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FRANCOPHONIE - Ces écrivains argentins qui écrivent en français

A l'occasion d'une conférence qu'il donne, vendredi, à l'Alliance française de Palermo (voir détails en bas de l'article), Carlos Alvadaro, poète et professeur de français, nous parle de l'emploi de la langue française par les écrivains argentins

(Photo: Barbara Vignaux pour Le Petit Journal)
«Ce qui définit la littérature francophone, ce n'est pas la nationalité de l'écrivain ni son lieu de résidence, c'est la tension dans l'usage de la langue. La richesse d'une telle ?uvre, c'est qu'elle emploie la langue française, mais ne parle pas de la France». Cela vaut pour l'Afrique, le Maghreb ou? l'Argentine, explique Carlos Alvarado, poète, professeur de français à l'Alliance, qui termine actuellement, à distance, un doctorat sur le roman féminin africain et maghrébin à Paris-8.

Roman fondateur
Tension ? Prenons Laura Alcoba, auteur de "Manèges"(Seuil, 2007), traduit en espagnol sous le titre "La casa de los conejos"(Edhasa, 2008) : «Elle écrit en français, mais fait de la relation à l'histoire (argentine) le sujet central de son livre», souligne Carlos Alvarado. A l'occasion de ses premières recherches, il a recensé quarante écrivains argentins francophones depuis le roman fondateur, "Pablo ou la vie dans les Pampas", d'Eduarda Mansilla (Paris, Lachaud, 1869). Parmi eux (et elles), des poètes, des essayistes, des dramaturges, des romanciers? Dernier exemple en date, Santiago Amigorena, producteur, scénariste et réalisateur (et compagnon de Juliette Binoche), auteur, entre autres, de "1978"(P.O.L, 2009) et "Le premier amour"(P.O.L, 2004).

Prisonnière d'une langue
Entre ces deux horizons temporels, 1869 et 2009, on trouve Victoria Ocampo qui, dans "Le vert paradis"(Buenos Aires, Éditions Des Lettres Françaises, 1944), écrit : «Ce que j'écris en français n'est pas français quant à l'esprit. Et pourtant ? voilà le drame ? je sens que jamais les mots espagnols ne viendront spontanément à mon aide quand je serai émue, précisément quand j'en aurai besoin. Je resterai toujours prisonnière d'une autre langue, que je le veuille ou non, parce qu'elle est le lieu où mon âme s'est acclimatée».

Territoire à défricher
Il n'existe pas de maison d'édition, ni de prix littéraire, consacrés à cette littérature, regrette Carlos Alvarado : «Les écrivains francophones d'Argentine se considèrent comme des cas isolés or, en réalité, il existe une tradition qui remonte à Pablo ou la vie dans les Pampas». Autre difficulté pour qui veut les étudier, la rareté des ouvrages : «Les trois livres de Victoria Ocampo en français sont difficiles à trouver et de plus, très coûteux». Beaucoup d'ouvrages ne sont pas non plus disponibles à la Bibliothèque nationale : «C'est une littérature périphérique en France et en Argentine, un no man's land littéraire». Que, par ses recherches, Carlos Alvarado commence à défricher, en invitant d'autres amoureux de la langue française à se joindre à lui.  
 
Carlos Alvarado présentera une conférence sur les écrivains argentins d'expression française à l'Alliance française de Palermo, vendredi 20 mars à 20.00. Billinghurst 1926. Tél 4822-5084/85. 

Barbara Vignaux (www.lepetitjournal.com - Buenos Aires) mercredi 18 mars 2008