Depuis plusieurs années, le Vietnam fait des avancées significatives pour la reconnaissance des droits des personnes LGBT+, tout en restant ancré dans une culture marquée par des traditions familiales conservatrices. Avec des initiatives telles que le projet de loi sur la transition de genre et la reconnaissance officielle de la transidentité par le ministère de la Santé, le pays amorce une transformation sociétale.
En 2022, l’organisme Hanoi Queer a organisé une exposition mettant en lumière la place des communautés LGBT+ dans l’histoire du Vietnam. Dès le IIIᵉ siècle, la figure de la guerrière Bà Triệu était décrite comme possédant une apparence « semblable à celle d’un homme ». Lors de l’exposition, les membres de Hanoi Queer expliquaient : « À son époque, les termes comme "queer", "LGBT", ou "diversité sexuelle, identité de genre, expression de genre" n'existaient pas encore. Cependant, les idées et actions de Bà Triệu marquent une rupture avec les normes sociales limitant l’expression personnelle, incarnant l’essence même du "queer" que nous souhaitons évoquer à travers ce projet. »
On attribue également à Bà Triệu cette célèbre déclaration : « Je veux seulement chevaucher le vent puissant, affronter les vagues furieuses [...] et non pas plier l'échine pour devenir la concubine de quelqu'un ! » L’exposition montrait que, tout au long de l’histoire, les communautés LGBT+ et les croyances queer faisaient partie intégrante des traditions populaires vietnamiennes. Malgré cela, les croyances religieuses et familiales traditionnelles continuent d’exercer une forte influence sur la société vietnamienne. Bien que la majorité des Vietnamiens n’appartiennent pas à des confessions religieuses officiellement reconnues, les rôles de genre sont largement définis par le bouddhisme, le confucianisme, le taoïsme et la tradition de la vénération des ancêtres. Dans ce contexte, les jeunes femmes vietnamiennes sont souvent assignées à des tâches domestiques et soumises à des règles conservatrices, rendant difficile l’expression d’identités ou de relations non conformes aux normes familiales.
Une reconnaissance des droits LGBT+
« l'attirance pour le même sexe et la transidentité ne sont pas des troubles mentaux »
Le Vietnam a entamé un tournant significatif en matière de droits LGBT+ en 2014 avec son élection au Conseil des droits de l’homme des Nations Unies. Lors de ce mandat, le pays a supprimé les unions homosexuelles de la liste des relations interdites (sans pour autant les légaliser) et a modifié le Code civil pour permettre aux personnes transgenres de changer officiellement de sexe. En 2022, le ministère de la Santé a officiellement reconnu que « l'attirance pour le même sexe et la transidentité ne sont pas des troubles mentaux », marquant une avancée majeure. Il a également exhorté les praticiens médicaux à mettre fin aux traitements discriminatoires envers les personnes LGBT+.
Actuellement, l'Assemblée nationale travaille sur un projet de loi dédié à la transition de genre, porté par Nguyên Anh Tri, député de Hanoï. Cette loi propose notamment, des critères pour la reconnaissance de la transidentité, des dispositions sur les interventions médicales liées au changement de genre, la reconnaissance des transitions réalisées avant son entrée en vigueur, des procédures administratives encadrant ces processus. Selon Pham Trong Nghia, député de Lang Son, cette initiative vise à garantir les droits fondamentaux des citoyens et à concrétiser les principes constitutionnels. Le projet devrait être discuté en 2025, marquant un pas supplémentaire vers la reconnaissance des droits des personnes transgenres au Vietnam.
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