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Rencontre avec Denis Do, le réalisateur du film Funan

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Denis Do @Alliance française de Hong Kong
Écrit par Stéphanie Stiernon
Publié le 11 décembre 2018, mis à jour le 12 décembre 2018

Réalisateur du film d’animation Funan, Denis Do, un franco-cambodgien de 33 ans, revient sur la genèse de son film d'animation, l'histoire de sa famille pendant le régime des Khmers rouges et sa quête de ses origines. 

Son premier film a reçu le prix du meilleur long métrage au Festival international du film d'animation d'Annecy en 2018. Il s'inspire de l’histoire de sa mère, séparée de son fils pendant l'exil forcé de Phnom Penh, qui doit apprendre à survivre pendant le régime des Khmers rouges. 

Diplômé des Gobelins, l'école de l'image à Paris, Denis Do nous raconte pendant sa visite à Hong Kong pour le French Film Festival qu’il a voulu tout arrêter pendant la production. 

"Les ombres noires"

Tout petit, sa mère lui parlait de l’importance de terminer son assiette et de respecter chaque grain de riz. "A mon époque, je n’avais rien à manger à cause des hommes en noir" lui racontait-elle. C’est à partir de bribes d’histoires évoquées régulièrement que Denis s’est mis à fantasmer sur ces "ombres noires". Jusqu’à ce qu’il comprenne qu’elle évoquait les Khmers rouges au pouvoir au Cambodge de 1975 à 1979. L’idée de raconter l’histoire de sa famille a commencé à germer.

"Un masque de sourire" 

À l’école des Gobelins, il a pu se consacrer à ce projet.  Le film n’est pas une retranscription du parcours de sa mère mais une fiction basée sur ses souvenirs. "Je m’estime heureux d’avoir eu ce temps de partage avec elle. D’autres survivants pour qui c’est trop douloureux, n’en parlent pas."

"Mais lors d’un voyage sur place à la rencontre de témoins et de survivants du régime, je me suis aperçu que ma mère ne me racontait pas tout. Elle me cachait une partie de ses souvenirs sous un masque de sourire".

 

Funan film d'animation dénis do

"J’ai failli tout arrêter en pleine production"

Est-ce que ce film s'assimile à un devoir de mémoire? "Une contribution seulement" nous répond Denis Do.

"Je me suis rendu compte lors de la production que ça me gênait de nourrir cette image misérabiliste du Cambodge qui tourne autour des Khmers rouges. Le Cambodge est bien plus riche que ces quelques années noires et moralement je ne voulais pas ajouter ma pierre à cette perception. Mais comme on ne réduit pas à néant presque sept ans de production, je me suis raisonné. Le thème principal de ce film est une histoire familiale et pas le régime politique du moment, je m’épanche d’ailleurs peu sur son histoire et idéologie."

Prix du meilleur film d’animation au Festival d'Annecy

Le réalisateur nous explique qu'il a travaillé avec différents pays et se réjouit d’avoir pu impliquer une équipe cambodgienne qui était en charge des étapes de colorisation des animations.

Un tel prix n'était pas gagné à ses yeux, "je cumulais tous les handicaps, un premier film qui n’est pas l’adaptation d’un livre connu, un sujet adulte relève d’emblée de nombreux challenges, notamment pour la recherche de financements"

 

 

Après le Cambodge, la Chine

Le réalisateur revient sur cette quête qu’il a entreprise très jeune, ce besoin de comprendre d’où vient sa famille et qui sont ses aïeux. Il parle d'exode qui a marqué cette histoire. Ces grands-parents chinois ont eux-aussi fui, à cette période c'était l’invasion japonaise en Chine pour s’exiler au Cambodge. Il nous confie alors "j’attends le moment où je devrais moi aussi m'exiler, partir, je le sais et je le sens."

Le prochain projet d’animation de Denis Do se passera en Chine. "Ce sera un court métrage qui parlera de ce besoin d’exil, de la transmission et de l’héritage familial mais aussi de la confrontation entre la mentalité confucéenne et le monde moderne. J’ai fini le scénario, je dois m’attaquer au storyboard."  
 

Propos recueillis par Stéphanie Stiernon et Marc Schildt le 3/12/18
Remerciements à l'Alliance française de Hong Kong pour avoir arrangé l'interview.

 

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