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Boycott des Jeux Olympiques d’Hiver 2022 : qui boude Beijing, pourquoi et comment ?

tremplin olympique chine 2022tremplin olympique chine 2022
Écrit par Ayman Ragab
Publié le 14 décembre 2021, mis à jour le 15 décembre 2021

La nouvelle est tombée. Washington, Canberra, Ottawa et Londres n’enverront pas de délégation diplomatique à l’occasion des JO d’Hiver de Beijing sur fond de tension politique. Les athlètes seront cependant au rendez-vous. Qui boude Beijing, pourquoi et comment ? Lepetitjournal.com fait le point sur la situation. 

Si le doute planait ces dernières semaines, la Maison-Blanche a confirmé qu’elle organisera un boycott diplomatique des Jeux olympiques d’Hiver de Beijing, décision suivie par d’autres pays.

Un boycott initié par les États-Unis

Dans une allocution donnée le 7 décembre 2021, la Maison Blanche a annoncé que les États-Unis n’enverraient pas de délégation officielle à Beijing, à l’occasion des Jeux olympiques d’Hiver prévus en février 2022. L’annonce arrive de manière attendue, le président Joe Biden ayant quelques semaines auparavant déclaré que le boycott était envisagé.

La Maison-Blanche a ainsi annoncé qu’elle ne souhaitait pas participer « comme si de rien n'était », alors que la Chine était, selon elle, responsable selon « d’abus des droits de l’homme et d’atrocités au Xinjiang ». Les États-Unis accusent en effet la Chine d’empiéter sur les libertés individuelles à Hong Kong et de génocide planifié contre la minorité ouïghoure.

La décision du boycott intervient peu après l’affaire Peng Shuai, cette tenniswoman qui a disparu après avoir posté un message sur WeChat concernant sa relation avec un ex-Vice Premier ministre. La Women’s Tennis Association a annoncé stopper ses activités en Chine et à Hong Kong, citant des inquiétudes sur le traitement réservé par les autorités à la sportive. Le Comité olympique international a quant à lui assuré que Peng Shuai était en sécurité et « souhaitait qu’on respecte sa vie privée », après la diffusion d'un entretien vidéo entre la sportive et le président du Comité olympique.

Cette nouvelle intervient dans un contexte de plus en plus tendu entre les Etats-Unis et la Chine, désignée par les États-Unis voient comme une « menace stratégique ». Les points de désaccord concernent notamment sur Taiwan, la situation des droits de l’homme et la compétition économique et technologique. Cette position est supportée tant par les Démocrates que par les Républicains.

Avalanche de réactions internationales

Les réactions parmi les alliés les plus proches des États-Unis ne se sont pas fait attendre. Ainsi l’Australie, dont les relations avec la Chine s'étant fortement dégradées ces dernières années, a elle aussi déclaré participer au boycott diplomatique. On se souvient de l’interdiction de Huawei de participer au développement du réseau 5G en Australie et des représailles de Beijing limitant les importations de produits australiens.

Le Royaume-Uni a elle aussi déclaré ne pas envoyer de représentant officiel. Le Premier ministre Justin Trudeau a quant à lui indiqué que la nouvelle d'un boycott du Canada ne « serait pas une surprise pour la Chine ». Dans les deux cas les raisons invoquées ont trait aux droits de l’homme, les parlements des deux pays ayant voté la reconnaissance d’un génocide au Xinjiang.

D’autres plus petits États ont rejoint le boycott, notamment la Nouvelle-Zélande, qui évoque des inquiétudes quant à la pandémie. La Lituanie, qui a le mois dernier, subit une dégradation des relations diplomatiques officielles avec Beijing, a aussi annoncé ne pas envoyer de représentant. Le pays balte s’est attiré la colère de la Chine en ouvrant une représentation non officielle de la République de Chine (Taiwan), utilisant le nom de Taiwan plutôt que celui de Taipei.

D’autres États pourraient dans le futur se joindre au boycott. Le Japon a déclaré envisager s’abstenir d’envoyer des hauts dignitaires. Taiwan, qui participe aux Jeux olympiques sous le nom de Taipei chinois, enverra des athlètes, mais probablement pas de représentant officiel au vu des tensions sur les deux rives du détroit.

La France a déclaré qu’elle ne participerait pas au boycott avant de modérer ses propos. Le ministre des Affaires étrangères Jean-Yves le Drian a ainsi appelé à une position européenne commune. La décision ultime reviendrait alors à un consensus européen, qui reste difficile à obtenir au vu des divergences d’opinions au sein de l’Union. Certains pays tels que la Grèce, la Hongrie ou même l’Italie refuseraient de se prononcer en faveur d’un boycott. Le président Emmanuel Macron a par ailleurs qualifié le boycott de « tout petit et symbolique ». La France tiendra en 2024 les Jeux Olympiques d’Été à Paris. Il s’agit donc pour la France d’éviter une réponse réciproque de la part de la Chine.

Le président russe Vladimir Poutine, de son côté, répondra vraisemblablement présent.

L’Assemblée générale des Nations Unies a voté sa traditionnelle résolution portant sur une trêve olympique pour la durée des Jeux le 3 décembre 2021 et le Secrétaire général Antonio Guteres sera présent.

La Chine, quant à elle, ironise via ses médias officiels sur le fait que les délégations des pays du boycott n’auraient pas été invitées mais le Ministère des Affaires Etrangères a averti que les pays ayant rejoint le boycott « en paieront le prix ». La Chine appelle la communauté internationale à « ne pas politiser » les Jeux.

Précédents boycotts

Plusieurs boycotts de compétitions sportives ont eu lieu par le passé. Le plus important fut celui des Jeux Olympiques d’Été de 1980 à Moscou, initié par les États-Unis du président Carter à l’encontre de l’URSS en protestation de l’invasion de l’Afghanistan. Soixante-cinq pays, dont la Chine communiste et l’Iran des ayatollahs, avaient alors participé au boycott. Certains pays, notamment la France, ont envoyé des athlètes participant sous la bannière olympique. L’Union soviétique a par ailleurs riposté en boycottant les Jeux de 1984 à Los Angeles, avec le concours du bloc socialiste de l'époque.

La question de l’utilité et de l’efficacité de tels boycotts a néanmoins été mise en question. Outre le fait de pénaliser les sportifs, le boycott des Jeux de Moscou n’a pas significativement impacté la politique soviétique à l’égard de l’Afghanistan.

C’est pourquoi l’idée de boycott diplomatique tend à se généraliser. Il s’agit en effet de montrer son désaccord sans priver les athlètes de participer. L’exemple le plus connu en date reste celui des Jeux olympiques d’Hiver de Sochi en 2014. Mené par la France, l’Allemagne et les États-Unis, le boycott entendait protester contre la situation des LGBT en Russie. Celui-ci n'a pourtant pas empêché l’annexion de la Crimée par la Russie le mois suivant les Jeux.

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