Cette semaine, Arnaud Lanuque se penche sur les liens entre culture japonaise et cinéma de Hong Kong. Une influence importante et pourtant rarement mise en avant par les commentateurs.
A l’occasion de la sortie du Parfum de Cupidon, adaptation française du personnage de Nicky Larson/Ryo Saeba créé par le mangaka Tsukasa Hojo, je me rappelle du temps où Hong Kong qui récupérait les succès en provenance de l’archipel nippon.
L'histoire du manga
Après la seconde guerre mondiale, le miracle économique du Japon, l’imposa comme la première puissance de l’Asie. Son cinéma connut pendant un peu plus de 20 ans un véritable d’or (Kurosawa, Mizoguchi ou encore Ozu). Conscients de la supériorité technique des productions nippones, les studios de cinéma Hong Kongais se tournèrent alors vers le japon soit pour engager certains des talents. La populaire série du sabreur manchot fut par exemple largement inspiré des exploits des ronins japonais.
Quand l’industrie cinématographique japonaise déclina dans les années 1970, Hong Kong qui prit sa place mais l’influence de la culture japonaise ne disparut pas! C’est la télévision qui permit son implantation durable à travers la diffusion de séries et autres dessins animés. La fin des années 1960 vit ainsi une véritable folie auprès de la jeunesse de Hong Hong avec Ultraman, un super héros japonais. Le cinéma hongkongais tenta de se réapproprier le phénomène en produisant son propre super héros local, Super Inframan!
Les mangas et surtout leurs adaptations animées sont parmi les plus grandes réussites du soft power japonais à Hong Kong depuis les années 1960. Mais c’est à partir des années 1980 que l’industrie cinématographique hongkongaise s’empara directement de ce phénomène. Ainsi, en 1985, dans Le Flic de Hong Kong, on peut voir Jackie Chan se déguiser en Arale, le personnage phare du manga Dr Slum. Même si les studios japonais se lancèrent de leur côté dans des tentatives d’adaptation de mangas, l’association avec les compagnies hongkongaises présentait un avantage majeur: les studios hongkongais contrôlaient la majeure partie du parc de salles du sud-est Asiatique!
Pour les compagnies hongkongaises, cette collaboration facilitait aussi l’accès au marché japonais. C’est pourquoi durant la seconde moitié des années 1980 jusqu’à la fin des années 1990, pendant l’âge d’or du cinéma de Hong Kong, on vit fleurir les adaptations de mangas. Le fameux Nicky Larson fut également interprété par Jackie Chan en 1993. Citons aussi Crying Freeman, repris par le cinéma hongkongais dans ces années.
Le jeu vidéo, facteur de renouveau
La montée en puissance des jeux vidéos conduit également le cinéma hongkongais à s’emparer du phénomène comme le montre le Future Cops, vaguement inspiré par le jeu de combat de Street Fighter 2. Après la rétrocession, le déclin de l’industrie cinématographique hongkongaise donne un coup de frein à cette longue collaboration. Toutefois, quelques tentatives continuent de voir le jour. Du côté du bon, on peut citer Shamoen 2007, une adaptation du manga Coq de Combat. Du côté du moins bon, Avenging Fist, adaptation du jeu vidéo Tekken.
Maintenant que le centre de gravité de l’industrie cinématographique commerciale Chinoise s’est déplacé de Hong Kong à Pékin, c‘est la Chine continentale qui reprend ces thèmes. Le récent Animal Worldsemble aller dans ce sens. Mais, le rôle de la censure, peu friande d’influences extérieures, risque d’être déterminante dans le futur de cette tendance. En conclusion, l’influence hongkongaise infuse aujourd'hui au Japon. Ainsi, la trilogie Kenshin le Vagabond, propose-t-elle des combats typiquement hongkongais. Le cinéma Hong Kongais n’a pas encore dit son dernier mot en la matière !