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Alma Brami: "J'ai eu un coup de coeur pour Hong Kong!"

Alma Brami jouant La Perruche, au Hong Kong arts centreAlma Brami jouant La Perruche, au Hong Kong arts centre
Alma Brami, comédienne et romancière, sur scène dans la pièce La Perruche - Photo@Alma Brami
Écrit par Karine Yoakim Pasquier
Publié le 25 août 2021, mis à jour le 26 août 2021

Comédienne, peintre, dramaturge et romancière, Alma Brami est une artiste multidisciplinaire. Révélée en 2008 au grand public avec son roman « Sans elle », œuvre récompensée par de nombreux prix, Alma Brami est aujourd’hui l’auteure de sept romans, quatre pièces de théâtre et un album jeunesse. Résidant à Hong Kong depuis plusieurs années, Lepetitjournal.com est revenu sur son parcours et sur la source de son inspiration.

C’est dans un petit café au cœur de Central que je retrouve Alma Brami, son sourire qui pétille jusque dans ses yeux et sa voix légère et posée. Cette artiste pluridisciplinaire vit pleinement et aborde chaque aspect de son quotidien avec passion et entièreté. Elle me raconte son parcours, me parle de son rapport à l’écriture, à ses livres, à ses personnages et me relate ses voyages et sa vie entre la France, la Chine et Hong Kong.

Portrait d’une femme passionnée et passionnante, qui a su écouter sa nécessité d’écrire.

« L’écriture a construit toute ma vie »

Comédienne de formation, Alma Brami se laisse happer très jeune par l’écriture. Si elle écrit dès l’âge de 6 ans, elle publie son premier roman à 24 ans, alors qu’elle termine les cours Florent. Son premier livre s’intitule « Sans elle » et raconte la vie de Léa, dix ans, qui perd en peu de temps deux êtres chers. Alors que sa mère sombre dans la dépression, Léa fait face à son propre deuil et « n’a, pour se défendre, que ses mots à elle. » Le roman rencontre un immense succès et remporte de nombreux prix.

« J’ai commencé très tôt à écrire, me dit l’auteure. Lorsque j’étais jeune, j’ai dû rédiger 500 nouvelles… et mon premier texte date de quand j’avais 6 ans. L’écriture a construit toute ma vie. ».

À dix-sept ans, Alma écrit un premier récit qu’elle envoie à quelques maisons d’édition. Si celui-ci retient l’attention de quelques éditeurs qui lui font un retour détaillé, l’histoire qu’elle a créée est très sombre et violente et le projet n’aboutit pas. Alma ne se décourage pas et — au fur et à mesure de ses rencontres, des divers échanges qu’elle peut avoir et du travail acharné qu’elle fournit, son écriture évolue et grandit avec elle : « Avant, j’écrivais comme un coup de poing. Petit à petit, mon écriture s’est modifiée. Maintenant, je veux embarquer le lecteur plutôt que de l’assommer. Je veux le prendre sous mon aile et qu’on puisse affronter mes récits ensemble. »

 

Alma Brami et ses livres
Alma Brami et ses livres - Photo@Alma Brami

 

« J’écris au scalpel »

En 2009, la jeune femme sort son deuxième roman, « Ils l’ont laissée là » et l’écriture prend alors de plus en plus de place dans sa vie : « Écrire, c’est un besoin qui dépasse l’emploi du temps, le cadre social, qui dépasse tout. On est obligés de le faire. C’est une force ventrale qui nous possède. Écrire, c’est ma respiration, ma colonne vertébrale. »

Les projets et romans se suivent et deviennent le centre de la vie d’Alma. De « Tant que tu es heureuse », à « C’est pour ton bien », « Lolo », « J’aurais dû apporter des fleurs », ou « Qui ne dit mot consent », en passant par la littérature jeunesse (« Moi j’aime pas comme je suis ») ou le théâtre (« Mardi, c’est le jour du poulet » ou « L’Ombre »), les mots d’Alma Brami ne cessent de jaillir et de nous surprendre, à la fois doux et incisifs et plongeant avec justesse au cœur de la psychologie humaine.

