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Comment inclure ses enfants dans un projet d’expatriation ?

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Écrit par Justine Hugues
Publié le 5 août 2019, mis à jour le 6 août 2019

Le grand bond de l’expatriation est d’autant plus déstabilisant chez les enfants qu’ils ne l’ont pas choisi. Comment ne pas faire subir un départ à l’étranger à ses chérubins ? Des psychologues témoignaient lors du colloque "Enfance et expatriation" organisé au sénat par Mme Claudine Lepage. 

« Enfant, j’ai eu plusieurs déménagements, que j’ai vécus avec douleur. Je me rappelle qu’à huit ans, alors que j’avais déjà déménagé six fois, nous sommes arrivés dans un nouvel endroit. Je ne savais pas même qu’on s’y installait définitivement, je croyais qu’on partait en vacances », se souvient Florence Lacour Bourgoin. Pour la psychanalyste, habituée de l’expatriation dès son plus jeune âge, l’enfant peut vivre un départ à l’étranger comme une souffrance, un déchirement.

Quitter son cocon, sa famille et ses copains, débarquer dans un environnement où tout est inconnu n’a en effet, rien d’une expérience anodine pour les enfants. De la naissance du projet au retour en Hexagone, de nombreuses difficultés vont se poser. Heureusement, des parents ayant eux-mêmes fait l’expérience d’une mobilité internationale en famille nous fournissent des ressources précieuses : sites internet, ouvrages, podcasts et même des MOOC, ces nouvelles formations en ligne.

 

Une expatriation « subie » différemment selon l’âge

« Chez les enfants, quitter un environnement connu et sécurisant s’accompagne de beaucoup d’émotions : tristesse, inquiétude, peur, analyse Catherine Martel, psychologue et fondatrice de la plateforme Expats Parents. Pour les touts petits, dont la seule préoccupation est la présence du noyau parental, changer d’environnement pose en général peu de problèmes. En revanche, chez les ados, qui sont en train de se construire une identité vis à vis de leurs pairs, c’est l’inverse. Partir avec les parents leur fait perdre en autonomie et cela peut être très mal vécu », détaille-t-elle.


« Souvent, lorsque le projet d’expatriation se précise et même à l’arrivée, les parents sont tellement occupés par les formalités administratives et les démarches professionnelles que les enfants sont mis de côté » observe Florence Lacour Bourgoin. Or, impliquer très tôt les enfants dans l’aventure permet, dans bien des cas, d’éviter des crises.
 

 

Faire de l’enfant un acteur du projet d’expatriation

« Aider l’enfant à préparer ses cartons, regarder à plusieurs reprises sur une carte où est son nouveau pays, raconter comment sont les gens » sont, pour Florence Lacour Bourgoin, autant de gestes qui paraissent évidents mais permettent à l’enfant d’être acteur d’un départ à l’étranger. Le choix de l’école doit également se faire en concertation avec les enfants, dans la mesure du possible. « Il faut un atterrissage en douceur au sein de l’école pour qu’une expatriation soit réussie », conseille Sabine Cros, responsable du pôle éducation chez Expat Communication. Tout comme leurs parents, les enfants vont se réinventer à l’étranger. « Ils se créent une culture tierce qui leur est propre, qui n’est pas complètement celle du pays d’origine ni celle du pays d’adoption, explique Catherine Martel. C’est drôle de voir que dans les cours de récréation, ils se reconnaissent. En France, ceux qui ont déjà vécu dans un autre pays iront souvent bien plus volontiers vers les étrangers ».

Pour la psychologue, le retour ne doit pas être négligé, d’autant plus qu’en fonction de la durée d’expatriation, l’enfant devra réapprendre tous les codes : « Parfois, rentrer en France n’a, chez les enfants, rien d’un retour. C’est une arrivée s’ils ont quitté le pays étant petits. A 12 ans, un enfant peut avoir pris plein de fois l’avion tout seul mais sera perdu dans le métro ».

 

Prendre conscience de ses propres fragilités

« Le rôle des parents est de protéger et transmettre. En expatriation, ils peuvent être fragilisés dans ces deux missions essentielles de parentalité », explique Alix Carnot, co-directrice d’Expat Communication.

Prendre conscience de ses fragilités et savoir les affronter est un premier pas vers le bien être de ses enfants. « L’expatriation, c’est comme une randonnée. Il faut se dire que c’est génial, qu’on en sera très content mais que c’est épuisant et difficile », conclut Alix Carnot dans un sourire.

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