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Quand les gangsters de Hong Kong font leur cinéma

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Le gangster: une figure mythique qui fascine
Écrit par Arnaud Lanuque
Publié le 30 août 2019, mis à jour le 3 septembre 2019

Les gangsters ont toujours eu une fascination pour le monde du show business et vice versa. Petit retour sur ces relations entre deux mondes dans le contexte cinématographique Hongkongais.

 

Un premier rapprochement dans les années 1970

C’est durant cette période que l’industrie du cinéma commence à traiter des "triades" et de leur influence dans la société hongkongaise. Parallèlement, le boum des films de Kung Fu sous l’impulsion de Jimmy Wang Yu et Bruce Lee incitent les producteurs à chercher des durs-à-cuire dans les clubs d’arts martiaux, un terrain de recrutement traditionnel pour les triades. C’est ainsi que Michael Chan, le caïd de Tsim Sha Tsui, devient un habitué des films d’action. La star des films romantiques Alan Tang nouera quant à lui des liens avec les organisations noires et réorientera par la suite sa carrière dans cette direction.

 

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L'affiche du film "The Discharged"

 

Accélération dans la seconde moitié des années 1980 

Durant cette période l'industrie connait un nouvel âge d’or, attirant en masse les spectateurs dans les salles obscures de la ville mais aussi dans l’ensemble de l’Asie. Une telle réussite ne manque pas d’attiser la convoitise des gangsters. Ils trouvent en effet dans cette industrie une façon commode et glamour de blanchir l’argent généré par leurs activités criminelles. Tant qu’à faire, autant produire des films… sur les gangsters! Le truc étant, pour se garantir des recettes adéquates, d’obtenir la participation d’une star à leur générique. Pour cela, les gangsters utilisent leur méthode habituelle: la menace et l’intimidation. Le résultat est payant: Andy Lau, Carina Lau, Jackie Chan… doivent tous se résoudre à un moment ou à un autre à collaborer avec la pègre.   

 

 

Les années 1990, le point d’orgue

Des films destinés à héroïser certains gangsters célèbres de la colonie sont alors produits, comme "Le Parrain de Hong Kong" consacré à "Ho le Boiteux", un des patrons du trafic de drogue dans les années 1960, ou la série des "Lee Rock" sur le policier corrompu Lui Lok. Mais la réalité ne tarde pas à dépasser la fiction et les méthodes utilisées par les gangsters montent en intensité. Ainsi, l’agent de Jet Li, un ancien du milieu, est-il assassiné d’une balle en pleine tête par une bande revancharde. Les stars Anita Mui et Tony Leung Kar Fai sont, quant à elles, obligées de s’exiler temporairement afin de ne pas être pris dans les règlements de compte entre gangsters. Des bobines de films sont volées juste avant leur sortie officielle. Des bombes sont placées dans les studios qui refusent de collaborer.

 

 

Paradoxalement, c’est le déclin commercial de l’industrie au milieu des années 1990 qui va permettre de faire le ménage. Avec des recettes en berne et des investissements toujours plus coûteux, le blanchiment de l’argent sale via le cinéma perd beaucoup de son attractivité et les gangsters se désintéressent graduellement de l’industrie cinématographique hongkongaise. Si les films consacrés aux triades demeurent longtemps populaires, ils finissent à leur tour par décliner commercialement. Aujourd’hui, avec une industrie divisée entre grosses co-productions à destination du marché chinois et petites productions locales, l’influence des triades s’est de facto déplacée plus au Nord. Mais comme l’illustre le film "Election 2", elles doivent composer avec un redoutable compétiteur: le parti communiste chinois.    

 

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