Ils sont arrivés récemment à Hong Kong et confient à lepetitjournal.com leurs espoirs, leurs impressions et la façon dont ils s’adaptent à leur nouvelle vie dans le Port aux Parfums. Jordan est alsacien et son amie Kelly est d’origine chinoise. Charlotte a 29 ans et est originaire du sud-ouest tandis que Jules, son compagnon, a 26 ans et vient du sud-est de la France. Sylvain, 42 ans et originaire de Grenoble, est expatrié. Il est marié à Elena, Mexicaine, et père de 2 enfants.
Nous avons voulu sortir de notre zone de confort en venant à Hong Kong
Comment êtes-vous arrivés à Hong Kong?
Jordan: je suis arrivé en avion en mars. Kelly était déjà là depuis le mois de septembre avec un Working Visa et un travail en poche. Le voyage n’a pas été un long fleuve tranquille puisque Lufthansa ne voulait pas laisser embarquer Kelly sans un document officiel précisant son jour d’arrivée. Elle en parle d’ailleurs sur sa chaine YouTube (ci-dessous). J’ai dû, moi aussi, partir d’Allemagne, à 3 heures de chez moi en Alsace pour être certain de partir. En plus de tout cela, il a fallu rajouter les différents tests à effectuer (PCR, antigène) ainsi que la documentation à prévoir pour arriver à Hong Kong avec un visa PVT (voyage-travail). Mais bon, j’y suis arrivé !
Charlotte : C’est un peu un concours de circonstances, nous avons vécu une année quelque peu éprouvante personnellement et la crise sanitaire en France n’a pas toujours été facile à vivre. Il faut dire que nous souhaitions faire un tour du monde, mais au vu de la conjoncture actuelle, l’organisation et la logistique se complexifient beaucoup. Le besoin de changement était pressant alors le projet de s’installer un temps ailleurs nous est apparu comme une évidence. Jules : L’idée de partir et vivre à l’étranger est venue pendant le second confinement. Je me suis mis en quête de trouver un VIE (Volontariat International en Entreprise). Il faut avouer qu’on s’est projeté dans beaucoup de villes différentes : Montréal, Lisbonne, Dublin, Orlando, Berlin, Prague, etc. Hong Kong est apparu comme le projet le plus en adéquation avec nos envies, partir loin, mais surtout pouvoir le faire ensemble.
Sylvain et Elena: L’entreprise française pour laquelle je travaille depuis quelques années cherche à se développer en Asie. Nous fabriquons des instruments de musique et nous sentons qu’à distance il est difficile de comprendre la culture asiatique et communiquer sur nos produits. Nous pensions trouver une solution avec des personnes locales, et un jour je me suis dit: pourquoi ne pas profiter de cette opportunité pour sortir un peu du confort quotidien ? Et nous voici embarqués dans cette aventure en famille. Hong Kong a été choisi par rapport à la proximité avec nos 3 marchés principaux, Japon, Chine et Corée, et également pour la facilité de création d’entreprise (PS: merci à la Chambre de Commerce et de l’Industrie de Hong Kong pour l’efficacité).
Hong Kong est une ville où tout va vite
Quelles sont vos premières impressions ?
Jordan: J’ai direct accroché. J’adore que tout soit organisé et carré. Que ce soit pour l’administratif (en 15 minutes, j’avais fait les démarche pour la Hong Kong ID), mais aussi les transports. J’ai un peu plus de mal avec la température qui est pour le coup… un peu différente de l’Alsace ! Kelly: dès que l’avion s’est rapproché de Hong Kong, j’ai d’abord été émerveillée par les montagnes, la mer turquoise, les buildings serrés entre eux. Hong Kong m’a tout de suite fait penser au Japon: tout était super bien organisé pour les tests Covid, de même pour le transport et la file pour entrer dans le métro. C’est aussi une ville où tout va très vite : tout est ouvert très tard, on ne prend pas le temps de manger, on se fait également des connaissances très rapidement (peut-être, car on se serre beaucoup les coudes entre expats :)) ! Je suis ici depuis 9 mois maintenant et je pense ne pas m’être posée une seule fois pour prendre du temps pour moi ! Le temps file à une allure folle !
Charlotte et Jules : Les préparatifs ont été assez stressants et l’idée d’être enfermés à peine arrivés n’était franchement pas très agréable. Finalement, la quarantaine s’est bien passée. La sortie, c’est un peu comme s’extirper d’un cocon sans y être préparé. Le bruit, la chaleur, les odeurs, les tours et le va-et-vient des gens, des voitures. Ça fait beaucoup d’un coup ! Surtout qu’ici tout va à mille à l’heure, ça part dans tous les sens. Il y a aussi beaucoup de mélanges et un contraste impressionnant entre les différents endroits.
Sylvain et Elena : Après une vingtaine de jours en quarantaine (mieux vaut être préparé quand on est en famille, car c’est sport), les premières impressions furent une sensation de sécurité, de dynamisme et de fort mélange de cultures. Une envie d’essayer tous les restaurants que l’on croise. Surpris également par le dépaysement complet en passant des buildings de Central aux plages et montagnes alentours… en circulant par bateau, métro ou téléphérique.
Les expatriés de Hong Kong sont très solidaires
Qu’est-ce qui semble le plus déroutant ?
