À l’occasion du salon International ICT Expo Hong Kong 2019, le pavillon Français "So French So Innovative" exposait des grandes entreprises françaises présentes à Hong Kong ainsi que des startups innovantes sur le thème de la ville connectée. Nous sommes allés à leur rencontre.
Lorsque l’on visite un salon comme ICT Hong Kong, il y a de quoi être impressionné: Les 7.600 m2. du Hong Kong Convention Center où sont déployés plus de 600 stands reçoivent chaque année plus de 32.000 visiteurs. Y sont représentés les acteurs de l’électronique, venus de Chine, principalement Shenzhen et de Hong Kong, mais pas seulement. Pour la quatrième fois, en effet, l’initiative "So French So Innovative" regroupe des entreprises françaises désireuses de mettre en avant leurs savoir-faire.
C'est cependant la première fois que ce show case est présenté dans le temple même des technologies asiatiques, et ce grâce au soutien du HKTDC, le Hong Kong Trade Development Council. Du coup la présence française n’est pas passée inaperçue, au contraire: La Hong Kong Chief Executive Carrie Lam herself ainsi que Nicholas Yang, le Secretary for Innovation and Technology sont venus saluer les exposants français lors de cette édition ayant pour thème "Smart Cities", un panorama de solutions pour la ville du futur, sous le patronage de Gérard Wolf, conseiller spécial auprès du Ministre d’Etat du commerce extérieur français sur le sujet.
Voici quelques-unes des rencontres faites à cette occasion.
Transdev Asia: favoriser les parcours de mobilité
Interview de Franck-Olivier Rossignolle, PDG de RATP Dev Transdev Asia:
Quelles sont les raisons qui vous ont amené à participer au pavillon français So French So Innovative?
Pour nous, cette initiative est une occasion importante de mettre en avant nos savoir-faire les plus innovants. Transdev représente 7 Milliards d’Euros de chiffre d’affaire et est présente dans 20 pays. Notre leitmotiv est de suivre l’évolution des transports du modèle d’autrefois où les clients cherchaient surtout le moins de changements possible à celui d’un véritable parcours de mobilité qui intègre toutes les offres existantes de façon personnalisée, ce que nous appelons “mobility as a service”.
Quel est votre lien particulier avec Hong Kong?
A Hong Kong, nous avons un partenariat depuis 2009 avec la RATP pour la gestion du tramway sur un modèle unique: intégrer de l’innovation en maintenant le patrimoine historique. C’est une expérience unique qui peut être étendue à d’autre villes qui ont aussi des réseaux historiques de tramway comme Milan en Italie. Même si l’apparence est ancienne, les voitures sont fabriquées par nous dans les dépôts de Hong Kong sur des normes modernes et nous sommes en permanence en train d’innover. C’est le cas dans le domaine de la signalisation ou des limitateurs de vitesse, celui de la facilitation du parcours client et de l’information voyageurs: cela se traduit par des intégrations avec les services comme la carte Octopus ou encore des applications mobiles.
Quels sont les sujets que vous mettez en avant sur le salon?
Nos efforts portent aujourd’hui sur les véhicules autonomes et la transition énergétique. Une de nos spécialités est le métro automatique, permettant d’améliorer la sécurité. De même, nous oeuvrons à améliorer la prise en charge du dernier kilomètre. C’est le cas à Rouen où nous opérons un réseau à base de Zoé. Ce savoir-faire doit aussi permettre plus de fluidité dans des espaces où le public est nombreux et il faut circuler d’un endroit à un autre comme les aéroports par exemple. A Hong Kong, nous travaillons justement sur le projet de l’extension de l’aéroport pour des véhicules autonomes.
Atawey, une PME innovante dans le secteur de l’hydrogène
Interview de Jean-Miche Amaré, co-fondateur de l’entreprise Atawey, fabricant de stations à hydrogène
Comment vous est venue l’idée de créer Atawey?
Créée en 2012, Atawey est une PME de 20 personnes. Au début, nous cherchions à développer des solutions pour des endroits mal servis en électricité et où le vent et le solaire permettait de produire de l’énergie qu’il convenait de stocker. Rapidement, la technologie de l’hydrogène s’est imposée car déjà mature et ayant simplement besoin de passer à l’étape de l’industrialisation. Après quelques temps cependant, c’est le secteur de la mobilité qui a présenté le plus de dynamisme. Nous avons donc réorienté les développement vers ces marchés.
Quelle solution concrète proposez-vous?
Atawey crée l’équivalent en hydrogène des stations à essence. L’avantage, c’est qu’il n’y a pas de logistique en amont de ces stations qui ont juste besoin d’être raccordées au réseau d’eau et d’électricité pour produire leur hydrogène. Ensuite, les véhicules à hydrogène, qui sont à la base électriques, n’ont qu’à venir se ravitailler pour compléter leur autonomie électrique. Une batterie met en général quelques heures pour se remplir, alors qu’il fait 5 minutes pour faire le plein d’hydrogène. Le véhicule électrique gagne ainsi près de 600 kilomètres d’autonomie!
