Édition internationale

F1 - La FIA bride les diffuseurs soufflés

 

À partir du Grand Prix de Silverstone (8-10 juillet), le diffuseur soufflé des F1 sera bridé à 10 % de sa capacité maximale, afin de favoriser un rééquilibrage des forces. La FIA justifie sa décision par le seul fait que le système des diffuseurs n'est pas conforme au règlement. Mais il n'est pas sûr que ce coup de frein stoppe la domination des Red Bull-Renault

Les nouvelles règles concernant le diffuseur soufflé feraient perdre entre 3 et 5 dixièmes de seconde au tour aux Red Bull, mais l'équipe autrichienne aurait travaillé en conséquence. (Photo AFP)

Survolant le championnat de Formule 1 2011 depuis le premier GP d'Australie, l'écurie Red Bull-Renault, avec six victoires de Sebastian Vettel, a écrasé jusqu'ici la concurrence dans la course au titre. Aussi, en s'appuyant - bien tardivement - sur le règlement qui stipule que les éléments mobiles aérodynamiques sont interdits, la Fédération Internationale de l'Automobile (FIA) tente à mi-saison de remettre du suspense sur la piste, en obligeant désormais les teams à brider leurs diffuseurs soufflés à 10 % de leur capacité maximale à 12 000 tr/mn et à 20 % à 18 000 tr/mn.
Précisions que déjà depuis le GP d'Europe disputé à Valence (24-26 juin), les écuries ne sont plus autorisées à utiliser une cartographie moteur différente pour les qualifications et la course. Auparavant, elles concoctaient une cartographie dite extrême pour les essais qualificatifs propres à obtenir la plus grande adhérence possible sur un tour en maximisant l'efficacité du soufflage des gaz d'échappement lors des freinages. Et une cartographie plus sage en course afin de limiter la consommation et le risque de casse. Mais cette première nouvelle donne n'a pas empêché Vettel de réaliser la pole position et de gagner sur le circuit espagnol?

L'appui du soufflage
Depuis belle lurette, les F1 sont équipées à l'arrière d'un diffuseur, une pièce en carbone destinée à accélérer l'écoulement de l'air sous la monoplace optimisant le comportement et par conséquent la vitesse de passage en courbe. Afin d'augmenter l'efficacité de ce principe, l'aérodynamicien Jean-Claude Migeot a eu l'idée de diriger les gaz d'échappement vers ce diffuseur. C'est ainsi qu'est né le diffuseur dit soufflé en 1983 sur les Renault RE40 d'Alain Prost et d'Eddie Cheever. Lequel ne fonctionne alors qu'en phase d'accélération quand les échappements soufflent. Ce n'est qu'en 2010 que Red Bull et Renault ont conçu une gestion moteur conservant ouverts les papillons de gaz en phase de freinage, permettant aux échappements de souffler en continu sur le diffuseur et ainsi d'obtenir en permanence le juste appui assurant une tenue de route optimale en toutes circonstances.
Cette année, toutes les F1, à l'exception de celles motorisées par Cosworth, bénéficient de ce système. Lequel est maintenant bridé, la FIA ayant donc indiqué que l'ouverture des papillons de gaz, au freinage, ne peut plus dépasser 10 % de sa capacité maximale à 12 000 tr/mn, considérant que les dits papillons sont des pièces mobiles jouant un rôle aérodynamique, ce qui est interdit par le règlement. Cette perte d'appui au freinage va-t-elle redistribuer les cartes à Silverstone ? Rien n'est moins sûr. Et chez Red Bull Racing, on reste plutôt optimiste, en estimant à environ une demi-seconde la perte de performance sur un tour, laquelle serait compensée par le travail effectué sur le set-up et l'aéro. De plus, le directeur de l'équipe autrichienne, Christian Horner, tient à préciser que Red Bull n'utilisait que de l'air froid alors que d'autres écuries, selon lui, se servaient d'air chaud, ce qui leur donnait un plus grand avantage. Info ou intox ? Difficile de séparer le vrai du faux, surtout lorsque Martin Whitemarsh (McLaren) pense l'inverse d'Horner, indiquant que ce sont les équipes motorisées par Renault, Red Bull Racing et Lotus Renault GP en particulier, qui devraient souffrir le plus de ce fameux bridage à l'inverse des F1 dotées d'un moteur Mercedes. Wait and see !

Un V6 en 2014
Si ce diffuseur soufflé disparaîtra complètement en 2012, ce n'est qu'en 2014 qu'apparaîtra une nouvelle motorisation pour la F1, en remplacement de l'actuel V8 atmosphérique. En effet, le 29 juin dernier, le Conseil Mondial du Sport Automobile a ratifié le règlement moteur récemment élaboré en consultation avec les principaux acteurs de la F1. Et c'est donc un V6 de 1 600 cm3 turbocompressé équipé de systèmes de récupération d'énergie qui a été retenu. Et avec un turbo et des récupérateurs d'énergie, des vents contraires vont forcément souffler sur le futur règlement !

Hervé BOUCHOT (www.lepetitjournal.com)

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