La médecine chinoise peut effrayer, entre ses aiguilles, ses ventouses et sa pharmacopée exotique. Afin de savoir comment se passe une séance, notre journaliste, Karine, s’est prêté au jeu et vous relate son expérience auprès d’un praticien en médecine chinoise traditionnelle.
Mardi, dix heures. Je rentre dans le cabinet du médecin. Ça ressemble exactement à un cabinet classique, à part l’immense aquarium aux poissons multicolores qui se tient dans la salle d’attente et qui me scotche d’admiration.
Après avoir répondu à un questionnaire long comme le bras, me demandant mes antécédents et mes problèmes physiques et psychiques, je rencontre enfin la doctoresse. Heureusement, elle parle un anglais parfait et peut ainsi m’expliquer chaque étape du processus.
Holistique et médecine chinoise
Pour commencer, la doctoresse me tâte le pouls avant d’étudier avec attention ma langue. Puis, après cette première observation ainsi qu’un petit entretien, elle décide de quelles méthodes j’ai besoin pour aller mieux.
La médecine chinoise est complexe. Pratique ancestrale, elle prend en compte l’intégralité du corps, à l’inverse de la médecine occidentale qui se concentrera sur un symptôme et une partie du corps uniquement. Selon la médecine chinoise, chaque élément, chaque partie du corps interagit avec le reste et il est donc important d’analyser son ensemble pour pouvoir guérir.
Après quelques minutes d’observation, la doctoresse est formelle : je souffre d’un déficit de yang. Car oui, tout comme l’univers entier, le corps humain est également composé de yin et de yang. Le yin c’est entre autre, le froid, l’humidité… alors que le yang, c’est le chaud, la lumière, la sécheresse. Chez une personne en bonne santé, ces deux éléments sont présents de manière uniforme. Certains individus possèdent plus de l’une ou de l’autre, ce qui provoquera par conséquent un déséquilibre.
Pour me soigner, elle commencera donc par de l’acupuncture!
L’acupuncture, art de la médecine chinoise
Je m’allonge donc sur la table… sur le dos, pendant que la thérapeute prépare ses aiguilles.
Dès 2010, l’acupuncture a été inscrite au patrimoine immatériel de l’humanité et je suis ravie de tester cette pratique en Asie… même si j’avoue avoir un peu peur. En Suisse, on m’avait dit que les Chinois aimaient quand la pose des aiguilles était douloureuse, preuve de son efficacité. Je pose la question, tremblante. Elle confirme. Apparemment, en effet, la Chine associe douleurs et efficience. Si cela ne fait pas mal là où l’on met l’aiguille, c’est qu’on ne la met pas au bon endroit. De plus, la peau des Occidentaux est plus fine que la peau des Asiatiques, et donc plus sensible. Mais elle me rassure directement. Elle sait travailler avec des étrangers et sait comment faire pour que ce ne soit pas trop douloureux. Mes muscles se tendent malgré tout… pour rien. Si je sens quand elle pose les aiguilles, cela reste tout à fait supportable.
Je me retrouve rapidement avec des aiguilles sur le crâne, sur le front, sur les bras et les mains, sur le ventre et sur les jambes. Elle allume alors une lampe chauffante qu’elle place au-dessus de moi et me laisse là, pendant une vingtaine de minutes, pendant laquelle je manque de m’endormir.
Art taoïste, l’acupuncture est connue pour ses nombreux bienfaits : renforcement du fonctionnement des organes, régulation du stress et de l’anxiété, amélioration des douleurs diverses, etc. Pour ma part, j’en ressors assez détendue et — si j’ai senti les aiguilles pendant toute la séance — elles ne m’ont pas fait mal.
Ventouses et médecine chinoise
En fin de séance, la praticienne me demande de me tourner sur le ventre. Elle prépare de son côté quatre ventouses qu’elle me posera sur le dos. Cette technique, qu’on appelle cupping, ou ventouses, est une médecine alternative où, à l’aide de petites coupes en verre, le thérapeute aspire votre peau pour soulager divers maux.
Là encore, les bienfaits seraient nombreux : réduction de la fièvre, soulagement des problèmes digestifs, de l’hypertension, de l’acné, de l’infertilité, des crampes menstruelles, la liste est longue.
Si la méthode fait débat parmi la communauté scientifique, elle a pourtant de nombreux adeptes. Nous citerons entre autres Jennifer Aniston, Gwyneth Paltrow ou certains sportifs, comme le nageur Michael Phelps ou le joueur de baseball DeMarcus Ware…
Pour cette fois-ci, elle ne m’en posera que quatre, sur la partie inférieure de mon dos. En effet, les ventouses ne sont pas posées au hasard. De leur localisation, qui changera en fonction des maux, au nombre d’entre elles, en passant par le temps de pose, tous ces critères mis ensemble modifieront les effets attendus.
Pour que la succion entre mon épiderme et le verre puisse avoir lieu, la thérapeute chauffe les coupelles, qu’elle pose ensuite sur mon dos. La sensation n’est pas désagréable ni douloureuse. Ma peau tire. À titre de comparaison, c’est le suçon qui y ressemble le plus… et je me retrouve rapidement avec l’impression de me faire embrasser fougueusement sur le dos. Elle me laisse ensuite reposer pendant une vingtaine de minutes, le temps que cela fasse son effet.
Elle me les enlève alors et quatre ronds rouges apparaissent sur ma peau, comme sur la carapace d’une coccinelle. J’ai de la chance : avec un t-shirt, ils ne seront pas visibles… et s’en iront d’ici quelques jours. Mais vous observerez sûrement dans la rue de nombreuses personnes avec ces tâches sombres situées entre la nuque et les reins.
Les plantes de la médecine chinoise
Avant de quitter le cabinet, la thérapeute me concocte des petits sachets de plantes médicinales que je devrai boire. La médecine chinoise est en effet personnalisée. Vieille de plus de 3000 ans, ce sont les praticiens qui composent chaque préparation en fonction du patient… en mélangeant divers ingrédients variés (plantes, fleurs, écorces, racines, graines, etc.). Je reçois donc une boîte pleine de pochettes, qui sentent la forêt et le gingembre, et qui me rappellent vaguement le pan masala, ce mélange d’épices qu’on croque après le repas dans les restaurants indiens. Ce qui me perturbe légèrement, c’est son apparence : cela ressemble à du sable. J’ai l’impression que je vais devoir boire de l’eau mélangée avec des gravillons.
Une fois à la maison, le repas avalé, je me lance. Je fais chauffer de l’eau, y verse la poudre, remue le tout avec une cuillère et, si l’odeur ne me dit rien, le goût n’est pas aussi terrible que ce que j’avais imaginé. Bien évidemment, ce n’est pas aussi bon qu’un thé au jasmin ou un thé froid citron, mais la praticienne a réalisé un mélange que j’arrive à boire. Je suis soulagée puisque je suis censé boire ça matin et soir pendant plusieurs jours.
Pour conclure, j’avoue avoir apprécié l’expérience et j’y retournerai très probablement!
Et vous, avez-vous testé la médecine chinoise traditionnelle?
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