Cette solution est-elle déjà déployée?
Tout à fait, nous équipons déjà les flottes de véhicules de la ville de Chambéry, de l’Ile d’Yeux, quelques sites dans la Manche ainsi que les flottes d’entreprises de Engie et de Suez. Par ailleurs, des projets de régions sont en cours comme sur Rhône-Alpes avec le projet « Zero Emission Valley » supporté par Michelin, un acteur traditionnel qui se diversifie aujourd’hui dans les énergies renouvelables. Nous sommes aussi partenaires avec Akuo, JC Decaux et Galleries Lafayettes dans le projet « last mile » qu’il est prévu de déployer en Ile de France, à Lyon, Bordeaux et Marseille, afin de permettre à des entreprises d’assurer la logistique vers le centre-ville avec des véhicules propres.
Quelle est la raison de votre présence sur ce salon?
Atawey a depuis le début de l’année ouvert son offre à l’international et nous avons commencé à conduire des missions d’exploration comme à Wuhan en Chine, pour mieux comprendre les marchés asiatiques, y trouver des partenaires et cibler des pays dont les politiques énergétiques sont favorables aux énergies alternatives. Nous allons poursuivre ces missions au Japon et en Corée avec l’aide de Business France notamment. Hong Kong nous permet de trouver des appuis parmi la communauté française et en particulier la Chambre de Commerce et Business France dont la connaissance et les connections dans la région sont très utiles.
Les Conseillers du Commerce Extérieur: Parrainer les initiatives
Interview de Jacques Boissier, président du comité des Conseillers du Commerce Extérieur de Hong Kong
Pourriez-vous rappeler le rôle des Conseillers au Commerce Extérieur?
Notre rôle est de renseigner le gouvernement français sur les opportunités et la situation des pays où nous sommes installés. Nous sommes cinquante à Hong Kong investis de mandats de trois ans. Nous agissons comme soutien des entreprises qui se développent ici, devenant leurs "parrains" dans les différents secteurs dont nous avons l’expertise.
Comment intervenez-vous concrètement?
Nous intervenons pour l'attractivité de la France à Hong Kong, en particulier dans des projets spécifiques avec les universités hongkongaises pour attirer des talents. Nous sommes actifs en support des VIE et supportons directement des entreprises françaises déjà implantées à Hong Kong comme c’est le cas de HARi, une PME présente sur le salon et qui travaille dans le domaine des logiciels pour la restauration.
Quelle est la particularité de ce salon 2019 par rapport aux initiatives précédentes?
Cette initiative "So French So Innovative" est la quatrième que nous organisons mais c’est la première fois que nous intégrons un salon grâce au soutien de HKTDC. Il s’agit clairement d’une reconnaissance et d’une marque d’intérêt de la part des autorités de Hong Kong pour les entreprises françaises. Par ailleurs, l’équipe des CCE a intégré la "Team France" constituée des autres acteurs présents en soutien au développement des entreprises françaises que sont le Consulat, Business France et la Chambre de Commerce. Ensemble, nous pesons plus fort vis-à-vis des interlocuteurs locaux.
Carrie Lam et Nicholas Yang manifestent l'intérêt de Hong Kong pour la France
Le salon a été marqué par la visite successive de Carrie Lam, Hong Kong Chief Executive et de Nicholas Yang, chargé de l’innovation au sein du gouvernement de Hong Kong. Carrie Lam s’est longuement attardée sur les stands d'entreprises françaises comme STMicroelectronics et Thales, accompagnée par le Consul Général Alexandre Giorgini et Marie-Hélène Prévot, Conseiller du Commerce Extérieur. Suivait Nicholas Yang, dont les questions pointues traduisait le vif intérêt et la grande connaissance des dossiers technologiques. Dans son allocution devant la communauté française du pavillon, il indiquera:
“Je suis ravi de voir que parmi les entreprises présentes, j’en connais déjà beaucoup car le fait que la France propose autre chose que d’excellents plats et vins est devenu une évidence pour nous. Je tiens à souligner l’intérêt de Hong Kong pour les entreprises françaises et leurs innovations technologiques en rappelant que dans le nouveau projet Greater Bay Area, Hong Kong est certainement le point d’entrée le plus simple et le plus logique.”
Alexandre Giorgini, Consul Général de France à Hong Kong et Macao concluait les interventions en remerciant les participants et HKTDC qui avait donné ce coup d’éclairage sur les technologies françaises. Le lendemain de son intervention était prévu le lancement d’une nouvelle communauté French Tech réunissant les startup françaises de Hong Kong et de Shenzhen, une façon de répondre concrètement à l’appel de Nicholas Yang pour utiliser Hong Kong comme tremplin vers le Sud de la Chine!
Pour retrouver la liste des entreprises et acteurs présents lors de cet événement, taper ICI