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10 octobre au Vietnam : mais de quelle libération s’agit-il ?

Tous les ans, lorsqu’arrive le 10 octobre, Hanoï se met en « mode commémoration ». Des commémorations, le Vietnam n’en est pas avare : son Histoire tourmentée lui en donne maintes occasions. Pour ce qui est du 10 octobre, c’est à l’année 1954 qu’il faut remonter.

10 octobre au Vietnam : mais de quelle libération s’agit-il ?10 octobre au Vietnam : mais de quelle libération s’agit-il ?
Evacuation de Hanoi le 10 octobre 1954
Écrit par Lepetitjournal.com de Hanoi
Publié le 10 octobre 2023, mis à jour le 10 octobre 2024

Octobre 1954, donc. Les quelques militaires et administrateurs français qui sont encore à Hanoï ont le cœur lourd. Trois mois plus tôt, le divorce entre la France et l’Indochine a été scellé à Genève, dans la foulée de Dien Bien Phu.

Dien Bien Phu, défaite écrasante pour les uns, victoire éclatante pour les autres. Pour les Français, le combat de trop. Les accords de Genève qui interviennent quelques temps après (dans la nuit du 20 au 21 juillet, pour être précis) consacrent la partition - en principe provisoire - du Vietnam, le long du 17e parallèle. Au Sud, la République du Vietnam est un régime sous influence américaine, capitale : Saïgon. Au Nord, c’est la République Démocratique du Vietnam (proclamée en 1945 par Ho Chi Minh), capitale : Hanoï.

Les militaires Français, qui jusque-là étaient stationnés à Hanoï, sont donc sommés de quitter les lieux : ils ont jusqu’à début octobre pour s’exécuter et se replier en bon ordre, d’abord dans le Sud où un semblant de présence subsistera encore deux ans, puis en Algérie, où une nouvelle guerre d’indépendance ne va pas tarder à éclater.

Ce départ de Hanoï n’est bien évidemment pas sans poser de sérieux problèmes. Il faut en effet, en l’espace d’un peu plus de deux mois, regrouper les forces françaises en vue de leur évacuation, procéder à l’échange des prisonniers de guerre, organiser l’évacuation des civils.

C’est le 10 octobre que le dernier soldat français, le colonel d’Argentrée, quittera Hanoï en passant - le symbole est fort - par le pont Long Bien.

 

Jour de liesse aux vainqueurs de Dien Bien Phu

Le même jour, l’armée de libération fait son entrée dans la capitale, qui a été pavoisée pour la circonstance. Les habitants, qui ont attendu ce moment avec impatience, réservent un accueil triomphal aux vainqueurs de Dien Bien Phu.

Armée de libération acclamée par la foule
Armée de libération acclamée par la foule

Partout, ce sont des scènes de liesse populaire. Les Bo doï défilent sous les vivats d’une foule qui savoure les premières heures d’une indépendance chèrement acquise « Vive le Président Ho Chi Minh ! », « Bienvenue à l’armée populaire », entend-on partout.

Pendant ce temps-là, à Haïphong, le général Cogny, commandant en chef des troupes françaises au Tonkin, tente d’organiser l’évacuation tant bien que mal, même s’il est entendu que la ville restera sous contrôle français encore quelque temps (on parlera du « réduit de Haïphong », qui ne sera définitivement évacuée qu’en mai 1955).

« C'est une situation difficile et très pénible. Chaque jour des commerçants français viennent me trouver pour me demander ce qu'ils doivent faire. Il faut organiser le transport sur Saïgon du matériel qu'ils ont pu évacuer, arranger les transferts de capitaux. D'autres veulent, avant de prendre une décision, savoir s'il est possible ou non d'établir des relations économiques avec le Vietminh », confiera le général à Max Clos, correspondant pour Le Monde.

Vive le Président Ho Chi Minh ! », « Bienvenue à l’armée populaire »
« Vive le Président Ho Chi Minh ! », « Bienvenue à l’armée populaire »

 

Ultime parade, deux ans plus tard

Les militaires français, eux, iront d’abord à Saïgon. C’est que la France entend encore jouer un rôle, au moins au sud du 17e parallèle ! Le Président Ngo Dinh Diem, outrageusement pro-américain, ne mettra pas longtemps à lui ôter ses dernières illusions.

Dernière manifestation de la présence française au Vietnam
Dernière manifestation de la présence française au Vietnam

Le 10 avril 1956, les rues de Saïgon s’animent une dernière fois du spectacle d’un défilé des troupes françaises sur le sol vietnamien. Le général Jacquot, dernier commandant en chef du corps expéditionnaire français d’Extrême Orient (CEFEO) a tenu à soigner sa sortie. C’est la dernière manifestation de la présence française dans cette partie du monde, où commencent déjà à pulluler des Américains bien tranquilles. Dans les rues, la foule assiste, incrédule et vaguement émue, au spectacle.

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