A Hong Kong, le salaire médian des femmes est de 17 500 HKD contre 20 000 HKD pour les hommes. Un écart seulement légèrement plus petit qu’il y a 25 ans, alors que l’éducation supérieure a largement progressé chez les filles. Analyse.
En 2021, le salaire médian des femmes (helpers exclues) représentait 87,5% du salaire médian des hommes, selon les statistiques du gouvernement. Cet écart salarial concerne tous les secteurs d’activité, de la manufacture à la finance. En 1998, il y a 25 ans, la proportion était de 83%, légèrement plus basse… Alors que les filles n’ont fait qu’être toujours plus nombreuses à l’université, représentant aujourd’hui 52% des étudiant(e)s.
Les femmes moins bien payées à Hong Kong
"Les femmes travaillent davantage dans des secteurs moins bien payés : les services sociaux, les services de santé, la vente, etc." explique Wu Meilin de Hong Kong's Women Workers Association. Un problème qui perdure à l'université : les étudiantes sont majoritatires dans les formations (arts, éducation, etc.) conduisant vers des salaires plus bas.
Les femmes sont aussi moins nombreuses dans les postes à responsabilité. 35% des femmes sont managers, professionnels et professionnels associés, contre 46% des hommes, selon la Equal Opportunity Commission (EOC). Des écarts de responsabilité entraînant naturellement des écarts de salaire. Explications sur ce plafond de verre.
Devenir mère, encore un obstacle professionnel
“J’ai déjà reçu “conseils d’amis” de la part de mes collègues comme quoi il vallait mieux que je n’ai pas d’enfants si je voulais continuer sur ma lancée professionnelle” , témoigne une avocate pour l’étude Women in Law parue récemment.
Selon une étude de l’EOC parue en 2018, seuls 16,7% des employeurs déclaraient être prêts à embaucher une femme devant prendre soin de ses enfants. Chez les avocats, deux femmes sur cinq déclarent s’être vue refusée une opportunité professionnelle en raison de leur responsabilités familiales, deux fois plus que chez les hommes avocats.
"Même pour les mères avec des employées domestiques, on considère qu'elles accepteront moins de faire des heures supplémentaires par exemple.", explique Wu Meilin. "C'est un discours d'efficacité économique qui couvre toute la société : on embauche la personne la plus disponible, celle qui pourra se dévouer entièrement à son travail. Ce discours est aussi porté par le gouvernement".
Aujourd’hui, plus de 600 000 femmes sont inactives pour s’occuper de leurs foyers, contre 35 000 hommes, selon les statistiques du gouvernement.
Biais sexiste à Hong Kong
“Même lorsqu’autour de vous, vos collègues hommes vous soutiennent et vous respectent, il suffit d’un collègue qui vous harcèle pour que votre travail devienne un environnement où vous ne vous sentez plus en sécurité”, témoigne une avocate pour l’étude Women in Law.
Selon une étude d’EOC datant de 2021, une femme sur sept déclare avoir vécu une situation de harcèlement sexuel. Plus de 55% des sondés déclaraient que leur entreprise n’avait pas de dispositif adapté pour protéger les salariés de ce type de situation.
L’étude Women in Law fait part des blagues, commentaires sur la tenue et remarques condescendants reçues par les femmes. Un environnement produisant lui aussi le plafond de verre de ce milieu, selon Amita Haylock, directrice de l’étude. “Lorsque votre confiance en vous est abimée, ce qui peut suivre est l’appréhension de se mettre en avant. Peut-être que vous ne voulez plus vous lancer de nouveaux défis simplement parce que vous ne vous en pensez pas capable”.
Une initiative privée récente New Women Workplace Index recense les politiques d’égalité hommes-femmes des entreprises hongkongaises. Le premier index paraîtra fin mai. Des résultats à suivre.