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La 3ème vague de Covid-19 à Hong Kong fait un 14ème mort

3ème vague coronavirus Hong Kong3ème vague coronavirus Hong Kong
La fermeture des plages publiques est inhabituelle pour l'été
Écrit par Lepetitjournal Hong Kong
Publié le 23 juillet 2020

Cette semaine voyait le taux de mortalité lié au coronavirus doubler alors que l'on pensait encore l'épidémie jugulée il y a 10 jours. Avec désormais plus de 100 nouveaux cas journaliers dont l'essentiel sont d'origine locale, le territoire se retrouve confronté à un épisode bien plus virulent que celui du mois de février. Quels sont les facteurs qui peuvent expliquer cette soudaine reprise?

Les taxis mis en cause

Tout le monde prend le taxi, y-compris les nouveaux arrivants. 15 chauffeurs au moins ont été infectés. Les chauffeurs ont l’habitude de se reposer et déjeuner à Tsz Wan Shan, avant de poursuivre leurs courses. C’est aussi ainsi que plusieurs restaurants de la région ont servi de point de départ à des clusters. Une large campagne de tests est en cours. Les tests seront faits en priorité sur les front-line workers: les chauffeurs de taxis et bus, le personnel des immeubles résidentiels.

 

CCC
(Crédit: Diego Delso, Wikimedia)

 

Les personnels navigants

Les mesures en place à Hong Kong (tests obligatoires à l’arrivée, triage et quarantaine) sont drastiques. Elles connaissent cependant quelques exceptions (33 catégories de personnes en tout) dans lesquelles certains considèrent que le coronavirus s’est faufilé. Parmi les exemptés de quarantaine figurent les personnels naviguants. Il y a pourtant de nombreux vols: Cathay Pacific, Air Canada (4 vols par semaine), British Airways (6), Emirates (3), Japan Airlines, KLM, Lufthansa, Singapore airlines, Swiss International airlines, Qatar airways, United airlines, Virgin Atlantic, volent depuis et vers Hong Kong. Considérant les vols avec transits, cela fait des contacts avec de nombreuses régions du monde. Depuis mai, des personnels navigants infectés ont été identifiés, et en tout à ce jour 9 personnes. Dans le transport maritime aussi18 personnes ont été identifiées, pour la plupart d’origine Philippine. Hong Kong est un lieu de changement d’équipage. Nombreux sont ainsi les personnels qui ont débarqué, avec comme passager clandestin le Covid-19, à Hong Kong. Il a déjà été remarqué que des personnels en mer depuis longtemps et sans contact, pouvaient être infectés, ce qui paraît contre-intuitif. Le test est dorénavant obligatoire à l’arrivée et obligatoire 48 heures avant l’embarquement pour Hong Kong.

 

3ème vague coronavirus Hong Kong

 

Un virus qui fait de la politique

Près de 600.000 personnes ont répondu à l’appel des primaires démocrates pour les élections de septembre. Devant l'ampleur de la mobilisation, le camp des pro-Pekin s'est empressé de crier à l'irresponsabilité sanitaire, accusant les organisateurs de bafouer à la fois la nouvelle loi de sécurité nationale et les règles en vigueur de distanciation sociale, le queues devant les bureaux de votes de quartier pouvant atteindre plusieurs cinquantaines de personnes. Des articles à charges rendaient donc responsable le camp pro-démocratie de la reprise de la pandémie. De même, l’exécutif a condamné solennellement le 19 juillet "the selfish and illegal acts of disorderly people who gathered inside a mall in Yuen Long this evening, gravely increasing the risk of spreading COVID-19. They are suspected of having breached the Prevention & Control of Disease (Prohibition on Group Gathering) Regulation". De leur côté, les anti-gouvernement soulignaient que les exceptions aux règles de déplacement concernaient une large part des personnels de l'administration pro-Pékin qui traversaient régulièrement les postes de frontières de Shenzhen pour leurs activités liées à la gestion de cette partie de la Chine. A ce jour, les exceptions couvrent en effet les membres du gouvernement mais aussi les sociétés de logistique et de transport assurant le ravitaillement de Hong Kong: chauffeurs de camion, transporteurs, entrepreneurs, écoliers chinois trans-frontaliers… traversent régulièrement la frontière. Dans un démenti du 19 juillet, le gouvernement indique qu’aucun cas ne s’est déclaré depuis des personnes arrivées de Shenzhen.

Relâchement général 

Avec les grandes chaleurs de l'été, les Hongkongais portent moins le masque. Si les étrangers étaient souvent montrés du doigt à rebours de Hongkongais exemplaires, il n’est maintenant plus rare de voir des Hongkongais se promener le nez à l’air, notamment le week-end, période propice aux sorties en groupes et rassemblements familiaux. Entre période estivale et quasi-impossibilité de voyager, les Hongkongais comptent bien profiter de leurs rares congés. Les plages sont remplies et les restaurants rattrapent le temps perdu depuis maintenant un mois. C'est donc l'une des premières mesures prises par l’exécutif il y a dix jours, en fermant à nouveau les bars et en supprimant les sorties au restaurant après 18:00. Peu respectées, les mesures de fermetures des plages ont été rendues plus sévères par la mise en place de cordons d'accès depuis ce Mercredi.

 

3ème vague coronavirus Hong Kong
Une plage de Hong Kong fermée d'accès depuis Mercredi

 

Les tests font monter les chiffres

Si plusieurs voix s’étaient élevées pour dénoncer le peu de tests effectués à Hong Kong, la situation dans les hôpitaux n’avait jamais donné à penser que la situation était hors de contrôle et les appels aux tests étaient restés lettre morte. Les capacités de tests ont progressivement été augmentées. Elles étaient de 7.000 par jour grand maximum au 15 juillet (Alex He, associate professor au Department of Asian and Policy Studies, The Education University of Hong Kong). Avec le soutien de deux entreprises chinoises de tests (désormais en surcapacité de l’autre côté de la frontière), les capacités sont désormais de 10.000/jour. Or comme le dit le dicton, "quand on cherche, on trouve". Une partie de l'explication des chiffres récents se trouve vraisemblablement fans la multiplication des tests. Pourtant l’épidémie que l'on croyait sous contrôle a aussi connu une recrudescence à Pékin partir du marché de gros de Xinfadi. Après avoir exploré diverses sources (produits importés notamment), les experts ont conclu que le virus avait toujours été là, mais dormant, hébergé par des porteurs asymptomatiques. C'est peut-être aussi ce qui se joue à Hong Kong.

        Les rumeurs de lockdown

        Cette déclaration du 21 juillet: "The Government today clarified the rumour that it may impose a so-called lockdown in the coming few days in view of the COVID-19 outbreak is unfounded."  semble avoir rassuré la communauté. Pourtant, dans l'arsenal des mesures jusqu'alors prises à Hong Kong depuis l'apparition de la pandémie, le "lockdown" ou confinement n'a pas encore été mis en oeuvre, contrairement à d'autres pays. Il est vrai que les mots d'ordre de travail à domicile dans la mesure du possible pour les entreprises privées sont en général bien suivie par les Hongkongais qui ont réussi à vaincre le SRAS  par le passé grâce à une discipline et une hygiène stricte. De même, la fermeture des services physiques de l'administration depuis Lundi fait beaucoup pour réduire les interactions. Pourtant, devant la panique inattendue qui semble s'emparer des hôpitaux publics croulant sous les demandes des dépistage et la demande consécutive du ministère de la santé de ne se faire tester qu'en cas de symptômes avérés qui n'est pas sans rappeler la gestion de la pénurie que nous avons connue en France, toutes les options restent sur la table. 

         

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