Lorsque je suis arrivée fin août à Hong Kong, j’ai à peine quelques jours après mon installation été confinée chez moi à cause d’un typhon. Beaucoup m’ont dit que je vivais quelque chose d’assez exceptionnel. A peine un mois plus tard, la situation se répétait. Les “super typhons” (recensés comme T8) sont-ils plus fréquents et plus puissants ? Qu’est-ce qui est à l'origine de ce phénomène ?
Qu’est-ce qu'un typhon?
Nous en entendons parler sur le site Hong Kong Observatory (HKO) régulièrement, mais savons-nous réellement ce qu'est un typhon ? Ouragan, cyclone, typhon… beaucoup de mots existent pour décrire le même phénomène météorologique. A Hong Kong et dans la zone Asie Pacifique, on utilise le terme typhon, qui vient du terme cantonais “tai fung”, ce qui signifie “grand vent”. Il est utilisé pour décrire une tempête qui se forme à la surface de l’eau dont les vitesses de vent dépassent les 119 km/h. Lorsqu’ils dépassent certains seuils, on les appelle par ailleurs “typhon sévère” et “super typhon”, et ce depuis 2009. Les typhons sont heureusement un sujet de préoccupation seulement lors de la saison, lorsque la pression est trop basse. Cette basse pression est intrinsèquement liée à la température de la mer, le phénomène étant accentué en eau chaude, expliquant pourquoi le Pacifique est une région propice à la formation de ce phénomène météorologique.
Un événement de plus en plus fréquent et puissant
Hong Kong est une zone propice certes, mais l’est de plus en plus, comme nous pouvons l’observer avec l’augmentation du nombre et de la puissance de ces phénomènes. Un exemple très récent serait le typhon qui nous a frappé le week-end des 7 et 8 octobre, le typhon Koinu. Ce typhon, qualifié par les autorités de “stronger-than-expected”, a touché Hong Kong beaucoup plus intensément qu'envisagé par le HKO. Ce dernier a, à titre d’illustration, annoncé le signal T.9 à peine 15 minutes avant son installation. De nombreux habitants de Hong Kong n’ont alors pas pu prendre de précautions et beaucoup se sont retrouvés coincés hors de leur domicile, notamment les "workers" dans certains restaurants et supermarchés, toujours ouverts lors du T8. En plus de ne pas avoir été anticipé, ce dernier est arrivé peu de temps après dernier typhon T10, Saola, survenu début septembre. Ce rapprochement d'événements censés être exceptionnels est pourtant observable depuis plusieurs années: les typhons de catégorie T8 ou plus ont plus que doublé depuis les années 1970. Un exemple plus concret: il y a eu depuis septembre 2023 deux typhons reconnus comme équivalents ou supérieurs à T9. Il y a à peine 40 ans, dans les années 1980, un seul typhon correspondait à cette envergure. Comment un typhon T10, censé arrivé une fois par décennie, commence à se produire plusieurs fois par an ?
Pourquoi une telle augmentation ?
De nombreuses études, parmi lesquelles International Panel on Climate Change (IPCC) se sont penchées sur la question de la récurrence et la hausse de l'intensité des typhons ces dernières années. Elles arrivent à la même conclusion que les typhons se sont intensifiés de 12 à 15 % à travers le monde depuis la fin des années 1970. Ce phénomène s’explique par le réchauffement des océans, dû au changement climatique. En effet, comme nous l’avons déjà évoqué, les typhons se forment à la suite de basses pressions à la surface des océans, phénomène accentué lorsque l’eau est chaude, expliquant pourquoi la saison des typhons est l'été. Or, l’eau à la surface se réchauffe du fait de l'effet de serre, donnant de véritables “coups de boost” aux cyclones tropicaux et accentuant leur fréquence. L’eau des côtes est également beaucoup plus chaude qu’il y a quelques décennies, renforçant ainsi les typhons lorsque ces derniers s’approchent des rivages et donc des villes littorales comme Hong Kong, ce qui s’est produit avec le typhon Koinu. Ce phénomène accentue alors également leur puissance. Enfin, suite aux courants marins qui se réchauffent tout autant, les typhons du Pacifique se déplacent plus encore dans les directions Nord-Ouest, suivant donc les courants, les menant alors plus proches des côtes hongkongaises. Ainsi, le changement climatique expose les zones portuaires à des phénomènes météorologiques imprévisibles, contraignant de plus en plus les gouvernements à prendre en compte la donnée écologique.
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