Édition internationale
Radio les français dans le monde
--:--
--:--

Le vin: la métaphore du temps et de la vie avec Cédric Klapisch 

Klapisch Girardot Hong KongKlapisch Girardot Hong Kong
Cédric Klapisch et Ana Girardot présentent "Ce qui nous lie" à Hong Kong
Écrit par Stéphanie Stiernon
Publié le 1 janvier 1970, mis à jour le 18 février 2021

Cédric Klapisch nous explique comment son dernier film Ce qui nous lie est une ode au temps qui passe et aux individus qui le traversent. Le vin, thème de départ de son script, est devenu pour lui une vraie métaphore.  

Réalisateur, scénariste et producteur de cinéma, Cédric Klapisch a de nombreux films à son palmarès. Révélé au grand public français par le film Péril Jeune en 1994, il se fera connaitre sur la scène internationale grâce à la trilogie L'Auberge espagnole, Les Poupées russes et Casse-tête chinois, inspirée de ses deux années d’expatriation à New-York.

Depuis son premier court métrage Ce qui me meut au film Ce qui nous lie, il y a 28 ans, 12 films, 3 enfants et une évolution personnelle et professionnelle importante : "partir du moi pour aller vers le nous".

Sa tournée asiatique 

Il achève à Hong-Kong sa tournée asiatique pour la promotion de son film en compagnie de l’actrice Ana Girardot.

"A Singapour, à Séoul ou Hong Kong, on a reçu quasiment le même accueil qu’en France. C’est troublant de constater que les gens pleurent, sont émus et rient aux mêmes endroits". Si les émotions sont identiques par-delà les frontières, certaines différences culturelles étaient quand même palpables. En référence à une scène du film sur les beaux-parents de Jérémie, "on m’a dit par exemple à Séoul que critiquer ses beaux-parents était quelque chose d’impensable au sein d’un couple en Corée."

Cédric Klapisch aime rencontrer le public local. Certaines fois, les rencontres se limitent à la presse locale avec laquelle il confie "apprendre beaucoup de choses grâce aux questions, à leur tournure. C’est une façon aussi de rencontrer le pays."  

Quant aux français de l'étranger, il reconnait qu'ils ont pu voir le film avec un autre angle. "Jean, joué par Pio Marmai, qui vit en Australie prend une dimension beaucoup plus importante avec sa problématique d’expatrié et de retour."

Le temps, le vin et la famille  

Pour préparer son film en Bourgogne, il fait réaliser une photo par semaine pendant un an d'un même endroit.

"Je souhaitais voir les saisons de manière très précise. Et quand on décompose le résultat, au total 52 photos, on a envie de montrer plusieurs moments de chaque saison : l'hiver avec et sans neige, le printemps avec les fleurs aux arbres puis les feuilles vertes au bout des branches... et toutes les étapes de la vigne à chacun de ces moments. Il y avait vraiment un fantasme de voir et d'utiliser ces choses pour donner une dimension importante au film : le temps qui passe. » 

Montrer ce qui perdure dans le temps! "C’est un film un peu contre la pensée de l’instant où les gens aujourd'hui sont trop tournés vers ce qui vient de se passer, ce qui vient de sortir, ce qui fait l'actualité."

Le film fait donc la publicité de ce qui reste, ce qui traverse le temps, et utiliser le vin et la nature comme symboles de cette dimension a vite été évident. « Le vin est un des rares produits qui vieillit bien en plus d’être un produit noble produit dans le monde entier depuis 6000 ans »  

L’amour du vin (qui lui est transmis par son père) était une des raisons principales pour laquelle il a écrit ce film. "Le vin est le caviar de l’agriculture. Pas uniquement en raison de sa valeur marchande mais surtout pour la sophistication dans sa production qui apporte à la viticulture un côté noble et civilisé." 

Puis l'analogie entre les étapes d'une vie et le côté cyclique de la nature est devenue manifeste. Le vin, élément de départ du script, a laissé la place à l’histoire de Jean, Juliette et Jérémie autour de l’héritage, des liens familiaux et des flash-backs de leur enfance.

Ce qui nous lie

Un nouveau décor en musique 

Cédric Klapisch est un habitué des décors urbains et raconte que "filmer la nature, c’était nouveau et difficile, il fallait éviter de tomber dans le cliché ou l'effet carte postale."

La culture cinématographique française, marquée par "la nouvelle vague" est plus tournée vers la mise en scène, le scénario et les acteurs que vers le visuel. "J’ai voulu filmer comme certains réalisateurs asiatiques avec un visuel très fort, très précis et des images composées comme dans les films coréens ou japonais de Ozu, Ozawa ou Mizoguchi ». Et pour décrire en musique cette campagne française, Loïk Dury qui travaille aux côtés du réalisateur depuis toujours, a choisi d’utiliser un instrument traditionnel et solennel, un orgue sans le côté religieux : le cristal baschet qui offre une sonorité moderne et électrique. 

Bacchus ou Dionysos ?

Cédric Klapisch nous livre du tac au tac les secrets de sa relation avec le vin. 

Connaisseur ou amateur de vin ? « Amateur »

Rouge, blanc ou champagne ? « J’étais rouge, je suis devenu blanc » 

Avez-vous une cave à vins ? « Oui, plutôt des vins français mais aussi italiens et espagnols » 

Bourgogne ou bordeaux ? « Je suis devenu bourgogne suite au film »

Vous levez un toast avec ? « Avant avec du champagne, maintenant un verre de vin » 

Quel vin et avec qui ? « Romanée-Saint-Vivant le jour où j’ai demandé ma femme en mariage »

Si vous deviez acheter un domaine ? « La Romanée Conti. J’ai eu la chance d’en goûter et c’est meilleur que tout ce que j’ai pu goûter avant, il n’y a pas de mot pour le décrire ».  

 

 

Ce qui nous lie encore dans les salles les 2 et 5 décembre dans le cadre du Festival du Film Français à Hong-Kong. 

Propos recueillis le 23/11/17 à Hong Kong par Stéphanie Stiernon et Marc Schildt. Avec tous nos remerciements à l'Alliance Française de Hong Kong.

 

Flash infos

    Pensez aussi à découvrir nos autres éditions