Hong Kong est-elle adaptée pour les handicapés ?

Trente années d'avancées sur le handicap

Hong Kong a ratifié la Convention des Nations Unies sur les droits des personnes handicapées le 31 août 2008, dans l’élan des Jeux Paralympiques de Pékin. Celle-ci se trouve dans la continuité de la loi sur l'égalité des droits pour les personnes handicapées, adoptée en 1996. Cette loi avait déjà permis de poser les bases d'une meilleure reconnaissance des droits des personnes handicapées ainsi que d'améliorer leur accessibilité et leur inclusivité dans la ville. 

Hong Kong est devenue l'une des villes les plus accessibles d’Asie : sur les 93 stations de MTR, 90 sont équipées de rampes permettant aux personnes à mobilité réduite d’accéder facilement aux quais. De plus, des cartes en braille sont disponibles à l’entrée de chaque station pour les personnes malvoyantes. Cependant, l’application des politiques reste inégale. Environ 87 % des personnes handicapées estiment que le système de bus est impraticable, tandis que les taxis ne constituent pas une alternative efficace.

En matière d’emploi, le gouvernement de Hong Kong a mis en place un système de subventions pour chaque personne handicapée employée, pouvant atteindre jusqu’à 20.000 HKD par an. Des aides supplémentaires sont également disponibles en cas de chômage.

De nombreux défis à surmonter

Malgré ces avancées, de nombreux défis demeurent. Une étude menée en 2013 a révélé que le taux de pauvreté des personnes handicapées atteignait 45,3 %, un chiffre alarmant comparé à 19,9 % pour la population de la Chine continentale. Le taux de chômage des personnes en situation de handicap est également deux fois plus élevé que celui de leurs homologues non handicapés.

Les discriminations sur le lieu de travail sont une réalité, en raison de la réticence des entreprises à adapter les missions, les outils et les infrastructures aux besoins des personnes handicapées. En 2020, 80% des personnes handicapées âgées de plus de 15 ans étaient inactives professionnellement.

Les préjugés demeurent un obstacle majeur à l’inclusion des personnes handicapées, qui se sentent souvent exclues malgré les efforts gouvernementaux. En 2018, un sondage de la Commission pour l'Egalité des Opportunités a révélé que plus de 40 % des Hongkongais entretenaient des stéréotypes négatifs à l'égard des personnes atteintes de nanisme. Selon la Société de Hong Kong Society pour la réhabilitation, 27 % des personnes en situation de handicap se sentent sévèrement discriminées. Un changement de mentalité, favorisé par l'éducation, semble indispensable pour mettre fin à ces discriminations et à cette isolement.

Le vieillissement de la population constitue également un nouveau défi. Les personnes handicapées dépendent souvent de leurs proches pour les soutenir, et sans cette aide cruciale, elles se retrouvent vulnérables. Le manque de jeunes travailleurs pourrait représenter un enjeu social majeur pour le gouvernement dans un avenir proche.

Nouvelles initiatives pour l’inclusivité à Hong Kong

Face à ces enjeux, Hong Kong voit émerger des initiatives visant à renforcer l’inclusivité, comme des cafés qui emploient principalement des personnes en situation de handicap. Des établissements tels que Museum Café 8 à Central Pier, The Nest à Central ou encore The Nest Bakery à Wan Chai contribuent à briser les stéréotypes en mettant les clients en contact direct avec des personnes handicapées. Ce type d’embauche offre également un revenu stable à ces personnes, leur permettant ainsi de mieux s’intégrer dans la société.

Les entreprises sont par ailleurs incités à employer des personnes handicapées avec des subventions pour permettre des périodes d’essai adaptées, afin d’évaluer leurs capacités à répondre aux exigences des postes.