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Top 9 des applis de manifs

Top 9 applis de manifestationsTop 9 applis de manifestations
Manifestez depuis votre canapé avec Manif.app

En temps de distanciation sociale, les manifestations avec défilés et banderoles laissent la place à des mouvements sociaux s’appuyant sur les nouvelles technologies. Les manifestants des pays où la liberté d’expression est réduite sont aguerris, et les manifestants s’échangent les bons trucs sur le Web. Tour d’horizon des moyens permettant les manifs 2.0.

1. Manif.app: la manif anonyme

Application gratuite créée par le parisien Antoine Schmitt. Si l’idée lui est venue durant les manifestations des Gilets Jaunes, en réaction à une répression parfois violente, manif.app vient d’être lancée ce 15 avril. Dans un contexte de confinement, l’appli permet de manifester depuis son canapé grâce à un avatar virtuel, de manière totalement anonyme. S’appuyant sur le service collaboratif Open Street Map (équivalent de Google Maps), l’application permet à chacun d’organiser ou rejoindre une manifestation en ligne. Votre silhouette avatar rouge et anonyme, portant votre slogan, est ainsi visible publiquement sur la carte interactive à l’endroit de la manif.

Plusieurs associations ont déjà adopté manif.app: l’association de défense de l’environnement portugaise "Galp Must Fall" a organisé le 25 avril une manif virtuelle dans les rues de Lisbonne devant le siège de Galp (groupe pétrolier), avec des manifestants originaires du Mozambique défilant virtuellement. En Belgique, le 15 avril, près de 400 personnes se sont retrouvées à Bruxelles devant le Parlement belge. 

2. Youtube: tutos par des pros

On ne présente plus YouTube. Pourtant, en cherchant un peu, on y trouve des tutos tout à fait étonnants. La chaîne samirkassir explique ainsi en 14 leçons comment agir. Gestes de premier secours, gaz lacrymogènes, sécurité des conversations, vérification des informations, cryptage des données, droits internationaux, tout est décrit en quelques minutes. Ces courtes vidéos, originellement à destination des journalistes d’investigation, fournissent un vrai kit de survie au manifestant 2.0. Les vidéos sont disponibles en arabe, anglais et français.

Samir Kassir, journaliste franco-libanais, auteur, mort dans un attentat en 2005, a notamment donné son nom au Prix Samir Kassir de l’Union Européenne qui récompense les articles d’opinion et d’investigation, ainsi que les reportages audiovisuels, sur la démocratie, les droits de l’homme, dans les 18 pays d’Afrique du Nord, du Moyen-Orient et du Golfe couverts.

https://www.youtube.com/user/samirkassireyes/videos

 

 

3. TikTok: tutos et messages cachés

TikTok est un site de partage de vidéos chinois opéré par ByteDance, une société pékinoise. Les vidéos sont principalement de courtes danses et chorégraphies de divertissement, de moins d’une minute. TikTok est hébergé sur des serveurs en Chine et aux Etats-Unis, depuis la fusion avec musical.ly en 2018. Extrêmement populaire en Asie et aux Etats-Unis en particulier, TikTok se développe dans de nombreuses régions du monde.

En janvier 2019, le gouvernement chinois a annoncé qu’il tiendrait pour responsable la compagnie du contenu déposé par les utilisateurs, et listé 100 types de contenus inappropriés. Des vidéos sur les manifestations hongkongaises notamment ont été relayées, mais aussi un tutorial de maquillage tout à fait étonnant. Une Afghan-Américaine de 17 ans, Feroza Aziz, se maquille face caméra en dénonçant de manière très directe les camps Ouighours. Plus étonnant encore, son compte TikTok a été effacé puis ré-ouvert, accompagné d’une lettre d’excuse.

 

 

4. FireChat: quand les smartphones bypassent le réseau

Créée par un groupe de développeurs menés par Micha Benoliel pour faciliter la communication de groupes d’amis durant des grands évévements (sportifs, culturels), FireChat permet à des smartphones de se connecter sans utiliser ni le réseau mobile ni le WiFi.

