mondial sont évalués par deux organisations consultatives indépendantes : le Conseil international des monuments et des sites (ICOMOS) et l'Union mondiale pour la nature (UICN) qui fournissent respectivement au Comité du patrimoine mondial des évaluations des sites culturels et naturels proposés pour inscription.
Une fois qu'un site a été proposé et évalué, c'est au Comité intergouvernemental du patrimoine mondial qu'appartient de prendre la décision finale concernant son inscription. Une fois par an, le Comité se réunit pour décider quels sites seront inscrits sur la Liste du patrimoine mondial. Il peut aussi différer sa décision et demander aux Etats parties de plus amples informations sur leurs sites.

© Photos : Serge MONTVAL

Avantages d'une telle inscription
Les législateurs de l'UNESCO vous diront, et nous citons un texte issu du site de l'UNESCO, que "l'avantage prédominant de l'adhésion à la Convention du patrimoine mondial est l'appartenance à une communauté internationale qui apprécie et sauvegarde les biens d'importance universelle incarnant un monde d'exemples exceptionnels de la diversité de la culture et de la richesse de la nature". Certes.
Mais plus prosaïquement l'autre avantage majeur est d'avoir accès au Fonds du patrimoine mondial. Chaque année, environ quatre millions de dollars EU sont alloués pour aider des Etats parties à identifier, préserver et promouvoir des sites du patrimoine mondial. L'assistance d'urgence peut aussi être accordée pour réparer les dommages causés par les catastrophes naturelles ou par l'activité humaine. Dans le cas des sites inscrits sur la Liste du patrimoine mondial en péril, l'attention et les fonds de la communauté nationale aussi bien qu'internationale sont focalisés sur les besoins en matière de conservation de ces sites particulièrement menacés.
Aujourd'hui, le concept de patrimoine mondial est bien compris, au point que les sites inscrits sur la Liste sont un véritable aimant pour la coopération internationale et qu'ils peuvent recevoir une aide financière de diverses sources pour des projets de conservation du patrimoine.
Enfin, l'inscription d'un site sur la Liste du patrimoine mondial entraîne une plus grande sensibilisation du public au site et à ses valeurs exceptionnelles, ce qui renforce les activités touristiques sur le site. Bien planifiées et organisées conformément aux principes du tourisme durable, celles-ci peuvent être une source majeure de fonds pour le site et l'économie locale. Et c'est bien là l'objectif recherché par le ministre grec Aris Spiliotopoulos.
Adea GUILLOT. (www.lepetitjournal.com/ahtenes.html) mercredi 30 avril 2008

Commentaires

Votre email ne sera jamais publié sur le site.