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"Je suis expat' et je fuis les Français" : vos réactions au Vietnam

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© Tron Le
Écrit par Loanne Jeunet
Publié le 15 octobre 2019, mis à jour le 15 octobre 2019

Suite au papier réalisé par lepetitjournal.com International sur ces expat’ français qui fuient leurs compatriotes, vous avez été nombreux à réagir.  lepetitjournal.com Ho Chi Minh Ville a compilé vos réactions dans un seul article qui permet d’établir un panel d’avis variés sur la question. 

Certains se sont retrouvés dans les témoignages recueillis par lepetitjournal.com International, dans son papier traitant de l’expat’ français phobique des autres Français. D’autres se sont indignés et n’ont pas supporté leurs arguments. Le but de cet article n’était pas de créer la polémique, mais bien d’ouvrir une porte sur de potentiels débats - nos attentes ont été dépassées.

Ceci étant-dit, il ne peut être reproché à son auteur l’angle pertinent qu’il a choisi d’arpenter. Nous rappelons également que lepetitjournal.com en général a à coeur de traiter une large gamme de sujets liés à l’expatriation, avec des thématiques différentes, positives, ou négatives.

Devant un tel déchaînement de passions (133 commentaires aujourd’hui et plus encore de réactions sur nos réseaux sociaux, toutes éditions confondues) lepetitjournal.com HCMV a souhaité donner la parole, en quelque sorte un droit de réponse, à ceux qui en ont ressenti le besoin, ceux qui vivent dans notre cher Vietnam bien sûr ! 

«  (…) nous avons beaucoup d’efforts à faire concernant nos comportements. »

Les Français et francophones installés au Vietnam ont tous un point commun : l’amour de ce pays. Pourtant, malgré cet atome crochu non négligeable, certains comportements génèrent des différends irréconciliables. « Que ce soit en Amérique du nord, du sud, en Asie, en Afrique et en Europe, les Français que j’ai rencontrés avaient toujours la même attitude : suffisance, arrogance, et abusant de leur statut de privilégié, grâce à un job aux avantages outranciers leur conférant une illusion de puissance, affirmait sans langue de bois Canard sur le feu, vivant au Vietnam depuis 7 ans et ayant choisi d’évoluer dans un quartier complètement local, loin des Français, à l’instar de Lucas, qui « fuyait les Français » et étrangers en général, entouré exclusivement d’amis vietnamiens. Mais comment expliquer ce désamour, cette quasi-hostilité à l’encontre de son homologue français ? 

Un phénomène tout aussi visible sur la toile, comme dans certains forums ou groupes de discussion sur les réseaux sociaux. Malgré une communauté de milliers de personnes, il n’est pas rare de voir les commentaires déraper et conduire à des querelles entre deux ou plusieurs internautes, comme si chacun voulait prouver la supériorité de ses connaissances sur son pays d’accueil. « Je n’ai pas la prétention de donner des leçons, et je ne suis pas anti-Français, tient à rappeler Canard sur le feu. Malheureusement, force est de constater que nous avons beaucoup d’efforts à faire concernant nos comportements. »

La difficulté de ne pas mettre tout le monde dans le même panier

Le « manque de nuance » reproché à l’article « Je suis expat mais je fuis les Français », nous l’avons déjà expliqué ci-dessus : c’était l’angle choisi, la façon de traiter le sujet. Mais les degrés manquants à cette palette de couleur jusque-là uniforme ont pu être ajoutés grâce à vos interventions argumentées. « Il me semble qu’on confond nature d'une nationalité avec niveau culturel, névrose et primarité émotionnelle, a ainsi dépeint Didier, lecteur de lepetitjournal.com HCMV. 

« J’ai l’impression que l’article pose de faux problèmes, sans doute involontairement, et qu’il mélange des critiques qui viennent de personnes qui n’ont pas du tout les mêmes objectifs, renchérissait Binh. Quand on s'expatrie c'est quand même pour voir ou vivre différemment, donc c’est un peu normal (cohérent) que l’on fuie (un minimum) ses compatriotes (expatriés ou touristes). Quant à la critique des expatriés aux comportements néocolonialistes (voire racistes), elle ne m'étonne pas, mais elle ne doit pas devenir elle-même la preuve de l'égocentrisme...français ! »

Racisme primaire ? Néocolonialisme ? Argent facile, au détriment des locaux ? Sentiment de supériorité ? Qui aura le plus de sciences ? Seraient-ce entre autres, les raisons principales qui créent ces divergences d’opinions entre Français expatriés ? 

Un large pan de notre lectorat insistait dans les commentaires sur l’importance de ne pas faire de généralité, et de pouvoir distinguer les différents profils, selon qu’ils fussent expatriés-immigrés, touristes de passage etc. « Dès qu'on formule une phrase qui commence par "Ils sont.." nous quittons la lecture du réel pour pénétrer dans l'alibi, le faux-semblant et le désir aveugle, analysait encore Didier. 

Maintenir le lien français 

L’attitude de rejet total de leurs compatriotes, de la part de certains expat’ français n’est pas sans susciter beaucoup d’incompréhension chez d’autres, attachés à leurs racines au-delà des frontières. « Je vis au Vietnam depuis des années, je me considère comme immigré et je réfute le mot d’expatrié, commence Bernard, vivant dans le Delta du Mékong. Cependant, même en côtoyant la population du pays où l’on réside, nous avons besoin de nous retrouver entre Français. Il existe diverses associations francophones qui sont là justement pour aider, accompagner les personnes qui émigrent, etc. Salariés, étudiants, retraités, et voyageurs, nous avons besoin de cette solidarité. » 

« Je ne nie pas que beaucoup de Français soient arrogants et peu agréables, mais ce n’est pas le cas de tous : je côtoie la communauté française avec plaisir, et trouve le rejet affiché par certains comme une certaine forme d’arrogance », exprimait ainsi Blublu, en Asie depuis de nombreuses années.

Enfin, beaucoup de lecteurs insistaient aussi sur les mauvais comportements, non pas proprement français, mais bien universels, de chaque expatrié. « Seul ceux qui acceptent de se réinventer dans cet ailleurs finiront par percevoir l'Autre d'un regard neuf, lucide mais bienveillant », disait Didier avec sagesse.