A l'heure où les femmes accèdent aux commandes des grandes sociétés, les femmes qui entrainent leurs conjoints à l'expatriation sont de plus en plus nombreuses. Christophe, Antoine et Julien racontent leur expérience d'accompagnants, faisant tomber les préjugés. À lire de toute urgence!
Christophe, accompagnant et entrepreneur
Après 15 ans à Paris et 5 ans d’une première expatriation "facile" en Belgique, période pendant laquelle je faisais des allers-retours hebdomadaires avec Paris, nous sommes arrivés à Hong Kong avec nos 3 enfants il y a un an pour suivre mon épouse dans son évolution professionnelle. Il n’est pas toujours simple d’être le "mari de" et de voir les rôles inversés, même si nous sommes de plus en plus nombreux dans ce cas-là. Depuis que je suis dans cette situation, je comprends mieux les femmes d’expatriés qui souhaitent absolument avoir une occupation professionnelle pour s’épanouir.
Comme il était inconcevable pour moi de ne pas travailler, après avoir géré l’installation de la famille, je me suis mis en recherche d’un nouvel emploi. Après une première expérience malheureuse dans une start-up, j’ai décidé de monter ma propre structure dans l’importation/distribution de vin. Je fais également beaucoup de sport car il faut bien reconnaître que j’ai aussi plus de temps qu’auparavant.
Si je devais m’adresser à ceux qui ont des préjugés, je leur dirais que c’est un débat d’arrière-garde et qu’il faut vivre avec son temps. Les femmes ont autant le droit que les hommes de réussir et si une possibilité d’expatriation se présente, il est tout à fait normal de la saisir. De plus, cette expérience vous pousse souvent à vous réinventer et ouvre un nombre incroyable de nouvelles opportunités.
Antoine est devenu artiste en suivant sa femme
Dans notre projet familial d’expatriation, mon épouse et moi avions fait un deal: le premier des deux qui est muté dans un pays acceptable pour la famille, l’autre suit. Son entreprise a été plus rapide que la mienne et lui a proposé un poste à Hong Kong à l’été 2010, où nous sommes arrivés en novembre. J’ai donc suivi en parfaite connaissance de cause et ravi de la destination, que nous connaissions déjà bien.
Je trouve que ma situation n’est pas bien différente de celle de n’importe quel mari dont l’épouse a un “gros job”, même en France. Le modèle traditionnel du “mari travaille en entreprise et l’épouse gère la maison et les enfants” (notez que c’est d’ailleurs un vrai job à temps plein!) est aujourd’hui complètement dépassé! Depuis longtemps, en Scandinavie ou en Allemagne, beaucoup de pères sont au foyer et leurs épouses les “bread makers”! Il y a 10 ans, j’étais l’un des rares maris d’expate, mais chaque année nous sommes plus nombreux!
Être mari d’expate ne signifie en rien être inactif: dans mon cas, ce fut une chance extraordinaire de repenser ce que je voulais vraiment faire au quotidien et je me suis concentré sur ma passion pour l’art, particulièrement le collage. Depuis 7 ans, j’ai monté 28 expositions donc vous pouvez imaginez le nombre de créations réalisées entre le bus du matin des enfants et leur retour du LFI!
J’ajoute à cela des supers randos quotidiennes, des voyages dans la région et prenez aussi du temps pour l’associatif: l’Asie en a besoin. So give back! L’important c’est sans doute que l’expatriation soit un projet familial: de couple et avec les enfants. Tout le reste suit: l’état d’esprit, les amis, l’organisation...Finalement mon épouse et moi avons quitté notre zone de confort culturel et social pour un autre monde et cela implique une sincère curiosité et ouverture d’esprit !
Pour retrouver les expositions et œuvres d’Antoine: http://www.antoinerameau.com
Julien, philosophe et animal social
Nous sommes arrivés à Hong Kong grâce au démarrage d’une activité financière dans le domaine d’expertise de mon épouse. Après avoir échangé de l’opportunité moins d’une minute, j’ai dit ok: nos enfants étaient encore petits et donc moins sujets au blues du déracinement; nos familles respectives étaient assez jeunes pour être là à notre retour également car le contrat proposé était basé sur 3 ans avec possibilité de prolonger deux fois un an. Mais surtout quelle aventure!
Le début a été assez difficile car je n’avais plus l’habitude de m’ennuyer! En tant que responsable travaux, j’avais des journées bien, voire trop remplies, et je passais toute ma semaine tenu en haleine par mon travail. La rupture a été assez brutale. Passer d’une activité intense professionnelle à la gestion au quotidien des enfants et de leurs activités est assez déroutant... Heureusement la communauté française locale est très soudée et accueillante, ce qui m’a permis de tisser des liens sociaux rapidement et d’en faire profiter mes proches pour retrouver un épanouissement familial indispensable. Rappelons Aristote: "l’Homme est un animal social!"
Désormais j’arrive à faire du football en soirée 3 à 4 fois par semaine, de la randonnée 2 à 3 fois, saupoudré parfois d’une sortie en wakesurf. Le weekend lui, est réservé exclusivement à la famille. Finalement, notre vie de famille est très équilibrée! Selon moi, la réussite d’une expatriation dépend du bien-être de la cellule familiale sur le moyen et long terme. Chacun a un rôle à y jouer. Papa et Maman, sans distinction et sans domaine réservé! La vision archaïque de la cellule familiale composée d’un papa qui gagne durement le pain quotidien pendant que la maman élève péniblement les 8 enfants à la maison est éculée. Souvenons-nous des vers d’Aragon: “La Femme est l’avenir de l’Homme”!
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