

Le musée du Louvre offre un regard croisé sur le travail des trois frères ennemis, qui ont porté la peinture vénitienne à son apogée jusqu'à la fin du 16e siècle. Rassemblés pour la première fois, plus de 80 tableaux montrent l'extraordinaire vivacité d'une cité dédiée à l'art
"Quand la nature crée un homme éminent en un domaine, elle ne le crée généralement pas seul, mais lui suscite en même temps un rival afin qu'ils puissent profiter mutuellement de leurs talents et de leur émulation". A en croire le biographe italien Vasari cité en introduction de l'exposition, la nature a bien fait les choses. Pendant plus d'un demi siècle, ce n'est pas un mais trois artistes de génie qui ont dominé la peinture vénitienne, l'élevant à son apogée.
Avec 86 toiles réparties en cinq espaces, qui explorent aussi bien les scènes de nuit que les miniatures, le musée du Louvre se penche sur cette époque décisive pour la ville la plus riche de la Renaissance.
A partir de 1540, Titien, ancien élève de Giorgione, voit sa suprématie menacée par le succès grandissant de Tintoret et de Véronèse. Les deux jeunes artistes le prennent pour modèle, mais s'efforcent de le dépasser, explorant des styles de plus en plus personnels.
Tour à tour alliés ou rivaux, les peintres se disputent les commandes officielles pour la décoration des chapelles, des galeries des palais, et des plafonds des édifices civiques ou religieux.
Saint-Marc, le Palais des Doges, la Scuola Grande di San Rocco, autant de joyaux architecturaux qui deviennent leurs terrains de jeu. Car sur la lagune vénitienne, prise dans le mouvement de la Contre-Réforme, l'art est foisonnant. Le mécénat rend possible une création incroyablement riche et les maîtres de la ville -papes, rois et nobles- s'arrachent les travaux des trois peintres au sommet de leur gloire.
Une émulation réciproque
La galerie de portraits des patriciens vénitiens montre la maîtrise inégalée de Titien sur ce genre prisé des nobles. En restaurant avec soin l'expressivité des modèles, il raconte la vie des personnages, leur position sociale et leur force morale.
Mais ses concurrents ne s'avouent pas vaincus. Tintoret répond par des autoportraits, affinant un art tourmenté, influencé par Michel-Ange et le maniérisme de l'Italie centrale. Véronèse se distingue lui dans la fusion du sacré et du profane, comme dans le fastueux tableau des « Pèlerins d'Emmaüs », mélange de repas biblique et de scène quotidienne où les commanditaires de la toile sont représentés atour du Christ. Sans jamais tout à fait égaler Titien, sans parvenir à dépasser le maître, Tintoret et Véronèse auront contribué eux aussi à faire de Venise un chef-d'?uvre.
Alexia Eychenne (www.lepetitjournal.com) mercredi 7 octobre 2009
Titien, Tintoret, Véronèse... Rivalités à Venise
Jusqu'au 4 janvier 2010
Musée du Louvre, métro Louvre-Rivoli
Ouvert tous les jours sauf le mardi, de 9h à 18h, jusqu'à 20h les samedi et jusqu'à 22h les mercredi et vendredi
Entrée: 11 euros
www.louvre.fr




































