Édition internationale

EXPO- Les primitifs toscans à Paris

Le musée Jacquemart-André accueille, à Paris, du 11 mars au 21 juin 2009, une quarantaine de peintures provenant du musée Lindenau d'Altenbourg, près de Dresde. Son fondateur, le baron Bernhard August von Lindenau (1779-1854) y avait réuni un ensemble exceptionnel de primitifs italiens, de Sienne à Florence, en passant par Pise et Lucques

Les peintres primitifs
Cette définition est une façon amusante de désigner les peintres italiens du XIIIème au XIVème siècle. Evidemment, il n'y pas grand chose de primitif chez Giotto, sinon qu'il est le "premier"à avoir inventé un nouveau langage pictural qui gagnera l'Europe. A cette époque, l'art byzantin s'imposait en Italie: les artistes en avaient une connaissance directe, grâce à la présence de mosaïques et à la circulation des icônes. Les panneaux peints par Guido da Siena vers 1270 témoignent de ce modèle hiératique incarné par la "maniera graeca". Ils sont l'ultime étape avant l'avènement pictural de la "maniera latina", lancé par Cimabue (v.1240 - v.1302) et consacré par la génération suivante, celle de Giotto et de Duccio.

Un age d'or
On reste fasciné chez Giotto par le rôle des ombres et des lumières, la profondeur humaine donnée aux sujets sacrés. Dans les églises italiennes du XIIIème siècle, ls représentations de Saints se substituent à leur reliques. L'apparition des nouveaux ordres mendiants, le développement de nouvelles classes sociales, la valorisation de l'action humaine, tous ces éléments ont considérablement modifié les attentes religieuses. S'émancipant du contrôle absolu exercé jusque là par l'Eglise, le croyant "ordinaire"cherche un dialogue privé avec la figure sainte. Le but de ces images est exactement celui de porter l'esprit à la dévotion. "En vérité les hommes qui ont le c?ur dur et dont la vie n'est que peine et fatigue ont besoin de ces histoires pieuses": ainsi s'exprimait un riche marchand toscan au seuil du Quattrocento. Il aurait pu dire la même chose six siècles plus tard....    

La collection Lindanau
En 1809, la suppression par Bonaparte des couvents dans les départements italiens rattachés à l'Empire (Ligurie, Toscane, Parme et Plaisance) entraîna un afflux d'?uvres sur le marché. Nombre de diplomates français en poste à Rome pendant l'Empire figurent parmi les premiers grands collectionneurs de primitifs, comme le cardinal Fesch. A la mort du prélat, en 1839, ses héritiers ne dénombrèrent pas moins de seize mille tableaux ! La confiscation des biens du marquis Campana, figure pittoresque à la culture encyclopédique, devait faire le bonheur de Napoléon III, qui acquit plus de six cent primitifs italiens. Présenté à Paris en 1861, au Palais de l'Industrie, cet ensemble d'une richesse inouïe fut malheureusement dispersé, suite à des rivalités entre musées. La collection que la baron Bernhard August Lindanau a réunie suivant son goût pour les écoles jugées majeures, c'est à dire celles de Florence à Sienne et leurs satellites, Pise et Lucques, est exceptionnelle. L'occasion offerte par l'exposition est unique: elle permet de pénétrer un peu plus dans le secret des merveilles de Toscane. Jusqu'au 21 juin, à Paris !    
 
Emmanuele Caracciolo (www.lepetitjournal.com, Toscane - Rome) vendredi 17 avril 2009
Ci dessus, l'affiche de l'exposition. Info: www.musee-jacquemart-andre.com
L'exposition est produite et organisée par Culturespaces

Commentaires

Votre email ne sera jamais publié sur le site.