En 2014 à Hong Kong, elle était utilisée pour échanger des informations très basiques (rues bloquées, localisation de brigades de police), permettant ainsi une meilleure coordination. Pour rompre la chaîne de communication entre les manifestants, le gouvernement avait recouru à des fermetures du réseau cellulaire: Joshua Wong avait déjà repéré FireChat utilisé pendant le mouvement Sunflower à Taiwan. Malgré des tentatives de blocage du serveur, FireChat a permis au mouvement des parapluies de perdurer 4 mois.

 

Caisse à outils des manifestants 2.0
Passez en mode horizontal avec FireChat

 

5. Bridgefy: un réseau grassroot

Bridgefy permet à des smartphones de communiquer en utilisant le protocole Bluetooth. Bluetooth fonctionne pour des équipements à un éloignement maximal de 1m à 100m en fonction des classes. Dans une ville dense, encore plus en contexte de manifestation, ce n’est pas un problème. Deux smartphones ayant installé cette application, suffisamment rapprochés, peuvent transférer des informations. Un utilisateur peut aussi choisir d’envoyer un message à un autre smartphone en particulier, les autres smartphones diffuseront l’information jusqu’à ce qu’elle arrive à sa cible.

Les manifestants Hongkongais se sont appuyés en 2019 sur Bridgefy, téléchargé 60.000 fois rien que la dernière semaine d’août 2019 à Hong Kong. On n’a pas très bien compris comment les smartphones des policiers entraient dans ce dispositif: s’ils téléchargent l’application, ils pourraient bien transmettre les informations à leur corps défendant, mais aussi les intercepter…

6. Telegram: le secret, pour le meilleur et pour le pire

Créé en 2013, Telegram est une messagerie fondée sur un nouveau protocole, MTProto, en open source. L’intérêt de Telegram repose principalement sur les conversations secrètes: crypté avec le protocole MTProto, un message ne peut être lu que sur le smartphone auquel il est adressé, après une invitation. Les messages peuvent être effacés à n’importe quel moment, on peut aussi programmer leur auto-destruction. Les clés de cryptage sont mises à jour après leur centième utilisation.

Les manifestants hongkongais ont utilisé Telegram en 2014, pour protéger leur identité. En août 2019, le Hong Kong Internet Service Providers Association annonçait que le gouvernement envisageait de bloquer Telegram. L’application a été très décriée pour héberger du doxxing. La chaîne Dadfindboy (50.000 abonnés) postait par exemple des informations et photos personnelles de policiers et de leur famille et appelait à la violence, menant en juillet 2019 à des arrestations. Le doxxing des pro-Pékin, lui, était hébergé par HK Leaks, un site russe, toujours actif et relayé par des organes de presse chinois.

 

Caisse à outils des manifestants 2.0
Avec HKmap.live, suivez les mouvements des manifs à Hong Kong

 

7. HKmap.live: une carte pas comme les autres

Développé par des manifestants hongkongais, HKmap.live donne la localisation des forces de police et des autres manifestants. Originellement disponible dans l’iOS App Store, l’application a été retirée par Apple sur pression du gouvernement chinois.

8. AirDrop broadcast: des enveloppes rouges piégées

En juin et juillet 2019, les manifestants hongkongais ont utilisé la fonction AirDrop des smartphones Apple pour diffuser de l’information sur la loi d’extradition. Ainsi, des QR codes ressemblant à des "red envelopes" d’Alipay ou WeChat Pay, une fois scannés, redirigeaient vers des informations en chinois simplifié sur le mouvement. AirDrop est en effet un lien entre smartphones qui bypasse la censure du gouvernement chinois.

9. Presque la vraie vie: les camps de formation à l’action

En participant à des camps, les activistes altermondialistes s’entraînent à des formes d’action physique. Le Monde a ainsi enquêté dans une série de vidéos intitulée Plan B, ici par exemple sur un camp en France pour les défenseurs de la cause écologiste. Via des jeux de rôles, les activistes doivent devenir "plus rigoureux, moins amateurs, pour pouvoir mener des actions solides". Ce type de camp peut être organisé pour tous types de causes et dans toute région du monde, en s’adaptant au mode d’action des forces de l’ordre du pays.

 

 

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