Jordan: la hauteur de building, je ne m’y fais toujours pas… 30-50 étages de haut c’est vraiment impressionnant ! Ensuite je dirais qu’à Hong Kong il faut penser en 3 dimensions, c’est-à-dire que la plupart des passages sont soit en sous-terrain soit sur des plateformes en hauteur. Je ne compte plus le nombre de fois où je me suis retrouvé bloqué devant une route… J’adore aussi les belles voitures, mais maintenant voir une Lamborghini ou une Ferrari m’indiffère haha. Kelly: La chaleur et surtout l’humidité! Mais le plus déroutant, c’est peut-être de voir la grosse disparité entre les riches et les pauvres ici, entre le papy qui ramasse les poubelles et le jeune de bonne famille qui roule en Lamborghini (alors que les routes ici ne permettent pas du tout de rouler vite). Tout est dans le paraître et le bling-bling, on montre ses marques, sa richesse,... Le fait que les gens soient tout le temps sur leur téléphone m’a aussi choquée, ça rend l’atmosphère assez froide… personne ne se présente quand il arrive. Hong Kong est aussi une ville où très peu de monde fait attention à l’écologie: les clims tournent à fond les portes grandes ouvertes, il n’y a pas de poubelles de tri dans les immeubles, les ordures s’entassent sur les plages et dans les forêts…
Charlotte et Jules: On sent tout de suite que vivre à Hong Kong c’est vivre de façon décuplée. Tout va très vite, le rythme de la ville et les rencontres. Nous avons été surpris de l’accueil des expatriés qui sont très solidaires, mais aussi par la bienveillance des locaux. Un détail inattendu, alors que le rythme de la ville est effréné, les locaux marchent très lentement! C’est peut-être dû à la chaleur. Il faut avouer qu’on n’a vraiment pas l’habitude, surtout qu’on vient juste de quitter Paris. Charlotte : C’est la première fois de ma vie que je me sens totalement libre et en sécurité, c’est un sentiment assez déroutant et appréciable.
Sylvain et Elena : Le plus déroutant pour nous, ces premières semaines: le climat, la chaleur et l’humidité intense. On se lève tôt le matin, on enfile ses chaussettes et l’on transpire déjà. Il va falloir s’acclimater, en short et en tongs, on devrait s’y faire…
La dualité entre la Hong Kong verticale et la nature
Qu’est-ce qui vous séduit ?
Jordan: La cuisine ! De base je suis très intéressé par la cuisine, et je dois dire que je me régale ici ! Bon je ne retiens toujours pas le nom de mes plats préférés du coup je montre des images ! En deuxième, je dirais la nature. C’est impressionnant comme en une vingtaine de minutes, on peut passer d’un endroit urbain avec des klaxons, des gens qui circulent dans tous les sens à la jungle, avec le bruits des oiseaux, des singes… mais il y a toujours autant de monde. Kelly: J’aime Hong Kong pour la diversité des paysages, entre mer, montagnes et cascades à seulement deux pas de la ville! Je ne me lasse pas de voir Hong Kong illuminée la nuit, que ce soit de la promenade de TST ou du haut du Lion’s Rock ou encore de profiter du coucher de soleil. Il y a tellement d’endroits à découvrir! J'attends l’ouverture des frontières avec impatience pour pouvoir explorer l’Asie et goûter à toutes ses cuisines!
Charlotte et Jules: Cette dualité entre une ville verticale et ses paysages incroyables. Pouvoir s’échapper de l’agitation assez facilement et découvrir une nature verdoyante et des petits écrins de plage. Un mélange sublime ! La cuisine est une institution en France et nous aimons beaucoup explorer “question culinaire”, alors autant dire qu’ici nos papilles sont servies.
Sylvain et Elena : Nous aimons cette sensation de respect et de sécurité partout en ville, c’est un vrai bonheur. L’esprit de communauté entre les expatriés est incroyable. En vraiment peu de temps, on se sent entouré, aidé et orienté. Les groupes Facebook sont très utiles pour gagner du temps. Et enfin les rencontres improbables: Hong Kong a attiré des profils vraiment différents du monde entier et il ne se passe pas une semaine sans que nous rencontrions une personne avec des histoires surprenantes, un parcours original et inspirant.
Dans 20 ans, nous serons peut-être encore à Hong Kong
Comment voyez-vous le futur à Hong Kong?
Jordan: Pour le moment, je profite de l’instant présent. J’ai enfin pu rejoindre ma copine, trouver un travail dans un domaine qui me plaît et m’intéresse donc je souffle un peu. Qui sait ce que l’avenir nous réserve ? Kelly: Hong Kong représente un challenge pour moi : l’occasion de m’épanouir dans un métier qui me passionne, de sortir de ma zone de confort (étant quelqu’un d’introverti…) en allant vers les autres, découvrir de nouvelles cultures. C’est aussi un challenge pour notre couple ! Je pense rester à Hong Kong jusqu’à ce que je commence à m’ennuyer, mais je ne sais pas si c’est possible! Sinon, je ne me vois pas élever des enfants ici, loin de mes parents, donc ça sonnera peut-être le gong.
Charlotte et Jules : Nous envisageons le futur avec beaucoup d’opportunités et de découvertes. On se donne 6 mois pour faire le point, voir si l’on prolonge l’expérience à Hong Kong Island ou si l’on part s’installer un peu plus loin. L’idée d’avoir un toit un peu isolé nous tente aussi, comme ça on vivrait entre rythme soutenu et tranquillité.
Sylvain et Elena : Depuis le début du projet on nous prévient que la vie à Hong-Kong sera sur du court terme, mais nous rencontrons pas mal de personnes qui ont vécu de nombreuses années ici, qui y ont fait leurs racines, et ne paraissent pas vraiment déprimées… Laissons-nous le temps de connaître et voir comment évoluera notre vie ici, mais il se pourrait bien que dans 20 ans, vous nous trouviez sur une plage à Mui Wo, en train de savourer une bonne bière artisanale locale, dans un hamac…