Journée des aidants : des mesures dérisoires pour soutenir 11 millions de Français ?

Créée en 2010 à l’initiative du ministère des affaires sociales et de la santé, la journée nationale des aidants a lieu chaque 6 octobre et pour cette 14e édition, la colère des organisations  et collectifs consacrés à l’aide sonnent l’alarme. Sous le thème « Pas sans les 11 millions d’aidant.es ! », cette journée nationale des aidants a pour objectif d’informer sur leurs droits et leurs aides existantes. Les événements organisés partout en France sont aussi le moyen d’échanger sur les difficultés et les questionnements, et de partager des solutions. Et surtout de mettre en lumière un secteur en grand danger.

Journée des aidants 2023 : AFM-Téléthon et APF France handicap appellent à l’aide !

Qu’est-ce qu’un aidant ?

Le terme d'aidant englobe, dans sa définition la plus large, toute personne qui vient en aide à une autre personne touchée par une perte d’autonomie, un handicap ou porteuse d'une maladie chronique ou invalidante. Les proches aidants peuvent s’appuyer sur des professionnels du service à la personne et sur des professionnels de santé, et tous doivent intervenir de façon globale et coordonnée. Car cette personne de soutien n’est pas obligatoirement professionnelle dans cette activité. Aujourd'hui, il y a un aidant sur deux qui n’a pas connaissance de son statut.

Aussi, être aidant c’est parfois s’oublier soi-même au profit de temps apporté à la personne dans le besoin. Un sacrifice qui cause des situations d’isolement, où la charge mentale est importante. Encore plus lorsque l’aidant est un mineur et qu’il compose entre des responsabilités d’enfant et de futur adulte.

Pour un aidant actif sur le marché de l’emploi, d’autres problèmes s’ajoutent. En particulier travailler avec la pression d’une hiérarchie qui ne pense pas la personne capable d’être efficace aussi bien au travail que dans ses tâches d’aidant. Pour les aidants, le sentiment de culpabilité est alors très souvent présent.

Pour plus d’informations, les aides financières d’un proche aidant familial sont à retrouver ici.

“6.000 places supplémentaires en accueil de jour”

La France compte neuf à onze millions de personnes aidantes selon le ministère des Solidarités et des Familles. Interrogée dans la matinale d’Europe 1, Aurore Bergé s’est saisie du problème : “Nous allons créer 6.000 supplémentaires de répit, en accueil de jour, le temps d'un week-end ou d'une semaine.” Ce qui permettrait ainsi “d'atteindre 40.000 places de répit d'ici à 2027 pour les personnes âgées, les personnes handicapées, quel que soit leur âge." a-t-elle ajouté.

Chaque année, plus de 400.000 familles sont concernées par un parent âgé, un enfant en situation de handicap ou un conjoint dans le besoin. Si bien que la barre des 11 millions d’aidants en France va être atteinte avec, parmi eux, plus de 500.000 jeunes de moins de 18 ans.

Jours de répit, congés, responsabilisation des entreprises : @auroreberge détaille les annonces du plan aidants dans #LaGrandeITW sur #Europe1 pic.twitter.com/JLDLoWjRRE

— Europe 1 (@Europe1) October 6, 2023

Par rapport à l’ampleur de la situation, les réponses apportées par Aurore Bergé ont été rapidement jugées comme “dérisoires”. Morgane Hiron, déléguée générale du collectif Je t’aide est montée au créneau sur france.info ce vendredi matin. Il faut “simplifier les démarches administratives” pour les aidants et avoir un “nombre suffisant” de professionnels pour remplir les dossiers, a-t-elle indiquée.

Comment aider un proche à distance ?

La mobilité géographique, de plus en plus présente dans la vie des Français, crée généralement de la distance entre le domicile de l’aidant et celui de la personne dans le besoin. Mais des solutions et conseils existent pour assister un proche en perte d’autonomie :

• Définir le rôle de l’entourage : au lieu d’avoir un aidant dédié pour une seule personne, cette responsabilité peut se partager. En famille, par exemple, la répartition peut s’organiser en évitant toute situation de conflit et en apportant une aide adaptée à chaque situation problématique.
• Évaluer les besoins de la personne : avant de partir, il est important de laisser tous les documents nécessaires à la prise en charge, et de prévoir une disponibilité (ou celle d’un autre proche) pour faciliter la mise en place des services, sur place.
• La technologie et la téléassistance : de très nombreux outils numériques existent pour remplacer le contact humain à distance. Il ne faut pas hésiter à s’entretenir par téléphone ou vidéo régulièrement et se tenir informé quotidiennement de la situation de l’être aidé.
• Le congé proche aidant (seulement pour les personnes résidants en France) : une personne active peut bénéficier d’un congé non rémunéré et d’une durée maximale de trois mois, renouvelable. Le proche aidant peut prévenir son employeur 15 jours avant le congé. Pour un aidant vivant à l'étranger, il est possible de trouver un proche en France qui puisse disposer de ce congé.