L’inspiration d'Alma Brami est multiple et se nourrit du quotidien et de ce qu’elle observe : « Je suis passionnée par les faits divers. On met souvent ça dans un coin de journal, pourtant ce sont des drames qui méritent qu’on s’y attarde. Moi, ce qui m’intéresse c’est de changer d’angle. »

Quand je lui demande où se déroulent ses écrits et les lieux qui l’animent, elle n’hésite pas : « Le lieu importe peu. J’aime l’idée que mes lecteurs se projettent. Je n’aime pas ce qui est trop décrit… J’aime laisser la place à l’imagination. Dans mon écriture, j’écris au scalpel. J’essaie d’enlever de la matière, d’épurer, pour que chacun puisse se projeter en fonction de ce qu’il est, de ce qu’il apprécie — c’est ce qui me séduit aussi en tant que lectrice. La perception et l’émotion m’intéressent plus que la description. »

D’un succès littéraire à la découverte de la Chine

En 2009, Alma pose les pieds en Chine pour la première fois. À la suite du succès de son premier roman, elle est en effet invitée par l’Ambassade de France afin de représenter la littérature française en Asie, aux côtés de Laurent Mauvignier, Yannick Haenel et Muriel Barbery. Ensemble, ils parcourent la Chine, de Shanghai à Pékin et parlent de leur passion commune : l’écriture. « J’étais là avec des pointures de la littérature française, des gens que j’admire énormément. On a vécu deux semaines extraordinaires. Ma rencontre avec Shanghai a été pour moi vraiment marquante… cette ville était complètement folle, son ambiance, sa chaleur ! On a passé des nuits entières à refaire le monde. C’était formidable. »

 

Alma Brami en dédicace à Shanghai
Alma Brami, en pleine séance de dédicaces à Shanghai - Photo@Alma Brami

 

En 2010, l’association des écrivains de Shanghai l’invite pour un séjour de deux mois, afin qu’elle incarne la littérature française, aux côtés d’auteurs du monde entier. En compagnie des autres artistes, elle découvre en profondeur cette grande ville chinoise. « Chacun de nous représentait notre pays de naissance ! Nous étions un groupe assoiffé de connaissances et ensemble, nous avons parcouru des kilomètres pour découvrir chaque recoin de Shanghai. »

Se liant d’amitié avec le directeur de l’Alliance française de Hangzhou, Alexandre Labruffe, les voyages ne cesseront pas… et la jeune femme découvre une multitude de villes et de provinces, rencontre de nombreux lecteurs et s’attache à ce pays complexe et riche.

« J’ai eu un coup de cœur pour Hong-Kong. »

Lors de son dernier voyage, Alma est invitée par les libraires de Parenthèses pour une rencontre. Elle ne reste que 24 heures à Hong Kong, mais le coup de foudre est immédiat. La ville la prend aux tripes : « C’était la saison des pluies. J’ai eu un coup de cœur pour cette ville… J’avais l’impression de retrouver un endroit qui m’était familier. »

Alma, qui finalise son sixième roman, retourne à Paris, mais Hong Kong ne quitte pas ses pensées. Elle y revient, pour la sortie de son dernier ouvrage : « Je devais y rester cinq jours. Je ne suis jamais repartie… et j’y ai construit ma famille. »

À l’heure actuelle, si deux nouvelles pièces qu’elle a écrit sont en train d’être montées (« Max » et « Merci Maman! »), Alma termine sa quatrième pièce de théâtre, mêlant ainsi ses premières amours pour la scène et son besoin de prendre la plume, tout en rédigeant un huitième roman :  « J’ai écrit ma toute première pièce à Hong Kong, mais je ne sais pas si elle sera jouée. La deuxième, l’Ombre, a été interprétée à Avignon et à Paris. Plus j’écris de théâtre et plus je me permets des choses. Ma dernière pièce est plus libre. Je n’aurais pas pu avoir cette liberté il y a deux ans. »

Pour découvrir les œuvres d’Alma Brami :

  • Sans elle, Mercure de France, 2008
  • Ils l’ont laissée là, Mercure de France, 2009
  • Tant que tu es heureuse, Mercure de France, 2010
  • Moi j’aime pas comme je suis. Album jeunesse illustré par A. Graux, Albin Michel, 2011
  • C’est pour ton bien, Mercure de France, 2012
  • Lolo, Plon, 2013
  • J’aurais dû apporter des fleurs, Mercure de France, 2014
  • Mardi c’est le jour du poulet - Monologue paru dans l’ouvrage collectif « Crimes et châtiments », Quatre-vents, 2016
  • Qui ne dit mot consent, Mercure de France, 2017

 

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