Édition internationale

GOOGLE – A bas la censure !


Transparence est devenu le nouveau maître mot brandi par Google. Ainsi, le géant de l'Internet américain a lancé un site classant les gouvernements du plus au moins censeur en fonction du nombre de leurs requêtes. Le Brésil arrive à la triste première place. Normal, la Chine est absente des statistiques ?

On dit que Google viole allègrement les données personnelles des internautes ? Alors que dix  institutions nationales, dont la CNIL en France, ont envoyé une lettre dans ce sens, le géant de l'Internet leur a fait un joli pied de nez en lançant sa page : www.google.com/governmentrequests/ (capture d'écran du site)

Cartographie de la censure
Ce nouveau site répertorie deux types de requêtes faites par les Etats à Google (moteur de recherche, youtube, Gmail?) : censurer des données les concernant ou fournir des informations sur les internautes. Dans le premier cas, c'est le Brésil qui arrive en tête (291 demandes), suivi de l'Allemagne (188), de l'Inde (142) et des Etats-Unis (123). La France n'est que peu demandeuse (moins de 10 requêtes). En ce qui concerne les données des internautes, le Brésil est de nouveau en tête en ayant effectué 3.663 demandes d'informations. Les Etats-Unis (3.580), le Royaume-Uni (1.166), l'Inde (1.061) et la France (846) se sont également montrées curieuses.   

Les Etats de plus en plus censeurs ?
Pour le directeur des services juridiques de Google David Drummond, cela ne fait pas de doute : "La censure gouvernementale sur le web augmente rapidement et va du blocage total et du filtrage de sites aux décisions judiciaires limitant l'accès à l'information et aux législations obligeant les entreprises à s'auto-censurer". "Il n'y a rien de surprenant à ce que Google, comme d'autres entreprises du secteur des technologies et des télécommunications, reçoive des requêtes d'agences gouvernementales pour supprimer du contenu de nos services", ajoute-t-il. Les informations demandées par les Etats sont cependant dans leur grande majorité"légitimes" et font suite aux"besoins d'enquêtes de police". La recrudescence des requêtes émanant du Brésil et d'Inde peuvent d'ailleurs être expliquées par la popularité du réseau social Orkut, une sorte de Facebook version Google.

Peut mieux faire
Google précise cependant que ses informations ne sont aujourd'hui pas "100% complètes, ni 100% précises". En effet, elles ne concernent que la période de début juillet à fin décembre 2009 et ne seront mises à jour que tous les 6 mois. Les chiffres avancés ne prennent pas en compte les demandes d'informations sur plusieurs utilisateurs au sein d'une même requête. Une requête n'est donc comptabilisée qu'une fois même si elle porte sur de multiples demandes. Les statistiques excluent également les retraits liés à la pédopornographie et aux autres crimes allant à l'encontre des conditions d'utilisation des services Google. Les contenus négationnistes concentrent généralement une grande partie des requêtes émises d'Europe.

Et la Chine alors ?
Sur la carte, un gros point d'interrogation rouge surplombe la Chine. "Les responsables chinois considèrent que les demandes de censure relèvent du secret d'Etat aussi ne pouvons-nous révéler cette information pour le moment", est-il indiqué sur le site. Le moteur de recherche américain reste pourtant l'une des seules entreprises étrangères à ne pas se plier publiquement à la censure de Pékin, en renvoyant les internautes chinois vers sa plate-forme hongkongaise (même si dans la pratique la censure perdure en Chine continentale). Microsoft ou Yahoo ont préféré jouer d'emblée le jeu des autorités chinoises. Outre le challenge des sociétés cybernétiques pour combler les attentes des gouvernements sans brimer la liberté d'expression, la vice-présidente de Google chargée de la communication, Rachel Whetstone, souligne également celui des Etats face à l'explosion des contenus Internet : "C'est devenu un véritable défi pour des gouvernements habitués à contrôler les médias écrits et télédiffusés".
Damien Bouhours (www.lepetitjournal.com) lundi 26 avril 2010

En savoir plus

Article du Point, Libertés : Google classe et défie les gouvernements

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