

(rédaction internationale) - Frédéric Mitterrand reste au coeur de la tourmente. Après la polémique créée autour des extraits de son livre sorti il y a quatre ans relatant son expérience de tourisme sexuel en Asie, le ministre de la Culture est mis en cause à présent pour un témoignage de moralité apporté il y a quelques mois à deux jeunes ados jugés pour viol à La Réunion.
En mars dernier, Frédéric Mitterrand avait rédigé un courrier à destination du tribunal pour venir en appui de la famille d'une amie, son ex maquilleuse sur France 2, dont les deux enfants s'étaient rendus coupables d'un viol collectif. Alors directeur de la Villa Medicis, il s'engageait "personnellement à faciliter toute mesure de réinsertion qui pourrait être prise en considération tant à Paris qu'à Rome dans l'établissement public que je dirige".
La nouvelle révélation maintient l'homme politique sur le grill, même s'il n'a toujours pas l'intention de démissionner. Frédéric Mitterrand a annoncé samedi "qu'il poursuivra légalement les personnes qui se sont rendues complices de l'ignominie à laquelle il vient à nouveau d'être confronté".
La classe politique donne un concert d'indignations croisées suite à la polémique
Ce week-end, les commentaires y sont allés de bon train. Le ministre de l'Immigration, Luc Besson, a apporté son soutien au ministre déclarant "Voir Benoît Hamon, en une semaine, passer de porte-parole du PS à porte-parole de Marine Le Pen, c'est une régression redoutable". Il a été suivi par le fondateur du Parti de gauche Jean-Luc Mélenchon, "ce système infâme s'appelle le pilori (..) On sort ça quatre ans après avec une citation truquée et aussitôt sort l'armée des jeteurs de pierres. Ça, c'est inacceptable". Martine Aubry désire elle passer à des choses plus importantes pour les Français. Les élus semblent donc se désolidariser du Front national et de sa vice-présidente Marine LePen qui continue d'alimenter la polémique en accusant cette fois-ci Mitterrand de faux témoignage "M. Mitterrand est un faux témoin. Après avoir menti, il se comporte comme un faux témoin".
Une erreur sans doute, un crime non, une faute même pas
Jeudi dernier sur TF1, le ministre de la Culture s'était pourtant défendu sur le thème du tourisme sexuel en avouant avoir fait "une erreur sans doute, un crime non, une faute même pas".
Frédéric Mitterrand avait précisé :"il n'y a pas d'apologie du tourisme sexuel, il n'y a pas d'apologie sous aucune forme de la pédophilie et de la relation avec des jeunes garçons comme se sont permis de le dire un certain nombre de commentateurs, voire un certain nombre de politiques qui ont certainement confondu leurs fantasmes et peut-être une certaine méchanceté avec ce dont il s'agit. (...)J'étais chaque fois avec des gens de mon âge ou de cinq ans de moins qui étaient consentants".
Les accusations de Marine LePen
Le 5 octobre dernier, Marine Le Pen mettait le feu aux poudres, lors de son passage à l'émission de France 2, Mots Croisés, à l'occasion d'un débat sur les délinquants sexuels. Elle citait alors des propos controversés du livre de Mitterrand "La mauvaise vie" paru en 2005 : "La profusion de jeunes garçons très attrayants et immédiatement disponibles me met dans un état de désir que je n'ai plus besoin de réfréner ou d'occulter", transformant le mot de départ "garçons"en "jeunes garçons", un ajout minime mais qui transforme en réalité ce qui relève de l'homosexualité en pédophilie. Elle terminait en indiquant : "Qu'est-ce qu'on peut dire aux délinquants sexuels quand Frédéric Mitterrand est encore ministre de la Culture ? " qualifiant la présence de ce dernier au gouvernement de "tache indélébile".
Mercredi, Benoit Hamon, porte-parole du PS, renchérissait : "Au moment où la France s'est engagée avec la Thaïlande pour lutter contre ce fléau qu'est le tourisme sexuel, voilà un ministre du gouvernement qui explique qu'il est lui-même consommateur", soutenu dans ses propos par de nombreux élus du PS.
Le livre de Frédéric Mitterrand, paru en 2005, avait pourtant été un ouvrage à succès, vendu à près de 190.000 exemplaires et ayant reçu le Prix Vaudeville 2005. Nicolas Sarkozy avait, début juillet, qualifié ce livre de "courageux et talentueux".
Tout avait démarré avec l'arrestation de Roman Polanski
Le cinéaste franco-polonais a été arrêté le 26 septembre, rattrapé par la justice américaine en Suisse, pour une affaire d'abus sexuel sur mineure remontant à plus de trente ans. Le ministre de la Culture avait alors jugé "absolument épouvantable" l'arrestation "pour une histoire ancienne qui n'a pas vraiment de sens", ajoutant :"On sait les conditions dans lesquelles c'est arrivé, et de la même manière qu'il y a une Amérique généreuse que nous aimons, il y aussi une certaine Amérique qui fait peur, et c'est cette Amérique là qui vient de nous présenter son visage".
Magali MASSA et Hervé HEYRAUD (www.lepetitjournal.com) réactualisé lundi 12 octobre 2009
En savoir plus:
Article du NouvelObs- Tourisme sexuel: Mitterrand reconnait des "erreurs"mais dénonce les "amalgames"


































