Médecine douce, médecine avant-gardiste à l’approche holistique, ou au contraire médecine moyenâgeuse et barbare utilisant des animaux protégés ? Que penser de la médecine chinoise? Vieille de 2000 ans, mais en plein renouveau, la médecine chinoise fait parler d’elle. Lepetitjournal.com, après l'acuponcture, vous parle de la pharmacopée chinoise
Une pharmacopée traditionnelle très large
Depuis les plantes médicinales, jusqu’à des décoctions intégrant des extraits animaux ou minéraux, la pharmacopée associée à la Traditional Chinese Medicine (TCM) comporte un large éventail de produits.
Traditionnellement, les prescriptions sont réputées différentes pour chaque patient, avec un ou deux ingrédients principaux (principes actifs) et des ingrédients secondaires pour équilibrer le cocktail. Dans certains cas, ces ingrédients servent de catalyseurs, sans eux le remède serait inefficace. Dans d’autres, ils sont nécessaires pour annuler la toxicité ou réduire les effets secondaires de principes actifs.
Le pharmacien détermine le cocktail via une analyse de l’état général du patient (principe holistique). Malgré l’affirmation chinoise du contraire, le principe holistique est aussi pratiqué en médecine occidentale : on y soigne un malade et non une maladie, c’est pourquoi les consultations online et la médecine Over-The-Counter (OTC) restent très limitées.
Les herbes médicinales doivent être infusées deux fois en une heure. Elles peuvent être formées en boulettes (souvent amères), et avalées avec de l’eau chaude. C’est ainsi que beaucoup de Chinois s’étonnent du bon goût des médicaments occidentaux : un remède n’est réputé efficace que s’il est vraiment mauvais !
La TCM s’est beaucoup modernisée. Les médicaments sont disponibles en poudre dans des sachets, parfois même en gélules. Souvent associée à la pharmacopée de type occidental en Chine, elle n’est pas en concurrence avec celle-ci en Chine et représente un secteur florissant, estimé à 43,6 milliards de dollars en 2019, avec une croissance de plus de 10 % par an. Les prescriptions de pharmacopée chinoise peuvent être faites dans les hôpitaux même dits « de médecine occidentale ». Les médecins sont incités à la proposer à leurs patients.
En France, la TCM est pratiquée, mais a dû faire face à des problèmes de contamination ou d’adultération. Elle a été mise en cause dans quelques incidents parfois mortels. Philippe Sionneau, auteur convaincu de plus de 12 livres sur la pharmacopée chinoise, propose une interview documentée sur le sujet.
La médecine douce par les plantes
L’herboristerie chinoise incorpore des ingrédients provenant de toutes les parties de la plante : feuille, tige, fleur, racine, graine… Passage en revue de quelques plantes, avec l’aide d’une source qui passe en revue les tests cliniques effectués pour vérifier les bienfaits annoncés :
- Le ginseng (chinois, américain, de Sibérie) : stimulation du système immunitaire, fatigue physique ou intellectuelle, convalescence, stimulation de la fonction sexuelle.
- Le ginkgo biloba : traitement adjuvant des symptômes de démence, incluant les pertes de mémoire, les troubles de l’attention et la dépression, ou le syndrome prémenstruel.
- Les champignons : champignon chaga (anti-inflammatoire, immunité) et reishi (réduction de stress et régulation de l’humeur) principalement.
- Baie de goji : propriétés antioxydantes, immunostimulantes, antidiabétiques, antihypertensives, anti-infertilité.
- Angélique (dang gui) : diminution des symptômes de la ménopause
- Mais aussi : astragale, cannelle, hydraste du Canada (coptis chinensis), gingembre, réglisse, éphédra, pivoine, rehmannia, rhubarbe, sauge…
Les minéraux dans la médecine chinoise
Moins bien connue, l’utilisation de minéraux dans la pharmacopée chinoise est avérée depuis au moins 2000 ans. Le premier empereur notamment est mort vraisemblablement d’un empoisonnement au mercure, alors qu’il recherchait l’élixir d’immortalité.
Une liste des minéraux utilisés le plus fréquemment est disponible ICI.
Les animaux de la médecine chinoise
C’est l’aspect le plus polémique de la pharmacopée chinoise, parce que des espèces menacées y sont utilisées. Pour satisfaire les appétits chinois, un marché noir s’est formé, alimenté par le braconnage. Quelques exemples :
- Les hippocampes : ancêtre du Viagra, les hippocampes sont utilisés réduits en poudre, principalement pour les cas d’infertilité et impuissance, mais aussi contre la calvitie, l’asthme et l’arthrite. Interdit à l’international, le commerce d’hippocampes a pignon sur rue à Hong Kong : séchés dans des bouteilles en verre ou en plastique, ils sont partout à Sheung Wan. Aucune étude n’a été effectuée sur leur efficacité.
- La corne de rhinocéros : en poudre ou bouillie, elle traite fièvre, rhumatisme, et goutte. En fait, elle est composée de kératine (comme les ongles ou les cheveux) et son efficacité n’est pas prouvée.
- Le fameux pangolin se trouve exactement dans la même situation, sa carapace étant faite de kératine et pourtant réputée guérir la malaria, l’anxiété, la dépression l’asthme et le cancer.
- L’os de tigre : la croyance qu’en mangeant du tigre on ingère sa force est partagée dans plusieurs cultures. La pratique est encore largement répandue en Chine, sur les os et le vin de tigre notamment. Traitement contre les rhumatismes et l’arthrite, l’os de tigre réduit en poudre est surtout un favori des hommes à la libido vacillante : utilisée en pilule, elle ne doit pas être confondue avec le Tiger balm qui ne contient pas de tigre.
- Le vin de tigre : élixir du type Viagra, c’est un cadeau de choix en Chine. On plonge tout simplement une carcasse de tigre dans de l’alcool de riz. Interdit en Chine depuis 1993, le mot a disparu des noms et l’ingrédient a changé… de nom : maintenant, c’est « os de lion » ou « alcool fortifiant à base d’os ». C’est donc ainsi que la Chine s’occidentalise : on commence à y manger du lion! Mais sur le fond, on ne sait pas si c’est du lard ou du cochon.
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