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Histoires de néons à Hong Kong

néons Hong Kongnéons Hong Kong
Hong Kong by night (Crédit: Jimmy Chan, Pexels)
Écrit par Patricia Herau-Yang
Publié le 14 octobre 2020, mis à jour le 22 octobre 2023

Elles illuminent la nuit hongkongaise de leurs couleurs vives, et pas un film d’époque ne capitalise sur leur esthétique si particulière. Pourtant, 90% des enseignes en néon ont disparu depuis le début des années 2000. Des initiatives citoyennes pour les sauver se multiplient.

Des emblèmes de la culture hongkongaise

Hong Kong, territoire pas plus grand qu’un mouchoir de poche, au relief accidenté, au climat dramatique, a dû accueillir des vagues de migrants pauvres et majoritairement travailleurs manuels. Petits métiers et boutiques en tous genres, prêteurs sur gages, logeuses de passage, toutes sortes de commerces sont apparus dans la colonie. Leur point commun? Les enseignes en néon.

L’origine de l’enseigne en néon est pourtant une invention parisienne. Le premier commerce équipé est un salon de coiffure de Montmartre. Mais c’est à Hong Kong que l’art va fleurir durant des décennies. Car si Tokyo a ses enseignes, la nuit hongkongaise présente un enchevêtrement unique au monde, où façades et chaussée sont illuminées.

Dès les années 1960, la course à la visibilité est lancée: couleurs vives, jeux de lumière, calligraphie originale, les enseignes sont parties à l’assaut des hauteurs. Le manque d’espace n’explique pas tout. Les contraintes chimiques ont joué un rôle non négligeable: le rouge et le vert, très faciles à obtenir techniquement, symbolisent ainsi la richesse dans la culture locale.   

Les enseignes au néon, art de lumière, ont aussi un sens caché: derrière le sens des mots, la calligraphie dite kaishu, dont la forme ressemble à des couteaux et épées, rappelle aussi quand un commerce est protégé par les triades. C’est le côté sombre de cet art de rue.

 

néons Hong Kong
Qui tient la boutique? (Crédit: Mitch Altman, Flickr)

 

Un héritage remis en question

Depuis 15 ans, on considère que 90% des enseignes en néon ont été retirées. Certains évoquent le rythme actuel d’une enseigne retirée chaque jour à Hong Kong.

La sécurité est l’explication la plus souvent invoquée: dans un territoire propice aux typhons, ces tubes de verre en équilibre instable sont propices aux accidents. L’économie importe aussi: les enseignes utilisant des LED durent plus longtemps et leur entretien est plus simple. Les écologistes apprécieront les économies d’énergie réalisées et la pollution lumineuse moindre (quoique) des LED.

Mais les enseignes en LED se ressemblent, elles font perdre le halo si particulier apporté par l’éclairage au gaz néon à Hong Kong. Pour les aficionados du néon, le remplacement par des LED transforme Hong Kong en une n-ième ville globale, imitation de New York.

Derrière la disparition des enseignes en néon, c’est aussi un écosystème complet qui disparaît. Car les enseignes sont "made in Hong Kong": calligraphe, designer, souffleur de verre, réparateur, tout est fait à la main, en version unique, par des Hongkongais. Qui va hériter du savoir-faire de ces artisans-artistes?

 

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Une lumière dans la nuit (Crédit: Benoît Felten https://www.instagram.com/benfelten)

 

La ville aux néons magiques

En pleine phase de prise de conscience de l’identité culturelle hongkongaise, de belles initiatives ont été lancées.

The Hong Kong Neon Heritage project a les objectifs suivants: recenser les enseignes, permettre la prise de conscience, lister les enseignes exceptionnelles, faire connaître les artistes et assurer la transmission, proposer des sanctuaires urbains, créer une plateforme de préservation et de discussion.

Un jour viendra où, comme les fresques du street art, un circuit des néons guidera touristes et amateurs dans les rues hongkongaises. L’idée n’est pas de créer un musée, mais de garder les panneaux dans la rue. Le groupe cherche aussi à faire évoluer l’art des enseignes en néon, en améliorant les process (par exemple la consommation d’électricité), parfois avec des industriels (Philips, Siemens) qui "adoptent" des enseignes.

Un très beau documentaire d’Arte présente les gestes des maîtres et permet de visiter leurs ateliers.

 

Plusieurs photographes s’intéressent aux enseignes au néon. Dernière initiative en date, le livre du Suisse Pascal Greco "Hong Kong Neon", réalisé en crowd-funding. Il contient des textes de Christopher Doyle, fameux directeur de la photographie de Wong Kar-Wai pour "In the mood for love".

Enfin, rendez-vous au sous-sol de PMQ, où les fondations de l’école Queen’s college (ancienne école de Sun Yat-sen) abritent quelques installations contemporaines originales, notamment sur les enseignes en néons.

 

 

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Installation au néon (Crédit: photo personnelle)

 

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